L'Homme qui rit commence plein de promesses, la bande-son est plutôt soignée.
Mais dès l'ouverture, la neige fait très vite perdre en crédibilité, une pluie de polystyrène s'est abattue sur le plateau. Visuellement, ça ne marche pas.
Passé ce détail, l'histoire se met assez vite en place et je reconnais que pour moi, ça fonctionne plutôt bien et je suis dedans.
Le spectacle de cette famille atypique est magnifique, appuyé par une musique au top, le drama explose. Je reconnais également la mise en avant des "foires aux monstres" qui amusaient les visiteurs, à travers le personnage de Gwynplaine, c'est tout un message de tolérance qui est crié, la cruauté humaine transparait. "C'est la peur qui rend les Hommes méchant, la peur de ce qui est différent".
Bref, globalement, tout est réunit pour que ça soit au moins divertissant.
Puis arrive l'histoire de l'héritage et d'un rang jusqu'alors ignoré. La porte s'ouvre sur un autre monde.
Mais ce monde s’avère être une catastrophe, c'est mal réalisé, tout se mélange, plus rien ne tient la route, l'iceberg est heurté, le film sombre.
Premièrement, on croit difficilement à cette histoire tout droit sorti d'un soap pour adolescent et tout ce qui suit est inutile, on frôle le grotesque.
En réfléchissant, une question me vient à l'esprit : la médiocrité croissante du film vient-elle d'une volonté scénaristique de faire transparaitre le grotesque de l'époque ? Peut-être. Finalement, est-ce raté ou réussit ? Je me le demande.
D'un autre côté, la scène à l'assemblée sonne juste et j'ai apprécié le parti pris, tout comme l'attitude de Gwynplaine. Mais vraiment, je le redis, dans cette seconde partie, à part cet unique passage, tout est à jeter, absolument tout. On s'ennuie ferme.
Le coup de grâce est porté dans les dernière minutes, le drame absolu, l'amour devenu impossible, les amants déchirés à la Roméo et Juliette qui ne peuvent s'aimer que dans la mort. Que c'est romanesque ! Ouais mais voilà, ça ne fonctionne pas. Dans le cas de Roméo et Juliette, des obstacles insurmontables poussaient les amants à se donner la mort. Ici, c'est l'égoïsme et le narcissisme grandissant de Gwynplaine qui rend cet amour impossible, et surtout, en tant que spectateur, nous n'avons pas suffisamment le temps d’apprécier cette relation pour la pleurer.
Ensuite arrive Madame Bovary 2.0 et l'autre con se jette à l'eau pour la rejoindre dans l'au-delà.
Je comprends Ursus, lui aussi semble largué, à quoi ça aura servit ? A rien. à rien du tout. On veut nous faire pleurer juste pour nous faire pleurer, sans argument, sans raison.
Je n'ai pas pleuré et j'ai soupiré. Quelle déception, quel gâchis.
L’œuvre de Victor Hugo et le message qu'il souhaitait transmettre sont détournés pour ne laisser qu'une coquille vide de sens.
Enfin, j'ajouterai pour conclure que l'on ne devient pas Tim Burton en un claquement de doigt.
Sans regret, je vais essayer de l'oublier.