Présentée comme la nouvelle référence du film pour adolescent en manque de culture cinématographique, la saga Very Bad Trip succède à Scary Movie et 300 pour combler nos jeunes amateurs de pop-corn, avec des gags qui sont au choix réchauffés ou outranciers, parfois réchauffés et outranciers. Après un Very Bad Trip 2 qui flirtait avec le néant le plus total, Todd Phillips arrive-t-il à se renouveler avec Very Bad Trip 3 ? La réponse dans quelques lignes.
On peut constater une once de renouvellement dans la manière de poser l’histoire. Dans les deux premiers films, nos joyeux lurons que sont Stu, Alan et Phil ne se souviennent plus de rien après une soirée bien arrosée. S’ensuivait alors une reconstruction rébarbative des événements. Ici, pas de soirée où l’on oublie tout, juste un scénario abject qui tente de placer définitivement au sein de l’intrigue un des personnages les plus horribles de l’histoire du cinéma…. Des péripéties plus insignifiantes les unes que les autres s’enchaînent sans notion de dosage et sans intérêt pour le spectateur, torturé par des scènes d’une longueur abominable et un traitement plat. Le film affiche également un gros défaut de rythme en accordant à peu près la même durée à chaque scène, ce qui donne un sentiment de monotonie des plus déplaisants. L’absence de hiérarchisation et de classification d’importance des scènes ajoutée à une ambiance quasi-inexistante forment un cocktail qui fait croire au spectateur qu’il a vu un film de trois heures, alors qu’il dure une heure et demi.
Les trois personnages principaux sont aussi antipathiques qu’à l’accoutumée et ne provoquent pas même l’ombre d’un quelconque attachement de la part du spectateur. Autant dire qu’il est impossible de rester dans le film. Le petit renouvellement se retrouve dans les deux nouveaux personnages principaux incarnés par James Goodman et Melissa McCarthy, qui ne servent pas à grand-chose et sont tout aussi attachants que les autres personnages. Outre cela, Very Bad Trip 3 continue dans la voie de l’humour outrancier…ai-je vraiment besoin de préciser que ça n’est pas drôle…je ne pense pas. L’humour est le même que dans les films précédents…ça…alors. Tout sent le réchauffé, Alan endosse le rôle de la boîte à gags (pas drôle évidemment). Il est le seul dont les sentiments et la psychologie sont un minimum développés, sauf que ce n’est pas utile au film et encore moins au spectateur…pauvre spectateur. Tout ce recyclage d’idées des films précédents traduit une panne totale d’inspiration, qui se remarque encore plus lorsqu’on nous ressort le même gag, deux fois de suite, qu’on voit venir, et qui n’est pas drôle. Et c’est après une blague lourdingue qu’Alan dit : « On n’a pas tous le même humour ». Étant donné qu’Alan est depuis le début le moyen d’expression du réalisateur, cette réplique reflète le calibrage énorme du film, le refus de se renouveler ou d’évoluer, comme une preuve de la fainéantise du réalisateur…ça…alors.
Very Bad Trip 3 est donc l’épisode de trop, Very Bad Trip 2 l’était aussi, mais cela se sent encore plus dans ce film, où tout s’avère extrêmement poussif. En dehors de son humour nauséabond, le film veut créer une identité à la saga en faisant retourner nos trois héros à Las Vegas. Ledit passage à Vegas, symbolisant un retour aux sources, représente une demi-heure du film. Ce film a fait toute sa promo sur le retour à Las Vegas et le réalisateur y consacre un tiers du film ! Sans parler du fait que c’est la partie la moins intéressante du film. D’ailleurs l’œuvre est tellement faible qu’il est ardu de trouver quelle est la partie la plus intéressante…ou la moins ennuyante…en ce qui me concerne c’est le générique de fin. La réalisation de Todd Phillips demeure bas de gamme, sans surprise, monotone, et laissant transparaître une mise en scène tout autant inspirée. Elle ne fait rien ressentir et reste à l’image du film : vide.
Vient alors une question troublante : Qu’est-ce qui peut attirer la jeunesse à apprécier un niveau de décadence sans précédent ? Car le succès mondial de la saga ne pourra qu’encourager d’autres personnes à livrer d’horribles créations qui amèneront à une perversion du cinéma.
A la fin, on est affligé par une telle débauche d’inconsistance, et devant la perte de quelques-uns de nos neurones, on se dit qu’on a indubitablement détruit une heure et demie de sa vie. On reste forcément sans voix devant ce néant cinématographique qui n’aurait rien à envier à Transformers 3.