Après un second opus jugé plus que décevant par bon nombre en terme de qualité – en gros, un simple remake export Thaïlande du premier épisode – la saga « Very Bad Trip » se devait de redresser considérablement la barre en innovant un minimum pour la troisième mouture, sobrement intitulée « Very Bad Trip3 », et ainsi clore la trilogie en beauté. Et ce n'est hélas pas la bande-annonce plutôt mauvaise, lancée sur la toile il y a quelques mois, qui semble donner raison à Todd Phillips et son gang.
Synopsis Allociné : Suite au décès du père d'Alan, la bande décide de le forcer à soigner ses problèmes mentaux. Mais comme d'habitude, rien ne se passe comme prévu. Une fois arrivés à l'hôpital, les hommes se font attaquer et Doug est kidnappé. La rançon ? Retrouver Mr. Chow en échange de la vie de Doug...
Victime de son propre succès, la saga « Very Bad Trip » a déçu ses nombreux fans lors du second round qui était, avouons-le, un cruel plagiat du premier tome.
La rupture totale de ton avec les épisodes antérieurs – abandon du concept de la gueule de bois (Hangover du titre en version originale) de « Very Bad Trip 3 » était donc nécessaire mais à la fois extrêmement dangereuse. Et oui, rappelez-vous les suites de concept movies : on refait, ça sent le réchauffé, on s'éloigne de la notion de départ, ça n'a plus d'intérêt !
Dans « Very Bad Trip 3 », le scénario est principalement centré sur Alan (Zach Galifaniakis), dont l'internement en hôpital psychiatrique au Mexique va entraîner une cascade d'événements tous plus déjantés les uns que les autres. Première erreur : Alan est le personnage le plus insupportable du groupe au point de friser l'hystérie et la débilité. Todd Phillips & son compère Craig Mazin, certainement en mode paresseux, alignent les vannes sans audace – le chant Ave Maria aux funérailles du père, les couinements incessants d'Alan tout au long du film – et manquent d'inventivité. Même la scène la plus drôle – celle de la girafe tractée par Zach Galifianakis – est expédiée, comme si les deux bonhommes, conscients de la galère dans laquelle ils se sont fourrés, l'avaient rajoutée en post-prod', un peu à l'arrache.
Suite des festivités : Alan rencontre la mort. Alan rencontre l'amour. Pour mieux s'épanouir in finale et sortir intellectuellement grandi de l'expérience. Sauf que nous ne sommes pas dupes et cette évolution mielleuse est absolument irrecevable et pas drôle (mega flop du duo avec Melissa McCarthy, échanges calamiteux avec bébé Carlos).
En fait, le plus gros défaut de ce « Very Bad Trip 3 » est sa mauvaise uniformisation : chacun y met de sa personne, donnant une impression désagréable de plusieurs One-Man show au détriment d'un « Wolfpack » soudé à l'unisson. Bradley Cooper est inexistant, Ed Helms beaucoup trop sage, Justin Bartha fait office de caméo …
Le seul qui tire réellement son épingle du jeu est Ken Jeong, emblématique vilain Chow, trafiquant de drogue et hilarant psychopathe. « Very Bad Trip 3 » connaît ses moments de grâce essentiellement grâce à lui : un véritable Chow Show (« I believe i can fly, i believe i can touch the sky », le karaoké Johnny Cash, le cambriolage dans la maison en mode chien, ses « You, Fuuuckers »).
Pour espérer maintenir son audience et pimenter l'ensemble, Todd Phillips a également rappelé quelques visages familiers, sans trop y croire : Mike Epps (le Doug noir), Heather Graham (l'escort-girl) et son fils (le bébé Carlos) et accueille parallèlement un nouveau venu : John Goodman, bien perdu dans cette supercherie.
De même, la Meute marche sur les traces des lieux les plus emblématiques de la saga, en forme de retour aux sources : Las Vegas par exemple, mais là encore, la séquence ne fonctionne pas.
Une scène post-générique en forme d'hommage sauve un peu le film du naufrage et occasionne les seuls réels rictus des 1h45 auxquelles on vient d'assister.
Bilan : Le Wolfpack est de retour. Pour le meilleur & pour le rire. Surtout pour le pire en fait. Situations maladroites, escapade pas très crédible, gags qui font plouf … sortie de route désastreuse pour la franchise « Very Bad Trip », avec ce troisième volet largement dispensable.