En 1997, Jean-Paul Lilienfeld, acteur, réalisateur et scénariste français, mettait en scène la comédie générationnelle très Klapischienne « Quatre garçons pleins d'avenir », devenue culte à force de rediffusions et de bouche-à-oreille enthousiaste. Quatre ans plus tard, v'là que le bonhomme récidivait avec la poilante et mésestimée comédie noire « HS Hors Service », passée injustement inaperçue lors de sa sortie. Puis, vint le percutant « La Journée de la jupe » en 2008, succès critique et public, où Lilienfeld prit tout le monde à contre courant en livrant un film poignant, initialement destiné à la télé, traitant de la violence dans les établissements scolaires de banlieue et qui offrit un César du cinéma de la meilleure actrice à son interprète principale en la personne d'Isabelle Adjani.
Aujourd'hui, Jean-Paul Lilienfeld propose dans les salles le thriller « Arrêtez-moi », inspiré de la pièce de Jean Teulé, auteur récemment adapté au cinéma par Patrice Leconte via l'album « Le magasin des suicides ».
À travers son cinéma réaliste, Jean-Paul Lilienfeld explore cette fois les facettes de la maltraitance intra-conjugale et de ses conséquences dramatiques, tant physiques que psychologiques, sur les femmes battues. Seulement voilà, malgré un thème fort et une formule qui avait su porter ses fruits quelques années plus tôt sur « La Journée de la jupe » – une actrice au diapason de son art (Sophie Marceau succédant ici à Adjani) dans un huit clos engagé – « Arrêtez-moi » n'émeut que très rarement.
L'investissement est présent, les actrices principales, incarnées par Mme Christophe Lambert et Miou-Miou, s'en donnent à cœur joie, mais pourtant, l'efficacité du face à face promis est absente et la confrontation tourne rapidement à vide. Malgré son pitch de départ intriguant propice à une dualité des sexes terrifiante, « Arrêtez-moi » n'offre finalement qu'un point de vue sociologique tiédasse, purement archaïque, réduisant la barbarie masculine à de la simple vulgarité caricaturale et l'état de stress post-traumatique à la dénégation. Avons-nous perdu en chemin la cinglante (mais raffinée) réflexion sur l'opposition de l'intimité d'un couple ? Probablement …
Quant au huit clos, fraîchement justifié dans « La Journée de la jupe » afin d'obtenir cette atmosphère étouffante recherchée, il n'est ici que prétexte à créer une tension psychologique marquée et attendue, mais jamais atteinte.
La mise en scène de Lilienfeld, fadasse au possible, hormis quelques scènes bien senties en vue à la première personne pour empathiser le spectateur, témoigne de cet algorythme ridicule. Lent et chiant on vous dit !
De leur côté, les stars déchues – notre Sophie Marceau nationale et la belle Miou-Miou qui a bien vieilli si l'on en croit ses rides – hystérisent diaboliquement l'ensemble et torpillent le film d'une aura de maladresse grotesque.
Bilan : Sanctuaire de vide & de désespoir dans le sixième long métrage de Jean-Paul Lilienfeld, pourtant encore auréolé du succès de sa « Journée de la jupe ». Pardon Mr Lilienfeld, toute vérité n'est pas bonne à entendre mais soyons loyaux ! Nous vous resterons fidèles quand même !