J'ai hésité entre bien et trèèès bien. Je suis sorties bouleversée, puis, après coup, une autre sensation m'a envahie. D'abord les acteurs sont tous excellents avec mention à Pascal Elbé, tout en retenu et force (si le père de Ilan Halimi a vraiment été aussi fort, chapeau Monsieur! Quel courage), les flics (Gamblin, Caravaca, Testud etc.), l'acteur qui joue Ilan (la scène finale est juste à la limite du supportable) et bien sur, Fofana (cela n'a pas du être simple. Bravo). Bémol aux soeurs qui surjouent les excitées et (c'est plus gênant) Zabou. Je ne sais pas pourquoi j'ai moins adhéré à son interprétation, parfois trop théâtrale (voir la scène de découverte de l'enlèvement). Mais à la limite, c'est secondaire au final tant c'est l'histoire dont il faut avant tout parler. Arcady n'est pas réputé pour faire dans le simple et la retenue justement. Or, c'est un sujet qui en demande. Je suis rentrée dans l'histoire très rapidement car c'est très bien fait, c'est fort, ce n'est pas voyeuriste (merci!), cela semble bien reconstitué (mais j'émets aussi des doutes car cela reste l'adaptation du livre de la maman donc un point de vue - et sans aucunement le remettre en question. Il s'agit d'une vérité des faits et pas plusieurs). Mais, Arcady reste Arcady et il ne fait donc pas toujours dans la finesse non plus, d'où mon "bien" et pas au-dessus. Je me suis sentie malgré tout "utilisée" et automatiquement captée par l'émotion car le réal sait s'y prendre. Bien sur, cela ne me semble pas sciemment donc je ne rejette pas le film pour autant. Car il a le mérite de dire des choses odieuses, qui ne devraient même pas exister. Il questionne sur la barbarie actuelle, la connerie, la pauvreté, la perte de repères moraux, sociétaux, de valeurs aussi (qui amène des pauvres m... des cités à commettre ce crime d'enlèvement/séquestration et torture). C'est à mes yeux bien plus qu'un film qui veut dénoncer l'antisémitisme, c'est un film sur des parents qui ont perdu leur fils de la pire des manière, sur l'âme humaine en perdition, la folie d'un homme (et de ses sbires), la souffrance et le courage, l'incapacité des forces de police, le destin qq part (quand on voit qu'à plusieurs reprises, tout ceci aurait pu s'arrêter). Bien sur que Ilan est mort du racisme et de l'antisémitisme, mais il est mort aussi de tout ce que je viens de citer. Je crains, par le traitement du film et ses excès narratifs, qu'on ne le transforme en film communautaire martyre (il faut voir comment ça hurlait dans la salle, où de nombreuses personnes étaient d'origine juive - propos haineux tout autant que ceux de Fofana ! J'en étais mal à l'aise...pour eux, pour nous, pour les victimes et pourtant c'est clair qu'il amène au dégout le plus total ce monstre). Attention donc à la surenchère, à l'effet de démonstration et à l'utilisation d'un tel sujet. C'est un film nécessaire, à faire mais à nuancer parfois et à surtout débattre. Qu'il sert de rassemblement et pas de séparation entre les communautés justement, les religions, les cultures. Je suis curieuse du parcours de ce film, des avis et de ce qu'il peut engendrer. Je recommande vivement mais avec réflexion, passée l'émotion naturelle ressentie.