Il était une fois un génie. Un génie trop tôt disparu. Un génie qui ne laissera derrière lui que 6 films magistraux, dont fait parti ce "Il était une fois en Amérique". Leone abandonne le western ( qu'il souhaitait déjà quitter avec "Il était une fois dans l'Ouest" ) pour se consacrer à cet autre territoire sauvage et inexploré de l’Amérique : la prohibition. Et il s'y prend bien le bougre, il s'y prend telement bien qu'il en deviens, en plus d’être déjà un pilier du western italien, un monument incontournable du cinéma. Tout d'abord, Sergio Leone s'est toujours montré extrêmement minutieux dans la conception de ses scénarios. "Il était une fois en Amérique" n'échappe pas à la règle. Très aboutit, il met en scène différentes époques de l’Amérique, les années 1920, 1930 et 1960. Certes c'est long, mais c’est si limpide, si vertueusement assemblé, que le film s'écoule sans que l'on s'en aperçoive. L'importance que Leone consacre à ses personnages se ressent également. Il consacre une bonne partie du film à les présenter, à travers un décor de New York en construction et plus en général, d'une Amérique en construction. Si les années 1930 montrent l'age d'or de la bande, les années 1920 montrent sa fondation, à travers la présentation des personnages et le décor donc, mais aussi à travers la ruse dont font preuve les jeunes garçons ( ruse qui s'illustrera lorsqu’ils seront adultes ). Cette partie du film est de loin ma préférée, car la mise en scène et surtout les costumes sont si magnifiques que les images à elles seuls offrent un spectacle des plus sublimes, outre l'aspect passionnant de l'époque que Leone n'oublie pas non plus de valoriser grâce à sa réalisation toujours aussi parfaite. C'est simple, et cela vaut pour tout le film, chaque plan relève de l’œuvre d'art tellement la mise en scène est soignée et la photographie de qualité. En témoigne d'ailleurs cette fabuleuse scène où le plus jeune de la bande se fait tuer, qui combine astucieusement la réalisation de Leone ( action au ralentit avec en arrière plan le pont de Manhattan ) et la mise en scène ( le costume de l'enfant qui se fait tuer ). Le film s'illustre également par sa narration particulièrement originale et spéciale. Leone jongle ainsi avec les flashback avec tellement de talent que l'on a aucun mal à suivre le déroulement de l'histoire. L'histoire de Noodles et de sa bande, tous magistralement interprétés notamment par Robert de Niro qui livre ici l’une de ses meilleurs prestations. Je disais tout à l'heure que Leone portait une attention toute particulière à ses personnages notamment en plaçant bien son intrigue et ses personnages. Mais c’est surtout dans leur développement qu'ils acquièrent une importance capitale. Il n'y a aucun manichéisme, chaque protagoniste a ses parts d'ombres et de lumières, Noodles a un certain code de l'honneur envers ses camarades mais cela ne l’empêche pas de violer la femme qu'il désire, laquelle il est vrai se montre particulièrement insupportable et sadique. Les personnages sont si développées et la narration si réussie que l'on en viens, tout comme Noodles, à se remémorer les années de jeunesse de ce dernier, non sans nostalgie. Un plan en particulier illustre ce phénomène. Quand, lorsque Noodles se remémore son ami max, Leone nous montre un flashback de ce dernier, plus jeune, à son arrivée à New York. Cette scène, qui interviens à la fin du film, nous renvoie donc au début du film, lequel est assez long, le souvenir de cette scène date donc déjà de plusieurs heures, d'où cette sensation de nostalgie. Enfin, Ennio Morricone nous signe encore ici une musique sublime, dont une s'inspirant de "Yesterday" le titre très connu des fameux "Beatles"; quand je vous parlais de nostalgie....Bref, d'une qualité esthétique remarquable, "Il était une fois en Amérique" se révèle donc être un chef d’œuvre, le dernier chef d’œuvre malheureusement de l'un des plus grands piliers du cinéma : Sergio Leone.