J'ai toujours aimé le sens esthétique, le gout du borderline, l'attrait pour la différence et l'originalité que possède Tim Burton.
Mais depuis Alice au Pays des Merveilles, je le crois de plus en plus éloigné de ses fondamentaux.
Certes, Miss Pérégrine et les enfants particuliers a beaucoup de qualités et de charmes. L’esthétique est soignée, le choix des acteurs excellents, le scénario compréhensible et semblant respecter le roman, offrant beaucoup de plaisir aux puristes.
Cependant... Il n'est pas dénué de défauts.
De façon générale, son plus grand défaut est de s'adresser à des enfants de 12 à 17 ans. Comme si cette tranche d'âge était la seule à avoir droit de rêver et d'aimer la culture de l'imaginaire. C'est ennuyeux à force.
Tim Burton n'était pourtant pas de ces réalisateurs, au contraire. Les univers qu'il a retranscrit au cinéma était tous empreint de magie. Et tous avaient une vision d'adulte. Ce n'était pas des films pour enfants, mais accessibles aux adolescents avec l'idée de leur offrir une réflexion différente qui faisait la part belle à l'imagination (Big Fish, Edouard aux mains d'Argent, Sleepy Hollow, etc...).
Ici, Miss Pérégrine et les Enfants particuliers n'offre qu'une vision adolescente, voire enfantine du monde. Étrangement, on attend bien plus d'Eva Green, qu'on sent presque coincée dans une cage dorée à longueur du film. Elle est pourtant une actrice prodigieuse, car malgré ses entraves, elle réussit à montrer un aspect bien dangereux de cette Miss Pérégrine. Aspect tellement peu mis en avant dans le film... Et je n'ai même pas compris l'intérêt d'avoir choisi Judith Dench pour un second rôle qui dure 5 minutes et qui est tellement loin de ses prestations habituelles (son personnage a l'air tellement dépassé par les événements... Bien loin de ses rôles précédents. C'est limite choquant car on attendrait presque d'elle, qu'elle tienne tête aux méchants comme elle tenait tête aux mafieux dans James Bond. Bref ça surprend).
Et c'est sans compter sur la montagne de clichés qui traversent le film et le plante littéralement à plusieurs reprises... Les clichés et les incohérences. D'où la sensation que ce film s'adresse aux enfants (Ex:
Faire fonctionner un sous-marin coulé et éventré depuis, vu son état, de très nombreuses années, sans qu'aucun enfant ne possède un talent quelconque dans ce domaine... Alors certes, l'une d'elle peut le maintenir à flot, mais juste le faire flotter hein...
).
Le pire étant la fin, qui aurait pu être tellement plus
belle et romantique que... Ces quelques minutes où on voit un gosse courir dans tous les sens (pendant, il semblerait, plusieurs mois au moins), sans que son physique ne change (il parcourt le monde, il voyage, il est "angoissé, ses cheveux ne sont pas plus long, et il n'a même pas l'air fatigué quand il touche au but).
Cela dure à peine quelques minutes, avec une mise en scène qui ne nous fait même pas vivre ce moment avec intensité, alors que cela aurait du... L'idée était belle, en soit.
Mais cela ne rend pas à l'écran.
On ressort de la salle avec un sentiment très mitigé sur ce film, comme s'il n'était pas abouti. Le potentiel est présent, le divertissement réel... Mais il reste bancal et ne transcende pas le spectateur.
Ce n'est pas possible de dire que Tim Burton a produit un Chef d’œuvre.
C'est un beau film, au sens esthétique du terme. Comme Alice au Pays des Merveilles deuxième du nom.
Mais ce n'est pas un Chef d’œuvre, comme ce qu'il a pu réaliser avant.
L'avis est subjectif. Ceux qui adoreront seront sans doute ceux qui replongeront dans leurs souvenirs d'enfance, car l'adaptation du roman est fidèle. Mais pour une adaptation, il aurait mérité une légère évolution...
Les autres qui, comme moi, en ont marre que la magie soit réservée aux enfants et ados, passeront leur chemin ou s'y rendront avec l'obligation de ne surtout pas attendre plus que ce qu'il y a dans le livre et ce qui est présenté sur l'affiche.