Tim Burton n'est plus à son meilleur depuis une dizaine d'années, alors quoi de mieux que de ressortir de la salle en ayant l'impression d'avoir savourer, à nouveau, un bon film du réalisateur un peu perché ? S'attachant à un matériau de base solide, reconnu et apprécié, Burton assure ses arrières et adapte cet opus littéraire en un film qui fleure bon l'univers si particulier et attachant de ce conteur hors du temps (et bien trop hors de tout ces dernières années). On retrouve tout ce qui fait vivre Burton, tout ce qui donne du crédit et de l'enthousiasme à ses histoires, avec à la base de tout : une relation familiale, de fraternité et d'amour - ici d'un grand-père avec son petit fils. Gravitent autour de ce socle, toutes les facettes de Burton, toutes ces bizarreries qui font qu'un film de Burton est unique. On retrouve un univers magique, quasi-onirique, à la fois splendide et inquiétant, des personnages plus qu'atypiques mais très typés (agrémentés d'un très bon jeu des acteurs qui rendent leurs personnages attachants !), des ambiances morbides et des images pétrifiantes, bref, tout ce que l'on attend, tout ce que l'on souhaite voir dans ces cas-là. Ceci étant, Burton se permet aussi de piocher de-çi de-là dans quelques éléments venus d'ailleurs, d'autres univers littéraires et/ou cinématographiques ("Toy Story", "Pirates des Caraïbes", "Titanic", "Harry Potter",...), sortes d'hommages, ainsi que des auto-citations (on peut penser à "Edward aux mains d'argent") qui agrémentent le long-métrage tout en s'incorporant très bien au sein de l'intrigue et de l'univers original. A la fois naïve, enfantine, humoristique, très symbolique mais aussi scabreuse, exagérée et effrayante, l'histoire de "Miss Peregrine" est un conte plaisant, agréable, très irréel, comme dans un rêve où l'on ressort un peu autrement, peut-être plus crédule, les étoiles dans les yeux retrouvées. C'est cela la magie de Burton, magie retrouvée pour ce film alors qu'elle s'était perdue depuis bien longtemps quand il se caricaturait et s'enfermait dans ses poncifs parodiques. Certes, la trame narrative mériterait bien de temps en temps quelques éclaircissements, quelques explications un peu plus fournies ou compréhensibles, car Burton se permet des facilités au titre qu'il crée un univers fantastique, merveilleux qui se passe de vraisemblance, mais il se trompe. On ne saura pourtant lui reprocher ses errances car il s'empare fraternellement de cette œuvre pour en faire un film véritablement sincère et authentique, dans une période où le cinéma bat de l'aile, voletant lourdement entre remakes, suites, préquels, franchises interminables et sagas surexploitées. Tim Burton reste l'un des seuls à continuer son petit bonhomme de chemin, et même si jusqu'alors il semblait se perdre de plus en plus, ne nous laissant que peu d'espoir quant-à la suite de sa carrière, "Miss Peregrine et les enfants particuliers" nous rassure, Burton trouve un second souffle. Prions pour qu'il ne soit pas coupé immédiatement.