Aujourd'hui est un événement tout particulier puisqu'il est celui où je fais état de mon avis sur cette nouvelle œuvre de Tim Burton, qui comme vous le savez est un réalisateur pour lequel j'ai beaucoup d'affection.
Et à vrai dire, dés la Bande-Annonce j'avais été vraiment charmé. Oh, je dois déjà entendre les rires sarcastiques de certains êtres qui vont me lire. Comment se fait-il ? Comment se peut-il qu'une âme en ce monde ait pu être charmé par une Bande-Annonce qui ne faisait qu'annoncer un étrange mixage entre X-Men et Harry Potter, et qui plus est, Bande-Annonce d'un film d'un réalisateur mort depuis tellement de lustres qu'on ne sait même pas quand on a commencé à l'aimer ?
Déjà, parce-qu'il n'est pas mort, c'est une vague rumeur qui a été lancé par je ne sais qui. Je me plais à imaginer un scénario où c'est l'effroi que ce phénomène arrive qui a eu lieu suite à La Planète des Singes qui en soit la cause ; et qui bien qu'ayant été balayé suite au succès de Big Fish, serait resté dans le subconscient de certaines personnes et aurait ressurgis de plein fouet à la sortie d'Alice au Pays des Merveilles. En fait vous êtes juste des fragiles qui ont connu La Planète des Singes et qui ont été traumatisé à vie pour trois fois rien, c'est bon, faut vous remettre, ou consulter alors si c'est trop grave. D'autant plus que ces deux films-là ne sont pas si mauvais que vous voudriez qu'ils soient.
Rassurez-vous, tout ce commentaire est une plaisanterie dont je me suis réservé le droit. (Par contre, je pense réellement que Alice et La Planète des Singes ne sont pas mauvais, vous ne me ferez pas dire le contraire, en tout cas pas en ce jour).
Ensuite, étrange mixage entre X-Men et Harry Potter... Je n'y croyais pas à la Bande-Annonce, j'y crois encore moins en ayant vu le film. Ça n'a juste strictement rien à voir. Et rien qu'avec le titre de ma critique, vous devriez déjà voir en quoi c'est totalement différent normalement. Miss Peregrine n'aborde pas du tout les mêmes thèmes que les X-Men, ni même Harry Potter. On n'est pas du tout dans une maison d'entraînement de super-héros ou une école pour sorciers. On est tout simplement... Dans un refuge. Et il n'est pas question de héros avec des pouvoirs. Il est question d'êtres persécutés pour leurs différences et dont la particularité en question n'a parfois rien de similaire avec un pouvoir qui sont sous la protection d'êtres appelés les ombrunes qui se chargent de trouver un lieu dans lequel ils se verraient protégés du monde extérieur grâce au moyen du temps ; une journée idéale dans celui-ci étant ainsi renouvelée pour qu'ils n'aient jamais de problèmes. Si après ça, vous me dites encore une fois que c'est une copie des X-Men ou des Harry Potter et bien... Techniquement je ne pourrais rien faire d'exceptionnel... Mais je resterais alors dans la plus grande incompréhension. Dans tous les cas, que ce soit devant le film ou devant la Bande-Annonce, jamais je n'ai trouvé que cela ressemblait à X-Men ou Harry Potter.
Mais au-delà de tout ça, y avait-il des raisons concrètes à ce que je sois vraiment charmé par cette Bande-Annonce ? Et bien... Si je devais résumer ça en une phrase, je dirais que la féerie de l'univers alliée à des traits d'attrayantes étrangetés et à une histoire qui avait l'air de me parler, notamment au travers de quelques dialogues qui ont raisonné en mon esprit en sont les principales causes. Tout simplement, est-ce vraiment étonnant que j'ai été attiré par un film à propos d'enfants particuliers ? On ne va pas se mentir, cela n'a pas de quoi surprendre qui que ce soit.
Étant donné que j'ai commencé à vous faire traverser mon esprit aux lieux qui l'unissent à cette œuvre, il est temps pour moi de commencer à parler de cette dernière.
L'entrée en matière avec ce générique est étonnante. A vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi gothique, je m'attendais à ce que ce film soit personnel, mais le film me semblait plus aller du côté de la féerie que de celui-là. Au final, il traversera les deux, d'égales manières. Et c'est ce qui marque dans cette œuvre : le merveilleux et les ténèbres ont tous deux leur place, parfois même ils s'allient. Ils transparaissent à travers de très jolies décors : ceux du début peuvent rappeler d'ailleurs les maisons d'Edward Aux Mains d'Argent, et ce début rappelle ce film du cinéaste par différentes manières, notamment le style et la réalisation que le réalisateur adopte. Pour autant, les plans ne sont pas les mêmes, et il apporte du nouveau, mettant en scène par exemple des arbres étrangement formés rappelant la patte de Burton sans pour autant apparaître comme vraiment torturés derrière une maison. Et ce plan-là obéit à une logique présente à travers la mise en scène dans tout le long métrage : il présente des choses très différentes unies en un socle commun. Plus tard, lorsqu'on arrivera au lieu dans lequel vivent les particuliers, nous assisterons à la nature cohabitant avec la demeure, le ciel, et tout cela sera le parfait reflet de cette idée, il y a une réelle union à l'intérieur, et pourtant, tout est différent. Il en est de même pour les enfants particuliers, ils sont tous différents et cela se remarque dés une première image, les personnages ayant une particularité liée à la nature ont des vêtements plus féeriques et élégants, celui qui au contraire se trouve plus lié aux mécanismes de machines qu'il crée est habillé de manière plus simple. Et dans tout cela, un point commun à tous se dégage : ils sont particuliers, et c'est ce qui entraîne ces liens puissants. L'univers sombre est assez axé à cet hommage qui est très cher à Burton aux anciens films d'horreur, mais il amplifie certains aspects et apporte sa petite touche personnelle : notamment avec cette scène de Barron et ses confrères, qui tels des scientifiques fous, sont à l'origine d'une expérience qui va les transformer en monstre. L'importance que Burton attache aux yeux ressort pleinement ici, et certains plans font même quasiment figure de tableaux gothiques, même si certes le film ne va pas jusqu'à présenter des choses qui seraient vraiment trop sombres pour un jeune public. L'apparence des monstres nommés hollowgasts constitue d'ailleurs une véritable curiosité ; le premier trailer aurait pu pourtant faire croire qu'ils n'étaient pas si originaux, mais vus sous d'autres angles ils sont très clairement intéressants, ce plan où l'un passe à travers une porte qu'il s'est occupé de casser bien tranquillement est d'ailleurs très réussi et gothique à souhait : cette créature tentaculaire en costume de prolétaire semble tout droit sortie d'une œuvre d'art. Des visuels aussi originaux, on en trouve partout dans le film : Une fille dans le noir éclairée par un peu de lumière apportée par une fenêtre qui finit tragiquement en étant capturé par les hollowgasts, scène sur le papier simple mais mise en scène d'une magnifique manière, Burton qui s'amuse avec de l'animatronique mais avec d'autres éléments qu'auparavant, et qui à la fin se permet même un petit délire personnel dont on ne pouvait admirer les effets que dans ses animés jusqu'à présent en mettant en scène une bataille avec des squelettes à sa sauce. Venons en à mon visuel préféré, étonnant de la part de Burton qui ne s'était jamais autant approché de la mystique... En fait je ne pense pas que je serais capable de le décrire suffisamment bien. Disons simplement que c'est cette scène avec le dénommé Victor.
Moins original, mais très efficace, on pourrait citer ce simple cadavre découvert filmé dans un plan qui n'est pas sans rappeler pour simple exemple Braindead et qui agit clairement en hommage aux films d'horreurs.
Au final, il faut quand même noter que le film de Burton doit beaucoup au travail de son équipe technique, car le travail sur les effets visuels, décors, costumes et sur la photographie est vraiment réussi dans l'ensemble, surtout pour ces deux derniers.
Enfin, il est temps d'aborder ce qui dans l'histoire va en la faveur du film. Et là où je suis agréablement surpris c'est le traitement du personnage principal. Je vois que le choix de Asa Butterfield n'a pas été choisi pour rien pour l'interpréter, il faudra que je vois Le Monde de Nathan, je pense que le fait d'avoir joué dans ce film est sûrement la raison pour laquelle il est le héros de Miss Peregrine. Certains peuvent être agacés par le fait que Tim revienne sans cesse sur ses thèmes de prédilection, cependant, en ma position, je pense pouvoir dire que je ne peux pas l'être. A vrai dire, déjà, je pense qu'il est loin d'être le seul cinéaste qui fasse cela, cela se fait peut-être plus remarquer, mais uniquement parce-que ses thèmes ont une force que d'autres n'ont pas. Ensuite, je vois d'autant moins le problème étant donné que ce que vise Burton reste toujours pleinement actuel. Le fait que les personnes différentes ont du mal à s'intégrer et s'épanouir dans ce monde, oui, c'est vrai. Vous pouvez reprocher ce que vous voulez au discours de Burton, ce fait n'en reste pas moins vrai. Je me suis longtemps demandé comment il se faisait que les films de Burton me parlaient beaucoup, pourquoi des points communs sur certains aspects me rendaient particulièrement liés à ses personnages. Si j'avais alors su quelle particularité nous partagions, tout aurait été clair depuis le début. D'une certaine manière je suis un particulier moi aussi. Et le personnage de Jacob a été travaillé d'une certaine manière pour que Burton donne vie à un personnage clairement personnel. Cependant, son histoire est différente que celle des autres que l'on peut trouver dans la filmographie du réalisateur. Il a une famille, une famille qui l'aime, son père ne le comprends pas toujours, mais j'imagine qu'on ne peut pas lui en vouloir. La manière dont il va avoir du mal à s'intégrer est présentée de manière plus réaliste, et surtout actuelle. Quelques scènes sont marquantes à ce sujet ; celle par exemple où il raconte les histoires de son grand-père sans savoir que cela ne va pas passer auprès de ses camarades, pour eux il est évident que celles-ci sont impossibles, pour lui non, donc ils rient. Des exemples comme celui-là, ça arrive plus souvent que vous ne pouvez le penser. Je vais en citer un seul. Un enfant debout, face à l'instituteur qui est assis en face de son bureau. L'instituteur tient la copie de l'enfant en main, lui demande de relire un mot qu'il n'arrive pas à lire. Ce-dernier se tient un peu trop éloigné pour pouvoir lire. L'instituteur demande donc avec ironie à l'enfant de s'éloigner. L'enfant ne saisis pas l'ironie, regarde étonné l'instituteur et recule, provoquant l'hilarité générale. L'instituteur prends un air amusé, redemande la même chose, et ainsi de suite, et semble faire joujou comme s'il s'amusait avec un pantin en bois, provoquant encore et toujours l'hilarité. Qu'il est amusant le pantin en bois... Ouai, on se croirait dans un cirque où on expose des freaks. La scène peut paraître irréaliste, et pourtant, c'est le genre de choses qui arrivent, et encore de nos jours.
Bref, Jacob dans son développement est typiquement Burtonien, c'est un être à part qui n'a pas réellement d'amis mais qui ne se doute pas d'être particulier, pensant que si c'était le cas, il le saurait... Alors qu'au final, il arrive souvent quand on est « particulier » que cela ne soit découvert que tardivement.
Dans tous les cas, une chose est certaines, on développe des liens particuliers avec ses cousins psychiques, quelques soient les différences que l'on puisse avoir, on se comprends d'une certaine manière. Et le film illustre parfaitement cela, Jacob appartient à ce monde, tous appartiennent à ce monde malgré leurs différences, ainsi le feu rejoint l'air pour simple exemple. Mais le héros de cette histoire doit également faire face à d'autres choses, et va notamment devoir choisir entre ce monde auquel il est rattaché par des racines et celui auquel il est rattaché par une entente psychique. En se détachant de sa famille, il finit donc par rejoindre les siens, et bien que son amour pour son grand-père l'ait poussé à trouver le moyen de le faire revenir, ce-dernier lui donnera en remerciements les cartes qui lui permettront de se donner tous les moyens pour le faire revenir là où il est temps attendu.
Jacob n'est pas le seul personnage de cette histoire, et je dois bien parler des autres. J'aime beaucoup son grand-père, qui je trouve est très attachant dans les scènes dans lesquelles on le voit, croyant dur comme faire à ses histoires, que l'on accuse d'être simplement traumatisé par la guerre et d'être devenu fou. Terence Stamp l'interprète vraiment bien, et il fait ressortir toute l'âme de son personnage. Il est l'Homme qui subissant l'horreur s'est retrouvé comme étant suffisamment différent pour pouvoir accéder à un monde remplie de merveilles, de cauchemars, certes, qui le poursuivront toujours, mais aussi bel et bien de merveilles, et c'est celles-ci qui sont importantes, elles étaient la fleur illuminée au milieu de l'obscurité...
Eva Green est très attachante en Miss Peregrine, dure telle un parent avec ses enfants, mais en même temps les regardant de manière attendrie, elle est vraiment très touchante. Et sa scène avec Victor a quelque-chose de très fort. Son physique particulier va très bien avec le style qu'elle a, et on l'imagine facilement se transformer en oiseau, notamment grâce à ses yeux et cheveux.
Ella Purnell tire elle aussi son épingle du jeu en étant très touchante dans son rôle ; son rapport avec le père et la conséquence que ça a sur son rapport avec le fils est très réussi. On n'a pas du mal à voir en elle une particulière par ailleurs, c'est un bon point à noter, et son interprétation est juste.
Samuel L. Jackson s'en sort bien en bad guy comique, il a une certaine classe et est drôle, ça me fait penser que j'ai oublié de parler de cette magnifique scène de dégustation de yeux tout propres.
Quant aux autres acteurs, ils s'en sortent aussi bien, ils tiennent bien leurs rôles. J'aime tous les personnages « particuliers » que ce soient les jumeaux mystérieux et drôles, Olive et son style vestimentaire que je trouve génial, et qui va d'ailleurs très bien avec sa particularité, Claire petite fille que cette bouche à l'arrière du crâne rends étrangement touchante et drôle, Enoch qui est assez ambiguë mais qui néanmoins est attachant lui aussi, et sa particularité est très classe, Bronwyn et Fionna ont leur petits moments touchants à elles à travers leur particularité, Millard est drôle, et au final, quand on réfléchis bien, tout gosse ayant cette particularité s'amuserait à ça, Hugh se fait remarquer par sa particularité très sympathique et par une gentillesse manifeste, quant à Horace, il est attachant de par l'importance obsessionnelle qu'il attache aux vêtements.
J'aurais tellement de choses à dire d'autre sur Miss Peregrine, rien que là je pense que j'ai oublié de parler du fait que Burton avait allié son style avec un esprit assez jeune et dans son temps, et que cela se remarquait par moment dans son visuel, qu'il me semble également qu'il rende hommage à Michael Powell dans ces scènes où les bombes sont lâchées sur le plan de l'esthétique (ce qui est assez bienvenu étant donné qu'on est dans le contexte des années 1940s et de la seconde guerre mondiale).
Dans tous les cas, ce que je peux dire, c'est que ce Burton m'a beaucoup parlé ; c'est très personnel dans le fond et la forme, et ça a des idées fraîches. Je crois qu'on peut parler d'une grande réussite de la part du réalisateur.