« Broken » ne porte que trop bien son titre, tout est cassé, des vies brisées à jamais. Dans ce pâté de trois maisons anglaises où tout pourrait être paisible, chaque famille porte sa croix. Et de cette connexion, due à la proximité entre ces gens qui vivent et souffrent, émane des conflits dont les conséquences sont d’une violence extrême.
C’est dans une de ces maisons que vit Skunk, 11 ans, fillette diabétique qui habite avec son père et son frère; elle a l’innocence de l’enfance, sa gaieté, la fragilité de son âge ; certaines scènes de complicité avec son père ou son frère, tout en étant très drôles, touchent profondément.
Mais l’affection de ceux qu’on aime ou qui nous aiment ne suffit pas pour se protéger de la vie, la vraie, celle qui est dehors, derrière la porte d’à côté, derrière la fenêtre d’en face…
« Broken » parle de la vie, et de sa dureté, de la mort, de l’innocence, du courage, du mensonge, de l’absence, du bonheur un peu…C’est beaucoup en un seul film et ambitieux de la part du réalisateur Rufus Norris, mais cela fonctionne, même si le scénario aurait pu être allégé. Et nous sommes là, impuissants avec Skunk, à essayer de comprendre ce monde des adultes qui la révolte déjà.
On tangue entre larmes et sourires, entre désespoir et espoir, tout en retenant un immense cri de révolte face à l’injustice ; mais on garde le cap, on résiste grâce à de multiples et très courts flash back qui nous rappellent la valeur d’un sourire, de deux mains qui se serrent, d’un regard rempli d’amour…
« Broken » est presqu’entièrement portée par les frêles épaules de la formidable Eloise Laurence qui interprète Skunk , et lorsqu’elle entonne « Colours » c’est juste un moment de grâce dans un monde de brutes.
Même si on ne partage pas le parti pris de la fin qui laisse un gout très amer, « Broken » touche, frappe, peut mettre KO…