On ne présente plus ce western qui a fait le tour du monde en clôturant la trilogie du dollar appelée aussi trilogie de l’homme sans nom. Pourtant Sergio Leone n’avait pas en projet de faire encore un western, mais les dirigeants de United Artists lui proposèrent une telle somme d’argent qu’il accepta le projet alors qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il allait faire. C’est alors que Luciano Vincenzoni, encore lui, propose l’idée très simple de trois canailles à la recherche de trésors durant la guerre de Sécession. C’est ainsi que Sergio Leone se lança dans cette aventure, en s’appuyant sur les recettes qui avaient fait le succès de "Pour une poignée de dollars" et de "Et pour quelques dollars de plus", tout en prenant soin de démystifier les adjectifs utilisés dans le titre. Comme Sergio Leone l’a déclaré au cours d’une interview, "un assassin peut faire preuve d'un sublime altruisme, alors qu'un bon est capable de tuer avec une indifférence totale, et une personne apparemment mauvaise, lorsqu'on la connait mieux, peut se révéler plus valeureuse qu'elle ne semblait l'être et faire preuve de tendresse". Et il y réussit fort bien, ce qui nous donne un western spaghetti par excellence ! Il est considéré comme étant même l’apogée du genre, avec "Il était une fois dans l’Ouest", et, dans une moindre mesure, "Mon nom est Personne". La conclusion de la trilogie est encore un cran au-dessus des deux autres films pourtant déjà géniaux, emmenant ce genre soit disant bâtard au rang de phénomène et de référence absolue. Donc cette fois, nous avons un protagoniste supplémentaire, en la personne d’Eli Wallach. Clint Eastwood est mis en valeur comme jamais, alors qu’il a revêtu cette fois un long manteau au lieu du poncho qu’on lui connaissait. La scène se déroulant sur fond de guerre de Sécession, nous opérons donc chronologiquement un retour en arrière par rapport aux deux autres films de la trilogie. La boucle sera bouclée en voyant Clint Eastwood revêtir le fameux poncho en fin de film. Eli Wallach est grandiose (sa prestation est juste hallucinante de classe en truand clownesque), et Lee Van Cleef fidèle à lui-même. Si vous n'aimez pas les westerns (si si, il y en a ! le monde se divise en deux catégories, ceux qui aiment, et ceux qui n'aiment pas) vous devez tout de même voir celui-là. Si vous n'aimez pas celui-là, alors c'est que vraiment vous êtes irrécupérables. Sergio Leone, aidé par les moyens financiers considérables qu’on lui a accordé pour l’époque, a pu mettre encore davantage son empreinte sur ce film, présentant tour à tour et de façon distincte les trois personnages principaux que la destinée va prendre soin de réunir. Les premières paroles prononcées n’arrivent qu’à la dixième minute, dégageant ainsi du temps pour implanter l’atmosphère qui habitera tout le film. Eli Wallach apporte du frais, et ses pitreries amènent une touche d’humour et des répliques cultes, et parvient même à voler la vedette aux deux autres acteurs. Quant à la musique d’Ennio Morricone, elle est encore tout simplement parfaite, et va même jusqu’à remplacer par moments les dialogues. Elle avait même été écrite avant le début du tournage, ce qui représentait une amélioration par rapport aux films précédents, où des limitations de budget ne permettaient pas une telle flexibilité. Ainsi, Sergio Leone put faire jouer une partie de la musique sur le plateau de tournage. Cela créait l'atmosphère de la scène et influençait clairement les interprètes, ce qui explique que la partition accompagne si bien le film. En 2003, alors que la réédition du film se fait en DVD, cette œuvre se voit rallonger de quinze minutes environ. Ces scènes, sensées apporter un peu plus de grain à moudre sur le développement de l’histoire et des personnages, n’amènent en réalité pas grand-chose de plus. Pour couronner le tout, dans la version française, les personnages bénéficient dans les scènes rajoutées de nouvelles voix, les doubleurs de l’époque étant tous décédés. Ainsi, ce changement de tonalité vocale dérange plus qu’autre chose et casse un peu le film. Dans la version originale, nos trois protagonistes se sont eux-mêmes doublés, en dépit du vieillissement de leurs timbres vocaux. Je recommande donc la version pas longue (près de 2h40 quand même) que nous avons connue durant quatre décennies.