Premier plan : un disque vinyl...c'est une histoire de long play....tout à fait comme celle des cycles de vie ou encore des cycles d'une vie de vampire qui reviennent éternellement de fait... Oui, des vampires qui ont tout connu...du moyen âge aux épidémies, aux guerres de religion....qui ont connu les Byron, Marlowe ou ..d’autres magiciens de la guitare électrique.Nos deux vampires écoutent donc dans un espace feutré de vieux disques de blues .... Adam à Détroit, la capitale du rêve abandonné, aujourd’hui en faillite et fantomatique, où ne traînent plus que quelques rockers à la recherche de leur icônes perdues, sans même le petit Jack White qui a déserté la terre aux amanites phalloïdes qui poussent quand ce n'est pas la saison.....Eve à Tanger dans un décor de Mille et une Nuits de misère, celui de William Burroughs ou bien d'un écrivain maudit et planqué devenu professeur pour unique élève averti......C'est dans ces deux décors tous droit sortis de la belle âme de Jim Jarmush que nos vampires évoluent, Adam et Eve qui ont pour unique religion, un amour qu'ils entretiennent comme une fleur rare, éloignés l'un de l'autre pour mieux se cultiver, se révéler et se marier à nouveau… Le temps de nous donner à penser à toutes ces belles raisons de vivre... s’enrichir, écrire, jouer, composer, danser et surtout, surtout, faire tout ceci loin de la lumière des projecteurs, éloignés des foules de fans et de l'égocentrisme ambiant, de la marchandisation de toute oeuvre artistique ...avec des lunettes noires oui, loin de la furie et de la jungle des capitales comme L.A. où la jeunesse n'a plus d'éducation ni d'histoire, où la jeunesse consomme et télécharge sans idéal, où la jeunesse se pense moderne quand elle n' est qu'arriérée et repue, à en être malade de ses 10 000 titres sur son i.Pod, où la jeunesse est capable de détruire une Gibson 1955 sans comprendre que ce geste est un véritable blasphème....pour qui connaît le prix des nobles vibrations....Alors la réflexion de Jim s'avère être celle-ci, des vampires ou des zombis, qui vampirise l'autre, des artistes et de l'industrie musicale, qui vampirise qui ? Des consommateurs inconscients, qui participent à cet état des choses, qui ?Au panthéon de Jarmush, il y a Billy Holliday, Iggy pop ou bien Neil Youg, au panthéon de toutes les âmes nobles, belles, intelligentes et profondes et grandes et épicuriennes et romantiques, il y aura toutes celles qui aimeront ce film. Quand les vampires voient plus clair que les zombis que nous sommes, comment les appelle t'on ? Des anges ? Des musiciens ? Des écrivains ? Des poètes ? Des réalisateurs ? Des photographes ? Des scientifiques ? Des philosophes ? Des penseurs ?Nous avons tant besoin de vous, Messieurs et Mesdames, nous irions jusqu’à vous offrir un peu de sang dans une coupe pour un nouveau souffle de vie. Alors en espérant, nous remercions déjà Lord Jarmush, ce qui n’est pas peu dire.