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    Only Lovers Left Alive
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    395 critiques spectateurs

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    Isabelle C
    Isabelle C

    16 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 21 février 2014
    Après une introduction un peu déconcertante, on comprend rapidement que le rythme du film va être lent, voire très lent. L'érudisme immédiatement étalé des protagonistes, Adam et Eve (l'originalité des prénoms choisis prête à sourire), inquiète sur la suite des événements. Néanmoins, le visuel et le son distraient, et le scénario s'accélère légèrement. Mais même là, l'espoir est de courte durée, car les rebondissements prévisibles déçoivent, s'arrêtent court, si bien qu'on se demande si les détours étaient vraiment nécessaires. spoiler: Par exemple, l'arrivée d'Ava, élément perturbateur, est fortement anticipée par les vampires (et le spectateur), pour au final être décevante dans le scénario. De manière trop prévisible, Ava tue un humain et est aussitôt chassée. De plus, ce meurtre n'a pour conséquence que le déménagement d'Adam et Eve. Au final, on aurait très bien pu se passer de toute la séquence...

    Les idées qu'on tire du film ne sont qu'à peine développées. On ne sait pas trop pourquoi les zombies (les humains) sont considérés sans espoir, ni quand ils sont devenus sans espoir. Pas d'espoir non plus à l'horizon. Les arts et les sciences sont portées au nues, néanmoins à peine survolés. spoiler: L'intrication quantique est par exemple expliquée en deux phrases à la fin après un avant-goût en début de film, comme si elle était sensée porter la signification secrète du film sur ses épaules.
    On peine pourtant à voir le lien, et comme les autres références du film aux arts et science, cela semble un peu trop pompeux. De même, la thématique de l'eau, bien qu'intéressante, n'est pas développée ni expliquée bien qu'elle soit centrale dans le film. On comprendra certes que les zombies ne préservent pas la qualité de leur eau et que leur sang s'en trouve contaminé mais pas plus de détail sur le pourquoi ni le comment. Une critique écolo sans cause ni conséquence. Là encore, juste un constat qui n'apporte pas grand chose. Bref, un grand sentiment d'inachevé. Néanmoins, malgré ces points négatifs, il faut avouer que Tom Hiddleston et Tilda Swinton sauvent nombre de scènes du film du ridicule par leur interprétation et sont à eux seuls une bonne raison d'aller voir ce film.
    madmax1
    madmax1

    11 abonnés 440 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 février 2014
    Quand on atteint le sublime et la perfection cela donne ce film. La BO est démente !
    Un pur chef d'oeuvre
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 20 février 2014
    Adam et Eve s’aiment, mais vivent séparés. Ils n’habitent pas des villes paradisiaques, mais des lieux décrépits. Lui, c’est Détroit, privée de lumière la nuit et symbole de la faillite du modèle industriel. Elle, le souk de Tanger, entre business et trafics. Adam et Eve se visitent régulièrement, car leur amour est le dernier refuge du monde qui s’écroule autour d’eux.
    Adam vit dans une maison remplie de bouquins et de guitares. Parfois il gratouille une musique post-punk. C’est un dandy solitaire et désabusé. Eve, diaphane et énigmatique, est entourée de littérature anglaise pétrie de crise. Tous deux sont nés de la culture underground des « seventies » et fortement déprimés de la tournure prise par des activités humaines en pleine décadence.

    Adam et Eve ont un autre goût en commun : le sang ! Mais ce ne sont pas de vulgaires vampires qui plantent leurs canines dans le cou des quidams, mais des vampires quasi-bio qui ne s’abreuvent qu’au sang transfusé des labos, car ils se méfient de la contamination des zombies. Ca ne les empêche pas de sucer des glaces au sang…
    Jim Jarmusch ne nous épargne rien. Il s’affranchit des genres et des codes. Et manie l’humour pour parler de la difficulté des morts-vivants à habiter ce siècle. Comme si tout était déjà écrit dans le désenchantement des années soixante-dix. Il nous parle d’un temps où on fumait aussi pas mal la moquette. Car pour le suivre, il faut quand même se bouger les méninges. Sans être sûr d’être raccord !
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 20 février 2014
    Comment (penser) réussir un film de deux heures quand on a zéro scénario? On se replie sur l'esthétique, visuelle aussi bien que sonore. Des deux, j'ai préféré le son à l'image, même si on peut penser que les accessoiristes et les responsables de la lumière ont eu du boulot! D'ailleurs, si vous voulez, procurez-vous la B.O. du film, et vous en aurez "vu" le meilleur!
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 20 février 2014
    Délicieusement psychédélique, Only Lovers Left Alone se cale, dès l’introduction, sur la rotation quasi cosmique du vinyle « The Taste of Blood » ; il pivote, ensuite, autour de deux vérités : « how can you have lived for so long, and still not get it? » demande Eve (Tilda) à Adam (Tom) ; « condescendent snobs! » proteste Ava (Mia), jetée à la rue. La jeune fille n’apparaît que trop peu, mais par ces quelques termes démontre que, pris au premier degré, le nouveau film de Jim Jarmusch transpire la pédanterie de ceux qui croient savoir. Dates, noms binomiaux, échecs et portrait d’Edgar Allan Poe manifestent une fausse érudition ; ils sont à la culture ce que le mot est à l’idée. Ces deux vampires, vieux de plusieurs siècles, accumulent les objets et les connaissances avec bon goût, mais à l’instar de la façon dont Eve parcourt de vieux ouvrages, en effleurant leurs caractères latins ou chinois, ils survolent tout, comme la physique quantique. Adam n’aurait retenu plus de la science qu’un collégien pour son brevet, à lister Pythagore, Galilée, Copernic, Newton et Einstein ; il définit l’intrication comme un lycéen plagiant Wikipédia. La plupart des répliques passent alors pour de vulgaires réponses de Trivial Pursuit, sans profondeur ni pertinence, malgré les années et la rencontre des plus grands. Assez talentueux pour avoir composé du Schubert et écrit du Shakespeare, mais plus snobes encore pour garder l’anonymat, ces vampires ingrats prennent aux hommes de la meilleure guitare au meilleur sang, pour ne rien leur rendre : la musique d’Adam est « private ». Au premier degré, il faut donner raison aux Cahiers du cinéma : « De manière extrêmement antipathique, les vivants, pauvres ignorants de [la] culture hautaine [du réalisateur], sont traités de « zombies ». Ce mépris de classe ne recouvre en définitive qu’un maussade « c’était mieux avant ». » Au premier degré, Only Lovers Left Alive s’analyse en critique maladroite, car cliché, de la société contemporaine, celle d’un beau théâtre devenu parking. Mais la brève intervention d’Ava chasse cette interprétation ; elle commande de laisser à Jim Jarmusch le bénéfice du doute. Créatures pantouflardes et pleurnichardes, Eve et Adam sont de piètres gardiens d’un monde magnifique : « All those moments will be lost in time, like tears in rain. » Aussi y’a-t-il, dans cette appropriation d’un mythe overused et qui pose enfin la question du rapport au temps, une forme d’autodérision vraiment salutaire. Formellement hypnotique, des plans à la bande son, le film se permet même quelques scènes drôles, particulièrement celles à l’hôpital où Tom Hiddleston et Jeffrey Wright dealent du « O negativo ». Le couple formé avec Tilda Swinton, décharné et rock’n’roll, mène avec brio cette balade nocturne et lente à ne pas trop prendre au sérieux -pour l’apprécier.
    Elisabeth G.
    Elisabeth G.

    185 abonnés 1 086 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 février 2014
    Un film nonchalant, poétique et beau, porté par deux acteurs magnétiques.
    Une critique plus détaillée et d'autres sur
    Thierry M
    Thierry M

    166 abonnés 2 435 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 20 février 2014
    C'est lent et en plus d' une platitude assez grotesque.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 20 février 2014
    Les plans sont soigneusement réalisés. Les sons sont bons et appliqués. Tilda Swinton est charismatique et fantomatique. Le point de vue sur le monde contemporain des personnages ressemble au mien. Mais, ici, le poisson est noyé avec élégance. Les choses sont esquissées avec superficialité. Alors certes la lumière est agréable et douce. Mais le film n'est que rarement dans l'intensité, rapport à mon visionnage. Et je finis par avoir la même indifférence pour le film, que les personnages pour le monde dans lequel il vive. Que moi pour le monde dans lequel nous vivons. Le cinéma peut prétendre, et a déjà réussit, à me concerner bien plus.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 20 février 2014
    Only lovers left alive...Dernière livraison de Jim Jarmusch. Le pitch ? Difficile ! Une histoire de vampires sans meurtre, sans proie, sans morsure. Egalement une histoire d’amour ou d’affection, d’attachement plutôt, presque platonique. Lui est à Detroit, ville symbole du capitalisme, aujourd’hui ville fantôme mise à sac par la crise, musicien de son état, inaccessible, mystérieux, un peu dépressif aussi. Elle à Tanger, ville mythique, où l’on ne sait d’ailleurs pas trop pourquoi elle a échoué. Nous ne saurons pas non plus ce qu’elle y fait, peu importe. Mais le couple va finir par se réunir.
    Chez Jarmush, les vampires ont bien changé, même s’ils ont conservé leurs fondamentaux : ils ne chassent plus, ne tuent plus, ne «convertissent» plus les humains, mais s’approvisionnent en sang comme le feraient des toxicos en manque. Ils ont des réseaux, des exigences qui rappellent celles des anorexiques, des végétariens, ou des autres tordus qui s’infligent des contraintes alimentaires. Ils appellent les humains les «zombies», ont la vision du XXIème siècle la plus pessimiste possible, et remettent en première ligne le «no futur» des punks d’autrefois. On philosophe, on se remémore les grandes figures de la littérature, Byron, Marlowe, Shakespeare, on boit le meilleur sang comme le meilleur vin, on est immortel, et parfois on trouve le temps long.
    C’est un film magnifique esthétiquement parlant, où tout se passe évidement la nuit. Tanger est filmé comme jamais, c’est splendide. On pourra reprocher un rythme lent qui m’a charmé et placé dans un cocon. J’ai adoré le fait que Jarmusch fasse de ses vampires des icones sorties tout droit de l’univers du rock, maniaco-dépressives, angoissées, et finalement pas si éloignées de ceux qu’ils nomment zombies. On est très loin de «True Blood», de Dracula ou des «Prédateurs». Il y a souvent des pointes d’humour discrètes, mais suffisantes pour décocher des sourires inattendus, une vraie intelligence de mise en scène, un casting formidable, une histoire originale, vous l’avez compris, je recommande, même si ce n’est pas le film de l’année.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 17 novembre 2017
    Ce film est magnifique. Esthétiquement, musicalement, et au niveau de l'interprétation et de l'histoire. Enfin un film de vampires adulte, gothique, envoutant, avec une vraie romance (depuis Dracula de Coppola en 1993 ça n'était pas arrivé). De plus, l'humour est au rendez-vous. On perçoit très souvent le second degré du réalisateur qui, tout en faisant l'éloge de ses deux héros romantiques et ultra cultivés, se moque de leur snobisme un peu pathétique. Certaines scènes sont carrément hilarantes.
    La musique vous reste dans la tête au point que vous aurez envie d'acheter la bande son en rentrant. L'ambiance et les décors vampiriques et underground sont superbes.

    Quant aux héros ils sont comme j'ai toujours imaginé que pourraient être de vrais vampires :
    Eve est envoutante, étrange et délicate. Malgré ses nombreuses années, elle est toujours prête à savourer ce que peut lui apporter la vie : ses livres, ses amis, les villes qu'elle aime. Elle s'emploie à prendre soin de ce qu'elle aime plus que tout, son mari dépressif, Adam, pour qui elle est une sorte de guide dans l'immortalité.
    Lui se réfugie dans sa musique. Il est taciturne, dépressif, désabusé, reclu, trop beau, trop talentueux, trop cultivé pour le commun des mortels qu'il appelle les "zombies". Les deux personnalités se complêtent et forme un couple qu'on suivrait pendant des heures. Ils savent presque tout, on les croit invincibles, voire même dangereux (les regards qu'ils posent sur un humain qui saigne ou une bouteille de sang sont ceux de prédateurs).
    Pourtant, lorsque Ava la frénétique petite soeur (plus insouciante et plus dangereuse) arrive et que des événements imprévus viennent perturber leur quotiden, ils sont démunis.

    Le fait qu'il soient des vampires n'est pas forcément le centre de l'histoire, c'est en fait un prétexte : Jarmusch peut ainsi leur donner ces connaissances et ces personnalités hors du commun, tout en les rendant très vulnérables, car dépendants du sang humain et forcés de vivre cachés.
    pierre72
    pierre72

    142 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 février 2014
    Nous étions sept personnes hier à la projection du dernier film de Jim Jarmush. Quand la salle s'est rallumée, nous n'étions plus que quatre : trois personnes endormies et moi. Exit le trentenaire fringuant, parti très vite ainsi que le couple d'étudiants qui espérait sûrement un "Twilight" intelligent.
    Avec un tel préambule, vous allez penser que "Only lovers left alive" est encore un de ces films soporifiques, survendu par une presse encensant à tout va la moindre oeuvre de réalisateurs dandys, talentueux mais incompris par un public décidément de plus en plus aveugle (surtout quand la merveille a eu besoin d'un financement français pour aboutir). Eh bien pas tout à fait, le résultat s'avère finalement pas si inintéressant que ça.
    Vous l'aurez compris, le nouveau Jarmush n'est pas une pochade facile pour spectateur amateur de popcorn dans un multiplexe. C'est en premier lieu un objet étrange, proche d'une oeuvre d'art. En jouant avec les codes du film de genre (les vampires) qu'il s'amuse à détourner très vite, Jim Jarmush crée un univers qui lui est propre, avec un tempo particulier et une imagerie très personnelle. C'est aussi une oeuvre crépusculaire (testamentaire dit-on beaucoup dans la presse bien que Jarmush ne soit pas si vieux que ça) qui pose un regard sombre et désenchanté sur le monde d'aujourd'hui. La ville de Détroit en toile de fond, avec ses rues vidées de tout habitant, ses immeubles inhabités et délabrés et Tanger , plus oppressante, où chaque ruelle cache un dealer, donnent au film un ambiance de fin de cycle inéluctable. C'est aussi une stylisation extrême des deux personnages principaux. Adam, sorte de Robert Smith en version sexy (Tom Hiddleston), vampire musicien vivant au milieu de vieux instruments ou d'appareils hors d'âge et Eve, sa compagne, aussi blonde que lui est blond, formidablement interprétée par l'incroyable Tilda Swinton, apportent à ce film une élégance et une grâce délicieusement branchée, rendant encore plus troublante une image déjà magnifiquement cadrée et éclairée.
    Je ne raconterai pas la trame de "Only lovers left alive", très ténue, mais en gros, ce sont deux vampires modernes qui, pour pouvoir se nourrir, se procurent du sang dans les hôpitaux, en pack plutôt que de s'attaquer comme la légende l'exige, à de pauvres innocents. Cela leur évite ainsi de consommer du sang contaminé par les multiples virus qui traînent. Dormant le jour et errant la nuit, ils s'interrogent sur leur vie, le temps qui passe, l'évolution de l'humanité...
    Je ne suis pas rentré tout de suite dans le film, décontenancé par le rythme et le dispositif mis en place par le réalisateur.
    La suite sur le blog
    Gérard Delteil
    Gérard Delteil

    208 abonnés 1 917 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 février 2014
    Le film de vampire est un genre qui, en principe, doit respecter certains codes. Jarmusch n'a visiblement pas tenu compte de ce principe et tenté de sortir des sentiers battus en nous présentant une sorte de mélo romantique bourré d'incohérences. On rentre dans le jeu ou non. Pour ma part, je n'ai pas accroché : le suspense, l'humour et le second degré sont quasiment absents, à l'exception de quelques rares tentatives peu réussies pour la plupart. Le scénario est franchement faiblard et commet une faute de débutant en donnant une certaine importance à un élément - une balle en bois dur destinée à remplacer le pieu traditionnel - qui va disparaître au milieu du film. Que dire du message qui se veut "humaniste" et "écolo", sinon qu'il est mal venu et ridicule dans ce cadre. Reste une bande son que chacun appréciera selon ses goûts musicaux. Personnellement, je me suis bouché les oreilles pendant les séquences les plus grinçantes. On attendait vraiment mieux de ce réalisateur original. Mais personne n'est parfait...
    nicolas t.
    nicolas t.

    59 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 février 2014
    Film chic et misanthrope d'un ennui glaçant.
    Tilda Swinton est sublime comme d'habitude mais elle
    ne sauve pas le film d'une prétention élitiste d'intello rocker.
    Jarmusch vieillit aigre et hautain.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 20 février 2014
    tout l'aspect visuel est bien travaillé ou est le scenario
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    272 abonnés 1 646 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 février 2014
    On n'imaginait pas forcément Jarmusch se frotter au film de vampire. Cela dit, il avait déjà revisité à sa façon deux genres bien codifiés, le western (Dead Man) et le film de samouraï (Ghost Dog). Alors pourquoi ne pas sortir les crocs ? Il les a sortis avec son élégance habituelle, au coeur d'une intrigue à la fois drôle et mélancolique, tout en nonchalance narrative, tout en séduction visuelle et sonore. Aux envoûtements des plongées tournoyantes, des travellings nocturnes et autres tableaux de corps enlacés correspond une BO joliment planante, aux résonances nostalgiques. Le cinéaste a par ailleurs apporté sa propre stylisation à la figure du vampire, donnant au couple central du film, Adam et Ève, un côté dandy cool et underground, avec chevelure épaisse et hirsute (intégrant des poils de yacks !), lunettes noires, gants seyants... Quant au sang, il se boit dans de petites coupes finement décorées, dans des flasques à whisky ou... en bâtonnet de glace. S'abreuver au cou d'un quidam confine ici au manque d'éducation, aux mauvaises manières (celles de la soeur d'Ève). Et quand il faut s'y résoudre, par nécessité, alors on s'excuse poliment avant...
    Jarmusch invente aussi pour ses vampires de nouveaux pouvoirs (une forme de connaissance par les mains, une capacité à communiquer par les rêves...), mais les dote surtout d'une immense culture acquise au fil des siècles et qu'ils portent en eux pour l'éternité (a priori), puisqu'ils sont immortels. De cette "profondeur" historique Jarmusch tire un pur fantasme d'érudition (Adam a ainsi connu à la fois Byron, Schubert, Einstein ou Cochran) et un décalage souvent comique. C'est aussi l'occasion pour le réalisateur de déclarer son amour aux arts et aux sciences, aux chefs-d'oeuvre ou découvertes qui ont traversé le temps, et à leurs auteurs. Il y a ainsi, dans ce film, l'expression d'un certain culte voire fétichisme (la collection de guitares d'Adam, les livres pour seul bagage d'Ève) et un petit côté "panthéon personnel" avec ce plan sur un mur couvert de photos, où l'on peut distinguer Kafka, Baudelaire, Burroughs... Autant d'artistes maudits ou peu reconnus en leur temps, que Jarmush associe par analogie aux personnages principaux de son film, les vampires, ces êtres de l'ombre, ces mal-aimés... Le cinéaste s'amuse ainsi à nous présenter l'écrivain Christopher Marlowe (sous les traits de John Hurt) non seulement comme un vampire, mais aussi comme le "nègre" de Shakespeare. Et fait de Schubert le plagiaire de certaines oeuvres d'Adam... Tout cela est très amusant, même s'il y a parfois dans ces "gourmandises" culturelles un petit côté plaqué, qui fait du scénario un prétexte à énumérer des goûts personnels, au détriment de l'histoire du film (que certains trouveront peu "dramatisée"). Par exemple, Jarmusch nous fait écouter une composition de la chanteuse contemporaine Yasmine Hamdan, dont il fait commenter le talent par l'un de ses personnages... Même bémol concernant certains propos sur la décadence de l'humanité, où l'on entend trop la voix du réalisateur, que l'on a d'ailleurs rarement senti aussi las et désenchanté. Les humains sont ici traités ironiquement de zombies, bêtes et destructeurs, s'apercevant toujours trop tard de leurs destructions. Jarmush en profite pour balancer une petite pique à Hollywood en présentant Los Angeles comme la "capitale des zombies", là où lui-même ne trouve plus de financement pour ses films (en témoigne cette étonnante coproduction germano-anglo-franco-chypriote).
    En matière d'état des lieux par temps de crise, le film se montre finalement plus subtil quand il est moins bavard, notamment quand la caméra présente Détroit comme un no man's land déserté et en ruines, saisi au gré de longs travellings tristes et beaux. Mais c'est en transcendant ces constats déliquescents par une dimension romantique que Jarmush confère vraiment à l'ensemble une certaine grâce. Le titre, Only Lovers Left Alive, porte cette dimension : l'idée d'un amour qui aide à traverser le temps, à survivre. Pour incarner cet amour, Tilda Swinton et Tom Hiddleston forment un beau couple de cinéma, elle irradiant d'une lumière pâle presque irréelle, lui renfrogné dans ses ténèbres. Un couple black and white, très poétique.
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