J’ai vu « The Paperboy » déjà quatre fois depuis sa sortie il y a presque douze ans maintenant.
L’intrigue se déroulant au début des années 70, et le look visuel adapté à cette époque, permet de lui éviter d’avoir pris la moindre ride avec les années.
Hué à Cannes à l’époque par la presse bien rangée, il aurait probablement été aujourd’hui applaudi pour ses nombreuses qualités.
Le scénario est le socle de tout projet filmique, et il est évident que celui de « The paperboy » réunit tout ce qui peut accoucher d’un excellent film de genre.
En commençant par le choix de créer des personnages travaillés, tous extrêmement importants, et tous complètement différents, et surtout de rassembler des personnalités qui n’auraient eu, en temps normal, aucune raison de se côtoyer.
Comment les faire habilement évoluer et faire naître de leur alchimie une tension de plus en plus forte ? En décidant de les diriger ensemble, sous nos yeux impuissants, dans un piège.
La lenteur de mise en place, à mesure que l’on s’approche de la véritable intrigue, permet de révéler les souffrances de chacun, et de faire naître les étincelles d’un destin inévitablement commun pour le pire et pour le pire.
Et l’on ne parle là que des personnages.
Si l’on maîtrise à ce point l’importance de la dynamique de groupe, on avance alors forcément sur un terrain hyper fertile. Surtout si l’on choisit d’aller vers un cinéma qui souhaite parler des affres de l’âme humaine.
Un casting de dingue pour camper ces esprits dérangés était nécessaire, et le résultat est bluffant. (Certaines scènes n’ont pas été truquées, et on se dit que Nicole Kidman est vraiment l’une des meilleures actrices de tous les temps).
Pour pouvoir parler de l’histoire sans risquer d’abîmer le visionnage du profane : c’est une enquête faite à contre cœur par des journaliste, enquête qui aurait facilement pu être avortée, sur un homme enfermé dans les couloirs de la mort ; c’est sordide, poisseux, certains ont trouvé ça trop glauque et malaisant.
Moi j’ai trouvé ça honnête, et très bienvenu.
Le tout est paré d’une luxueuse bande originale signée Mario Grigorov, qui ressemble davantage à une symphonie qu’à une simple BO (l’un des morceaux fait quand même plus d’une demie heure !) Une danse lancinante, puis comme une valse inquiétante, lentement l’étau musical se resserre autour de nous.
J’ai adoré ce film, qui gardera toujours une place spéciale dans ma tête, sans que je ne sois d’ailleurs en mesure de vraiment expliquer exactement (ni de comprendre moi-même peut-etre un peu, en réalité) pourquoi ce film me colle à la peau longtemps à chaque fois que je le vois.