"Precious" ?... Pas vu. Pour moi ça ressemblait tellement à ce que tout ce que le cinéma américain faisait de pire dans les domaines du dégoulinant et du bien-pensant que j'avais passé mon tour. Or, revoilà Lee Daniels avec ce coup-ci, ce "Paperboy", un film qui, a en lire le synopsis, semble plus « borderline » et incisif. Je me suis donc risqué à voir "Paperboy", et la seule chose que je peux en déduire, c’est que je ne verrais définitivement jamais "Precious" de ma vie. Si avec l'intention de faire quelque-chose de borderline, Lee Daniels fait « ça », alors je n'ose même pas imaginer ce qu'il peut faire quand il est pétri de bons sentiments et de bien-pensance dégoulinante ! Honnêtement, je ne peux m'empêcher de mettre en parallèle ce pauvre Lee Daniels avec Yvan Attal. Voilà deux mecs sûrement pétris des meilleurs sentiments, mais qui ont une propension assez incroyable à prendre tout le temps le mauvais choix pour toutes les questions de goût qui se posent à eux en termes de réalisation. Je dirais même que, dans son genre, Lee Daniels est pire. Déjà, l'intro suffit à donner le ton. Je ne sais pas quel était le but du monologue de Macy Grey, mais j'ai rarement vu un jeu d'actrice aussi surfait. Le pire, c'est que je trouve qu'il est bien difficile d'en vouloir à Macy Grey, car TOUS les acteurs jouent comme ça dans ce film ! Cette direction d'acteurs est donc déjà à elle seule, totalement aberrante. D'ailleurs, jamais je n'ai vu les personnages à l'écran : j'ai toujours vu des acteurs sous cocaïne qui s'efforçaient de débiter leur texte en jouant au jeu de celui qui roucoule le plus ou qui allonge le plus les voyelles... Quant aux scènes à proprement parler, je n'ose même pas en parler (...même si je vais en parler quand même...). On sent la volonté de faire quelque-chose de cru, de rentre-dedans, de non-naphtaliné, et pourtant c'est tout l'inverse qui s'opère. C'est tellement faux – et surfait (oui, j'insiste là-dessus...) que cela en devient embarrassant de ridicule. J'en veux comme exemple la scène au départ entre Zack Efron et Macy Grey (toujours elle. Désolé mais c'est vraiment la pire du lot) où la bonne et le jeune bourge renversent les rôles pour ranger la chambre : Grey en vient à imiter le gentil Troy Bolton en train de se palucher par terre tandis que la soubrette le surprend : un grand moment de solitude... Mais le pire, c'est que ce type de scène se reproduit tous les quarts d'heure, et deviennent de plus en plus ridicules. Personnellement, j'ai même explosé de rire lors de cette rencontre entre Nicole Kidman et John Cuzack qui jouissent à distance au parloir d'une prison. Le jeu caricatural des acteurs, la platitude misérable des dialogues, et surtout les réactions invraisemblables de David Oyelowo et de Matthew McConaughey face à une telle situation, ont fait exploser tous les indicateurs de débilité que j'aurais pu utiliser sur cette scène. C'est d'ailleurs à ce moment là que je me suis rendu compte de trois choses. Primo : ça faisait déjà une bonne demi-heure que le film avait commencé et l'intrigue ne semblait toujours pas s'être lancée. Secondo : en une demi-heure d'intrigue végétative, Lee Daniels n'a même pas su développer un seul de ses personnages. Tertio : « On n'est qu'à une demi-heure de film ? Putain j’ai l'impression que ça fait trois heures que je me fais chier devant cette coquille vide ! » Non, décidément non : je suis sûrement très péremptoire en affirmant cela, mais je crois que Lee Daniels n'a vraiment aucun talent ni même aucune connaissance de ce que c'est la subversion. Et ce film, "Paperboy", n'est pas pour moi une œuvre décalée et dérangeante, subtile et subversive, elle est juste pitoyablement balourde et dénuée totalement de savoir faire et de sensibilité d'artiste. Au fond,c 'est vraiment navrant...