Tout auréolé du titre de "grand espoir du cinéma français" après "L’arnacoeur", Pascal Chaumeil nous montre ses limites dès son second film. Le réalisateur a visiblement eu les mains libres (ainsi qu’un budget plus confortable)… mais se prend lamentablement les pieds dans le tapis avec cette histoire indigente qui cumule les poncifs les plus éculées du genre. Pourtant, ce "Plan parfait" commençait plutôt bien avec cette réunion de famille atypique où les convives ne craignent pas de s’en prendre à l’insupportable invitée de dernière minute. Mais très rapidement, on s’aperçoit que le film va être d’une épouvantable lourdeur. On passera sur l’idée de départ, certes tirée par les cheveux (la malédiction du premier mariage qui finit par un divorce) mais acceptable pour se concentrer sur les vrais ratés du film. Tout d’abord, la mise en scène particulièrement fade (alors que "L’arnacoeur" brillait par sa fraîcheur), pour ne pas dire franchement ridicule par moments (la séquence du lion et ses effets spéciaux inacceptables, la scène du repas exotique, la danse russe mal chorégraphiée, le final dans l’église…). Cette réalisation mollassonne est d’autant plus invraisemblable que Chaumeil a choisi de monter son histoire sous la forme d’un conte de Noël racontée par la famille avec de nombreux allers-retours temporels… ce qui est censé dynamiter le rythme et qui, au final, n’a pas le moindre impact ! Résultat : le film parait durer des heures alors qu’il ne fait que 1h45 ! Cependant, même avec une réalisation plus péchue, il aurait été difficile de sauver ce scénario d’une pauvreté affligeante (même la révélation des motivations d’Isabelle à mi-bobine ne relance pas le film) et d’un réalisme qui laisse dubitatif. Certes, on ne demande pas forcément à ce genre de production d’être crédible et on était prêt à se laisser embarquer par cette histoire abracadabrantesque. Encore aurait-il fallu que le couple vedette fonctionne, ce qui n’est pas le cas ! Dany Boon campe un énième "gentil benêt", comme sa filmographie en compte beaucoup trop et il est impossible de croire que le personnage de Diane Kruger (qui fait pourtant des efforts pour casser son image un peu rigide) puisse tomber amoureuse de ce pot de colle pénible et un peu pathétique. Les deux acteurs ont l’air, d’ailleurs, assez peu concerné par le film et ne pourront espérer de quelconques félicitations pour leur prestation. On est loin de l’alchimie entre Romain Duris et Vanessa Paradis qui avait remporté tous les suffrages dans "L’arnacoeur". Il en est de même pour les seconds rôles qui sont presque tous dépourvus d’intérêt (la convive pleurnicheuse, l’insupportable gendre et ses interruptions intempestives, le futur mari trop parfait…), à part, dans une moindre mesure, la trop rare Alice Pol en sœur bavarde et Etienne Chicot en père ronchon. Plus grave encore, le film n’est presque jamais drôle, puisque la plupart des gags ne fonctionnent pas ou sont archi-réchauffés (le gimmick des enregistrements de Jean-Yves, les tentatives d’Isabelle pour se faire détester…). "Un plan parfait" arrachera donc, tout au plus, quelques sourires de circonstances mais il est difficile de parler du film autrement que comme un monumental raté, poussif et sans charme, qui vaut, à peine plus qu’un téléfilm France Télévisions. Espérons que Pascal Chaumeil redresse la barre…