Au sortir de Bons baisers de Bruges, son premier long métrage, Martin McDonagh était un réalisateur prometteur. Une heure et cinquante minutes plus tard, la durée de 7 psychopathes, ce même Martin McDonagh devient un cinéaste surestimé. Oui, si le bonhomme avait fait preuve d’inventivité, d’ingéniosité lorsqu’il rassemblait à Bruges une troupe de gangsters britanniques tous autant farfelus les uns que les autres, il s’emmêle durement les pinceaux lorsqu’il voudra nous raconter l’histoire de ce scénariste, Marty, en fait celui incarnant Martin McDonagh à l’écran, aux prises avec un assortiment de timbrés tueurs californiens ou d’ailleurs. Oui, facile de conclure sur le fait que le réalisateur n’aura pas su effectuer correctement sa traversée de l’Atlantique, ce dernier s’étant fourvoyer sous le sigle Hollywood et le soleil de L.A.
C’est pourtant composé d’un casting toutes étoiles reluisantes que le deuxième film de l’ami Martin promettait du lourd. Passer sur une série de séquences amusantes et pas trop mal goupillées, il ne reste quasiment rien à Seven Psychopaths pour séduire son public. Non, ne soyons pas trop sévère. La mise en scène de McDonagh est alléchante, dynamique. C’est ici simplement son scénario, son récit, qui plonge dans la fange bien avant d’avoir pu raconter son histoire. L’on admet volontiers l’intérêt du brouillage des pistes entre l’écriture du scénario traitant des sept psychopathes et la réalité que vit le scénariste, alcoolique souffrant qui plus est du syndrome de la page blanche.
Il est par ailleurs difficile de raconter, couché à l’écrit, l’histoire que veut nous raconter McDonagh, tant celle-ci semble tirée par les cheveux. Voulant sans doute démontrer les inquiétudes, les folies et la psychose des scénaristes sur le marché du film américain, le cinéaste aura voulu exploiter l’idée d’un rapprochement entre un texte projeté et une réalité plus folle encore. Allant chercher l’inspiration auprès de personnages fous furieux en vue d’approfondir son histoire, le héros de fortune du film fait vite la connaissance d’un monde qu’il n’aurait pu imaginer. Bref, le concept, audacieux, tombe littéralement à plat. Cela est d’autant plus dommage que le brochette de formidables personnages proposés, le second degré façon Ritchie ou Tarantino aurait pu donner lieu à un polar mémorable, de signature britannique sous l’estampille Hollywood.
Dommage, oui. L’on attendait nettement plus du réalisateur, des acteurs aussi. Si Colin Farrell ne surprend pas lorsqu’il tente de jouer le mec paumé, joyeux disciple d’un réalisateur qui s’est dès le début attaché le deux souliers ensemble, l’on attendait mieux de Sam Rockwell, capable du meilleur (Moon), mais qui ici en fait des caisses. L’on pourra cependant se consoler avec Christopher Walken ou encore le toujours intéressant Woody Harrelson. Il est en revanche notable que le casting féminin est ici au plus bas de l’inutilité, une preuve de plus de la légèreté dont à fait preuve McDonagh. 05/20