« Magic, Magic » est le troisième film du réalisateur Sebastian Silva, mais son premier tourné en langue anglaise. Présenté en avant-première mondiale au Festival de Sundance, puis au Festival de Cannes en mai dernier, à la Quinzaine des Réalisateurs, ce thriller met en scène Michael Cera, Juno Temple et Emily Browning.
Synopsis Allociné : Pendant ses vacances au Chili, Alicia, une jeune américaine réservée, se retrouve embarquée par sa cousine Sara et sa bande d'amis sur une île isolée. Personne ne fait vraiment d'effort pour intégrer Alicia. Elle se replie de plus en plus sur elle-même et commence à perdre peu à peu ses facultés mentales sans que le groupe n'y prenne garde …
Un teen movie horrifique en quasi huit clos, sans menace, sans peur, et sans verser une seule goutte de sang ? Pari original et risqué mais réussi haut la main par Sebastian Silva.
« Magic Magic » raconte des vacances qui tournent mal, lorsqu'une des jeunes adultes de la bande commence progressivement à développer des symptômes délirants sans que personne ne s'en inquiète, puis se trouve confrontée à la paranoïa, l'isolement et l'exclusion au sein du groupe.
Probablement bercé dans sa jeunesse par des old Polanski's, « Répulsion », « Rosemary's Baby » et « Le Locataire », Sebastian Silva propose un long métrage étonnant, surprenant d'une part grâce aux effets de mise en scène, propices à la création d'une atmosphère étouffante et anxiogène – merci au passage à l'éblouissant travail de photo de Christopher Doyle, chef op' attitré de Wong Kar Waï, toujours réputé pour son exigence et son avant-gardisme, qui fournit ici un remarquable jeu de lumières et de couleurs en cascades – d'autre part, grâce au talent des comédiens, à commencer par son héroïne déréglée, Juno Temple.
Juno Temple poursuit en effet le chemin cinématographique tortueux et extrême (mise en danger de son corps), amorcé par sa présence chez Gregg Araki (« Kaboum ») ou chez William Friedkin (« Killer Joe »), dans un rôle de jeune femme prisonnière des arcanes de la folie. Il est vrai que l'actrice britannique est fort bien aidée par ses camarades (excellents Michael Cera et Emily Browning, à contre-emploi) et par Sebastian Silva, à la fois marionnettiste et illusionniste (les impressions subjectives orchestrées par des moyens purement artistiques).
Bilan : Un thriller paranoïaque Polanskien sombre et cruel, échafaudé grâce à l'ambiance déroutante mise en place par Silva et l'excellence des comédiens.
Anecdote : Avant d'être metteur en scène, Sebastian Silva a été 1er assistant – réalisateur pour « Avant la nuit » de Julian Schnabel, « Babel » d'Alejandro Gonzalez Inarritu et plus récemment « A la merveille » de Terrence Malick.