En voilà un film étrange...
Présenté à la quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes où il reçu des avis assez partagés, Magic Magic du chilien Sebastián Silva avait de quoi attirer l'attention, de par l'histoire, fort intéressante puisqu'on y suit la descente aux enfers d'une américaine venue passer des vacances avec les amies de sa cousine dans une maison isolée au Chili mais surtout par son casting composé de trois excellents acteurs, Michael Cera vu dans Scott Pilgrim, Emily Browning surtout connu pour son rôle de Babydoll dans Sucker Punch et enfin Juno Temple remarqué dans Kaboom ou encore Killer Joe. De ce dernier, l'on peut faire la comparaison avec Magic Magic car il partage le même schéma narratif bien que le lieu et l'histoire diffèrent en tout points, comme dans le film de Friedkin, ça commence doucement (peut-être trop certains iront dire) puis peu à peu l'ambiance oppressante monte, monte jusqu'au final virant au grand n'importe quoi, le plan final, lui, laisse dans le doute sur les évènements à suivre à l'instar de Killer Joe (
alors que dans celui-ci, on se demandait si Juno Temple allait tirer ou non, ici on se demande si elle est morte ou pas
). Oui mais voilà, si Killer Joe était vraiment pas terrible de par son extrême mauvais-goût, pseudo humour noir pour psychopathes, Magic Magic, au contraire, est vraiment bon. Jamais il ne dépasse les limites même si il n'en est pas loin parfois, surtout dans le final, où le cadre spatio-temporel prend tout son sens. Le choix du Chili comme pays de tournage semble justifié quand l'on sait que Silva est chilien, seulement le lieu n'apporte pas grand-chose au film (sauf à la fin), il ne joue pas avec la culture du pays et n'approfondit pas assez ce qu'il évoque laissant l'impression que le choix du pays fut un peu aléatoire du moment que celui-ci n'était pas les Etats-Unis (car il est question à plusieurs reprises du mal du pays). Et ce problème n'est pas lié qu'au pays mais aussi aux personnages, il y est question à un moment d'avortement mais cela n'est jamais très travaillé, ce n'est qu'un prétexte a renforcé l'idée de "complot" qui se trame autour d'Alicia (Juno Temple) notamment avec une conversation téléphonique nocturne entre l'héroïne et sa cousine Sara (Emily Browning) qui sème l'incertitude dans l'esprit de l'américaine et dans le notre aussi (une des forces du film d'ailleurs est d'alterner les scènes du point de vue d'Alicia avec ceux des autres, créant ainsi un effet de doute perpétuel). Le thème de l'homosexualité représenté ici par le personnage de Brink (Michael Cera) aurait aussi mérité à être plus fouillé, bien que son orientation sexuel ne soit pas dit explicitement. Mais ce manque de profondeur des personnages est gommé par l'interprétation des acteurs, Juno Temple en tête qui livre une incroyable interprétation, en très peu de temps, on s'attache à elle et malgré sa schizophrénie progressive, on continue à l'être évitant de rendre la scène final trop grand-guignolesque à cause de son sérieux (le décalage entre le reste du film et la fin est évident). Michael Cera y est aussi excellent, aussi inquiétant (quel sourire machiavélique !!!) qu'attachant. Emily Browning est un peu plus discrète, son rôle étant moins ambiguë que celui de Temple et Cera, elle sera par conséquence plus oubliable que les autres, pour autant, elle est très bonne et rajoute un peu plus à l'aspect dramatique du métrage.
Vous l'aurez compris, ce thriller lorgne plus sur les films de Roman Polanski (comme Rosemary's Baby) que sur du James Wan, points de Jump Scares dans Magic Magic, toute l'angoisse se trouve dans l'ambiance extrêmement bien fichue qui monte crescendo jusqu'au dénouement surprenant, on pourra par contre regretter quelques faiblesses d'écritures mais vite gommés par l'excellente prestation d'acteurs.
PS : vous l'aurez compris, y a aucun rapport avec la magie dans ce métrage.