D’habitude, Gus Van Sant est un nom qui évoque de bonnes choses. Qu’on l’aime ou pas, il faut avouer qu’il est loin d’avoir volé sa palme d’or avec Elephant, et que plus récemment il nous avait livré le très touchant « Restless« . C’est donc avec beaucoup d’espoir qu’on pouvait se jeter sur « Promised Land » qui marque une nouvelle collaboration entre le réalisateur et Matt Damon (déjà scénariste de « Will Hunting« ). Seulement voilà, ici, le sujet du film (les gaz de schiste) est un sujet sur lequel les débats sont plutôt compliqués, avec des opinions partagés, et il y avait donc certains risques à ne pas prendre. Et malheureusement, le film va droit dans le mur. Bien qu’on retrouve tout le talent de Gus Van Sant pour rendre une histoire intéressante, avec sa volonté d’être le plus réaliste possible et de donner vie aux personnages du film, ici c’est loin de suffire. Si le film est raté, c’est en parti à cause de son scénario qui est digne d’un téléfilm. Une impression encore plus marquée par le faible budget et la mise en scène du réalisateur. Alors qu’est-ce qui ne va pas dans ce scénario? Et bien presque tout finalement. Si au début l’histoire se laisse gentiment suivre, malgré ses clichés, la dernière partie devient affligeante car elle prend parti sur le sujet du film. Et cela n’aurait pas été dérangeant si seulement il y avait de quoi appuyer l’opinion défendue, c’est-à-dire de vrais arguments. Or là, ce qu’on nous sert c’est des discours larmoyants ridicules, et surtout une morale vraiment douteuse. En gros c’est « les méchantes entreprises qui pensent qu’à l’argent, contre les gentils fermiers et leurs vaches ». Les personnages qu’on aimait bien deviennent antipathiques, énervants, et toute la crédibilité du film s’effondre. Si le but du film était de convaincre, ou de sensibiliser les gens, le moins que l’on puisse dire c’est que c’est bien raté. Car au fond, le sujet n’est pas tant abordé que ça et seuls les méthodes (qui sont exagérées et très certainement à des kilomètres de la réalité) sont mises en avant. De plus, la volonté de vouloir à tout prix faire un film « grand public » en insérant une histoire d’amour parfaitement inutile, et en tirant le plus possible sur les bons sentiments, est agaçante, en plus de décrédibiliser une nouvelle fois le parti pris sur le sujet. Et ce n’est malheureusement pas Matt Damon qui arrivera à remonter le niveau, puisque bien qu’il s’illustre dans un registre différent de ce à quoi il nous a habitué, n’arrive jamais à convaincre. En conclusion: Promised Land est une cruelle déception, sur tous les points. Son plus gros défaut étant de prendre parti sur le sujet qu’il aborde, et de le faire de la pire façon qui soit, en jouant sur les bons sentiments plus que sur des arguments concrets. A défaut de convaincre, ou de sensibiliser, le film se décrédibilise tout au long de son déroulement (avec une fin et un discours final particulièrement agaçants). Matt Damon ne semble être là que pour donner son nom à l’affiche, tout comme Gus Van Sant qui aurait mieux fait de ne pas réaliser le film de son pote. Le résultat? Un téléfilm M6 du dimanche après-midi.