Du fait qu'il n'avait pas d'autorisation à l'époque, le précédent tournage de Mohammad Rasoulof avait viré à l'arrestation générale de l'ensemble des membres de l'équipe du film. Accompagné de Jafar Panahi, l'autre cinéaste retenu captif, il était en train de réaliser une œuvre du genre artistique et social. Soudain, des membres du ministère de la Sécurité, sans présenter de mandat officiel, les avaient embarqués sans sommation.
Mohammad Rasoulof est accusé d'avoir eu des actes d'opposition farouche au régime de Mahmoud Ahmadinjad. Les charges qui pèsent sur lui, notamment celle d'avoir effectué de la propagande organisée à l'encontre de la République Islamique d'Iran, en font un rival politique dangereux pour le gouvernement en place. Tout comme Jafar Panahi, arrêté et inculpé sur les mêmes motifs, Rasoulof est placé en détention. Provisoirement libéré en attendant le procès de son appel, il ne peut plus quitter son pays. Abbas Kiarostami a écrit pour demander la libération de ses deux collègues cinéastes. L'appel a été relayé par de nombreux réalisateurs, acteurs et producteurs du monde entier, en vain. Au moment où Au revoir sort en salles françaises, Mohammad Rasoulof est toujours dans l'attente d'un verdict. Il encourt une peine de six ans de prison assortie d'une interdiction de tournage pour vingt années.
Mohammad Rasoulof s'est inspiré du quotidien des membres de son entourage pour réaliser Au Revoir. Le cinéaste iranien souhaitait montrer la dureté des circonstances et la violence morale qui rongent son pays. Il voulait aussi mettre en valeur le décalage croissant entre le mode de vie des Iraniens et celui que l'État tente d'imposer par le biais des lois. Rasoulof précise au passage que la confiance et la bienveillance de la population nationale sont en train de s'étioler à cause des pressions et de la censure dictées par la République Islamique. Un chemin vers l'individualisme et la solitude semble se dessiner.
Soucieux de rester dans un cadre légal pour la réalisation d'Au Revoir, le cinéaste a tenté de se procurer des autorisations de tournage auprès des pouvoirs publics. Pour ne pas heurter la sensibilité des membres constituant la commission de censure, il a donc rédigé un scénario aménagé. Cela ne suffit à obtenir un visa de tournage. Ce n'est que grâce au soutien de la Maison du Cinéma, une institution indépendante, qu'il décroche le fameux sésame. Non sans retravailler encore au passage son scénario de base.
Au revoir a été réalisé dans des conditions drastiques, alors que Mohammad Rasoulof était en liberté provisoire et donc surveillée. Le tournage s'est effectué avec un budget extrêmement serré. Mohammad Rasoulof s'est entouré d'une équipe technique très réduite. La caméra numérique utilisée a été achetée à petit prix. Plusieurs comédiens de renom dans le cinéma iranien y ont joué sans toucher de rémunération. Le monteur du film a accepté lui aussi de travailler à titre gracieux.
L'un des traits distinctifs d'Au Revoir concerne l'actrice principale, Leyla Zareh. En effet, la comédienne iranienne est présente dans chaque plan du film.
Bien qu'il soit considéré comme ennemi public en Iran, Mohammad Rasoulof refuse d'être considéré comme un politique : "Je crois que c’est une erreur de croire que mes films sont politiques. Mes films peignent la vie et les situations complexes qui nous entourent. C’est l’intolérance et la précipitation des autorités du cinéma iranien qui donnent une dimension politique à ces situations simples.". Néanmoins, Rasoulof admet que l'on peut voir dans son cinéma quelque chose de l'ordre du politique, du fait que "dans un régime totalitaire, chaque réaction, chaque critique est considérée comme un geste politique."
Au revoir est présenté en Sélection officielle du Festival de Cannes 2011, dans la section Un Certain Regard. Mohammad Rasoulof n'a pas été autorisé à se rendre sur la Croisette. Il y a obtenu le prix de la mise en scène, qui lui a été remis par procuration.
La récompense qu'Au revoir a reçu à Cannes a été très mal vécue par le régime iranien. Les médias nationaux, rattachés à l'État, ont estimé que ce prix résultait d'un geste politique de la part des festivaliers cannois. Le film risque donc d'être complètement censuré en Iran, là où il a été réalisé, d'autant plus qu'il n'a pas obtenu de visa d'exploitation.
Les médias iraniens ont eu recours à plusieurs tentatives pour boycotter le film de Mohammad Rasoulof. Des critiques très négatives ont circulé sur cette œuvre, la qualifiant de trahison vis-à-vis du pays. Rasoulof a été accusé d'avoir cherché à transmettre une vision pessimiste de l'Iran par le biais d'Au Revoir afin d'obtenir notoriété et succès. Un faux synopsis a été éggalement publié et diffusé de façon à décourager les spectateurs d'Iran qui souhaiteraient voir le film.