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    Les Femmes du Bus 678
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    Nelly M.
    Nelly M.

    99 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 juin 2012
    On est en pays arabe où la notion de déshonneur dans la communauté relève du sacré. Ce serait inspiré de faits réels qui ont fait légiférer juste avant la révolution égyptienne. Français et Françaises amputés depuis peu de ce garde-fou en tombent à la renverse, jusqu'à la prochaine... Le récit aux allures de documentaires est suffisamment romancé pour qu'on adhère, la première partie très alerte d'une femme à l'autre avec les recoupements d'usage. Beaucoup de coupures, une tension perceptible... A mi-parcours ça patine un peu toutefois, le poids des croyances invite à temporiser. Jusqu'à l'expérience de l'inspecteur, fort bien amenée par petits apports qui n'avaient l'air de rien... C'est un film faussement anecdotique qui pose la question du marquage collectif de l'individu obligé de sévir par en-dessous tant est prégnant le discours de la femme démoniaque par nature. Concernant le retour aux archaïsmes, il n'y a pas mieux en ce moment que la guerre des sexes, inépuisable en tous temps. Le cinéaste souligne bien que les femmes sont souvent retournées au malheur pour avoir avancé d'un pas et reculé de deux... Les autorités répugnent à traiter de l'intimité hormis celle des célébrités. Détermination ou alors justice soi-même en espérant que jamais son foyer ne soit touché... Honte aux transports en commun qui veulent des voyageurs debout l'un derrière l'autre dans des conduites acrobatiques avec les mains fébriles... Davantage de places assises mêmes serrées et l'aiguille féminine brandie côte-à-côte ou face-à-face devient un code social entendu !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 17 février 2013
    Voici un film qui n'est ni américain ni français et qui nous raconte l'histoire (vraie paraît-il) de Fayza, Seba et Nelly, trois femmes égyptiennes qui ne se connaissent pas au départ, chacune victime de sévices sexuels (viol, attouchements, agression) de la part d'hommes au comportement machiste, dans un pays où la condition de la femme est assez précaire, au point que toute rébellion contre cet état de fait est socialement inacceptable. Le montage du film est très bien fait et nous permet de comprendre comment les destins de ces trois femmes se croisent. Leur "émancipation" (le terme n'est pas le bon) ne se fera pas sans mal et elles se heurteront à leurs préjugés sur leur propre condition. Un policier, Essam, les aidera à sa manière et la fin du film relève à la fois de l'optimisme (suite à cette affaire, le harcèlement sexuel est devenu un vrai délit en Egypte) et du pessimisme (les plaintes restent très peu nombreuses dans ce pays). Notons toutefois avant de juger que les choses n'étaient pas si différentes que ça en France il y a encore peu de temps...
    ninilechat
    ninilechat

    74 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 2 juin 2012
    Soyons clairs: on est loin du baroque exubérant de Yousry Nasrallah. Ces femmes là sentent le barbu. Ce film mal scénarisé (tarabiscoté à l'extrême), mal monté, mal filmé, ne vaut pas tripette, mais, parce qu'il est inspiré d'une histoire vraie, il porte un témoignage sociologique dans ce qu'il dit -et surtout dans ce qu'il ne dit pas. Dans ce que le réalisateur, Mohamed Diab, ne dit pas. Diab respecte les femmes, Diab dénonce avec indignation le machisme, et nous lui en savons gré -c'est un mec bien, mais un mec bien à la barbu. Nuance.....

    Nelly (Nahed El Sebaï) est une jeune fille bourgeoise. Elle sort librement avec son fiancé (mais pas le moindre petit bisou à l'écran....), se produit même le soir dans un petit théatre, au cours d'un stand up (particulièrement plat....), et un jour, elle se fait agresser par un type dans la rue. Elle n'est pas du genre à se laisser faire, avec l'aide de sa maman et du fiancé accouru, le type est traîné au commissariat et Nelly porte plainte..... Voila qui ne plaît pas à la famille et surtout, à la future belle famille. Si Nelly maintient sa plainte, le mariage risque fort de partir aux oubliettes....

    Séba (Nelly Karim) est elle aussi bourgeoise, et même apparemment fort aisée. Mariée avec un médecin, elle l'accompagne à un match de foot. A la sortie, prise dans le flot de spectateurs hystériques, ils sont séparés et elle se fait quasiment violer. Son mari, au lieu de la soutenir, s'éloigne d'elle, ne pouvant supporter cette honte.... Quand il se décide à revenir, c'est trop tard. Séba ne le supporte plus et elle va ouvrir un cours du soir pour apprendre aux femmes à se défendre -bon, rien qu'une épingle à chignon peut servir.

    Fayza (Bushra Rozza) vit, elle, dans un quartier populeux du Caire; pour aller travailler, elle doit prendre un bus bondé -parfois un taxi, mais la famille a déja du mal à payer la scolarité des enfants. C'est une femme frustrée, qui ne veut plus que son mari la touche, et ces voyages où, à chaque fois, malgré son paquet de voiles, elle se fait tripoter, elles ne les supporte plus. Elle va donc adopter la solution Seba -mais avec un canif..... bien placé.

    Un commissaire bonasse est chargé de l'affaire. Il suspecte les agressés d'avoir fait le coup du citron. Vous ne connaissez pas le coup du citron? Vous mettez un petit citron sec dans votre poche. Vous vous frottez, et si quelqu'une proteste, ah ben ça alors, j'avais oublié un citron dans ma poche en rentrant du marché dites donc! La taille du citron ne plaide pas pour l'opulence des attributs de nos amis cairotes -mais cela ne nous regarde pas.

    Les trois femmes vont donc se rencontrer, faire plus ou moins cause commune. La scène la plus intéressante du film, c'est quand Fayza prend violemment à partie ses deux nouvelles amies: après tout, qu'est ce qu'elles ont à craindre, avec leurs tenues provocantes et leurs chevelures indécentes (pantalons aux chevilles et manches aux poignets quand même.... on sait que dans sa penderie, Séba possède des robes affriolantes, mais le réalisateur se garde bien de la montrer ainsi vêtue....), c'est de leur faute si les hommes sont comme cela -et c'est là qu'on se sent très gênées parce qu'on comprend que c'est assez bien l'opinion du réalisateur. D'ailleurs, du coup, Séba se coupe les cheveux. Et zou.

    Il y a donc eu, nous raconte Diab, le premier procès pour harcellement sexuel, et une loi a été votée pour le réprimer. Est ce que maintenant, les femmes peuvent prendre le bus au Caire sans risque? C'est pas moi qui irait le vérifier....

    Film à voir, donc, pour comprendre comment une religion (il y a aussi, bien sûr, la pauvreté, le manque d'emploi) a pu transformer un pays autrefois plutôt gai, et vivant et tout prêt à se tourner vers l'occcident, en un monde de refoulement et de frustration.
    Christoblog
    Christoblog

    835 abonnés 1 684 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 juin 2012
    Quel bonheur de voir enfin un film qui raconte une histoire complexe, et qui le fait bien. Quel plaisir de voir de bons acteurs qui émeuvent, un scénario malin et cohérent qui évite d'être simpliste, et un réalisateur qui utilise sa caméra au service de l'histoire qu'il raconte et non pour flatter son égo.



    Ca fait du bien. Que ce bonheur nous vienne d'un des plus grands pays de cinéma au monde, l'Egypte, me ravit.



    Les femmes du bus 678 sont trois. Fayza, Seba et Nelly ont toutes les trois subi des violences sexuelles. Elles sont issues de milieux très différents, mais vont être confrontées à des réactions terribles de la part de leurs proches : rejet du mari suite à un viol, pression pour ne pas porter plainte des parents, réactions négatives de l'opinion publique dans un pays où celle qui se fait harceler semble plus coupable que son agresseur... Un tableau glaçant de la condition de la femme en Egypte, mais qui évite le manichéisme et présente une richesse narrative qui empêche le film d'être sèchement didactique.



    Mohamed Diab parvient à nous passionner à travers les portraits qu'il dessine habilement, dont celui du commissaire de police, bonne pâte pagnolesque absolument délicieux. C'est fort, brillant, généreux, habile. Je pourrais trouver au film quelques menus défauts, mais pour une fois, je n'en ai pas envie. D'autres critiques de films égyptiens sur Christoblog : http://www.christoblog.net/
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 877 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 juin 2012
    Un mois avant le printemps de la révolution, un film a provoqué un terrible charivari en Egypte, osant s'attaquer à un sujet tabou. Peu de temps plus tard, une loi a enfin officialisé le délit de "harcèlement sexuel" dans le pays. Preuve que le cinéma peut, à son échelle, faire évoluer les mentalités (même si le problème reste entier). Les femmes du bus 678 est clairement un film de combat, didactique, avec les défauts inhérents au genre. Et tant le scénario, pas toujours bien inspiré, que la mise en scène, assez souvent pataude, ne sont pas vraiment à la hauteur. Pour son premier film, Mohamed Diab, grand admirateur d'Inarritu, a choisi de montrer des femmes harcelées venant de tous les milieux sociaux, riches et défavorisés, de peur d'être accusé d'en avoir privilégié un seul par rapport à un autre. Légitime intention, qui connait des ratés, tellement le récit use de ficelles artificielles pour relier plusieurs histoires et personnages. Malgré, et peut-être même à cause de ses défauts, le film est attachant et pas seulement pour son courage et sa volonté de dénoncer la pesanteur d'une société où les hommes ont tous les droits. Il y a là une colère saine et un aspect réaliste qui sautent à la figure. Le personnage du flic, sorte de Maigret égyptien, est par ailleurs source de cocasserie, avec un regard différent et désinhibé sur la condition féminine au pays des pharaons. Peu importe que Les femmes du bus 678 soit une oeuvre cinématographique imparfaite, c'est un document sociologique remuant qui démontre avec force qu'un film peut (aussi) être intéressant pour son engagement et sa bravoure.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 1 juin 2012
    magnifique. sublime. bravo à ces femmes courageuses qui défendent leur condition et qui osent refuser, devant des hommes machos et salauds, d'être agressées sexuellement.
    Thierry M
    Thierry M

    166 abonnés 2 435 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 juin 2012
    un film bien interpreter, grave , emouvant , et d'une sensibilité extraordinaire.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 1 juin 2012
    Un chef d œuvre. Au delà du scénario incroyable, des dialogues ultra précis (l inspecteur est digne d Audiard)!!! La mise en scène et la photo sont à tomber dans son siège. Si je n oubliais pas qu en plus il nous cale avec une maîtrise rare le portrait d'une société arabe d aujourd'hui, sans aucun jugement de valeurs habituel
    (le sempiternel "foulard is bad") ... je dirais que ce film est parfait!
    PhilippeToile
    PhilippeToile

    46 abonnés 740 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 1 juin 2012
    La condition de la femme en Égypte, comme dans d’autres pays de la région, n’est guère enviable vue de nos yeux d’occidentaux. Ce film courageux dénonce le harcèlement sexuel généralement impuni que subit la gente féminine, dont les droits les plus élémentaires et le respect de son intégrité sont mis à mal par un machisme endémique et des alibis religieux assez douteux. La réalisation nous propose le destin croisé de trois femmes qui se révoltent en utilisant s’il le faut la vengeance physique et la loi du talion. La critique sociale est très ferme mais on sent malgré tout une certaine retenue comme pour amadouer une censure tapie dans l’ombre. On reprochera également à Mohamed Diab une mise en scène trop brouillonne et un manichéisme pas toujours subtil. En dépit des qualités réelles de ce film, on revisionnera plutôt le magnifique “Femmes du Caire” de Yousry Nasrallah qui abordait le sujet avec beaucoup plus de profondeur et de maîtrise.
    Rémy Weber
    Rémy Weber

    61 abonnés 1 critique Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 mai 2012
    Reportage réalisé sur ce film dans le cadre d'un atelier Regards Jeunes sur le Cinéma au Festival Cinémed : https://vimeo.com/31368609
    Julien D
    Julien D

    1 212 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 octobre 2012
    A partir d’un fait divers qui pourrait sembler anodin en Europe, Mohamed Diab met en avant un problème épineux en Egypte pour nous lancer dans une dénonciation activiste pro-féministe tel qu’il est rare d’en voir au Moyen-Orient. Le parcours de trois femmes est intéressant à suivre mais leur caractérisation et le traitement manichéen du sujet peuvent certes sembler grossiers mais sans toutefois jamais tomber dans le pathos facile. Ce jeune réalisateur me semble être plein d’idées politiques fortes, il faut espérer que ses prochains brûlots engagés disposeront d’un scénario plus abouti.
    velocio
    velocio

    1 320 abonnés 3 152 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 mai 2012
    "Inspiré de faits réels". Ce message en tout début du film nous met tout de suite dans l'ambiance. Dans ce film, tourné juste avant le Printemps arabe, il est question de harcèlement sexuel, un fléau très présent en Egypte. Lorsqu'on met en cause l'Islam, le réalisateur réplique que l'Inde et le Mexique sont les 2 pays dans lesquels il est le plus présent, ce qui, pour lui, prouverait que le problème est plus économique que religieux. Oserons nous lui faire remarquer que, si le Mexique n'est pas musulman et si l'Inde ne l'est que partiellement, ces 3 pays ont pour point commun, outre la pauvreté, le fait d'être très religieux, avec toutes les frustrations sexuelles que cela peut engendrer ! Cela étant, le fait qu'un homme ait le courage de montrer et donc de dénoncer un tel phénomène mérite bien des louanges. Cet homme, Mohamed Diab, a d'abord travaillé dans une banque avant de devenir scénariste, avec 4 films à son actif. "les femmes du bus 678" est son premier film en tant que réalisateur. Il en a eu l'idée lorsqu'eut lieu le procès de Noha Rushdi, la première femme ayant porté plainte pour harcèlement sexuel, en 2008. Pour trouver la matière pour son film, la tâche a été difficile, la plupart des femmes n'osant pas avouer qu'elles ont été victimes de harcèlement sexuel. Une chanteuse célèbre en Egypte, Bushra, l'a beaucoup aidé pour passer de ce qui devait être un court métrage focalisé sur une seule femme à un long métrage consacré à 3 femmes de milieux différents. Bushra joue le rôle de Fayza, la femme du peuple, voilée, qui va répondre à la violence physique par la violence physique. Autre femme, autre défense : Nelly, la plus jeune, la plus audacieuse, qui porte plainte. Quant à Seba, elle appartient à la bourgeoise, elle fait des émissions à la télévision et elle hésite entre ces deux réponses. Concernant le fond, le film, qui deviendra très probablement le film de chevet d'Eric Zemmour, est très réussi. Concernant la forme, Mohamed Diab, qui cite Iñarritu parmi ses modèles, principalement en ce qui concerne l'entrelacs des parcours et des temporalités, n'a pas encore la virtuosité de son maître en la matière et le film est parfois un peu confus. On notera enfin que deux jours avant la Révolution, une loi est passée officialisant le délit de harcèlement sexuel. Toutefois, beaucoup de femmes continuent à avoir honte d'avoir été agressées et ne portent pas plainte. Bien souvent, elles ne disent même rien à leur entourage !
    tixou0
    tixou0

    708 abonnés 2 002 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juillet 2012
    « La main au panier », c’est quelque chose qui existe encore dans les transports en commun des grandes villes françaises, bondés aux heures d’affluence, mais nos compatriotes sont de taille à protester, voire à réagir énergiquement. Il en est tout autrement en Egypte, où la société patriarcale et profondément machiste tolère ces comportements masculins, et au contraire fustige sans appel les victimes qui oseraient se rebiffer. Il est à noter que ce mépris des femmes est si profondément (et culturellement) enraciné dans les mentalités de ce pays qu’il s’étend sans difficultés aux ressortissantes étrangères : plusieurs cas d’attouchements poussés favorisés par les mouvements de foule (allant, pour le droit français, jusqu’au viol – qui qualifie ainsi tout acte de pénétration sexuelle, « de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise ») ont été par exemple relevés sur des journalistes occidentales faisant leur métier lors de la récente Révolution égyptienne, s’inscrivant dans le mouvement plus général dit du « Printemps Arabe ». Mohamed Diab (que l’on devine sans peine derrière « Omar », le fiancé de « Nelly » qui voudrait opter définitivement pour la scène, banquier comme il l’a été lui-même) fait donc acte de courage et de conviction « féministe » en réalisant cet intéressant « 678 » (numéro de la ligne de bus cairote où tout va se jouer) sur son propre scénario, inspiré pour partie de faits authentiques (l’affaire Noha Rushdi en 2008, premier procès pour harcèlement sexuel en Egypte). Il faut se méfier des timides, des résignées. Fayza, modeste mère de famille appartenant aux classes populaires, est de celles-là. Après avoir assisté au cours gratuit de « Self-Defense » que Seba dispense de manière à la fois altruiste et militante, elle réagit impulsivement, dans le sens des conseils de cette dernière (« faire face », « réagir », dans le cas d’une agression sexuelle) lors d’un énième attouchement dans le bus. La cohue favorise le « pelotage », c’est cette même cohue qui va assurer son anonymat quand elle pique vivement la main baladeuse à l’aide d’une des grosses épingles qui lui servent à maintenir son foulard. Elle va réitérer ce geste, dans le bus et aussi au détriment d’un « suiveur » entreprenant dans la rue – bientôt l’arme improvisée cédant le pas à un canif plus efficace, et c’est l’aine qui est visée. C’est la panique dans les bus cairotes « ensanglantés », quand les « blessés » (au moins trois) arrivent aux urgences, et que la presse se fait l’écho du phénomène. Pas de plainte (car les « victimes » devraient s’expliquer sur les circonstances peu glorieuses de l’ «attaque », qui a tout de la légitime défense), mais assez de bruit pour attirer l’attention du débonnaire inspecteur Essam qui remonte rapidement à Seba et à ses cours, puis à Fayza la disciple - qui a dépassé largement le maître en passant de la théorie à la pratique, et même à Nelly, la jeune « rebelle » qui a porté plainte (la première à le faire en Egypte) contre le camionneur qui l’a agressée (attouchements prolongés de coups et blessures – le « tripotage » effectué depuis la fenêtre ouverte du véhicule à la faveur d’une circulation intense s’est compliqué quand la jeune fille, qui traversait une place pour rentrer chez elle, se rebiffant, s’est alors retrouvée traînée violemment sur la chaussée). Le trio s’est en effet constitué via la télévision, omniprésente dans le pays, où Seba informait sur son cours, où Nelly répondait aux questions venimeuses des téléspectateurs à propos du futur procès, outrés par tant d’audace mal venue, et que Fayza regardait dans l’un et l’autre cas. Le policier a vite identifié les circonstances des agressions répétées (lesquelles ont eu, un bref instant, l’avantage de réserver les bus aux seuls femmes et enfants, ces messieurs étant dérangés dans leurs habitudes et craignant pour leur entre-jambes le canif « vengeur » !) et le fameux « coup du citron ». Allez donc découvrir comment cet innocent agrume sert de paravent aux vilains peloteurs….. Pas de plainte, personne donc à poursuivre : le bienveillant policier se contentera (à plusieurs reprises) de sermonner les trois femmes. On frôle cependant le drame quand c’est Adel qui, la tension retombée et les hommes revenant dans les bus, s’essaie à son tour à cette vilaine pratique, et est blessé par Seba, délaissant son 4 x 4 de luxe, et partie en expédition à son tour dans le bus 678. Il s’agit du propre mari de Fayza, en manque affectif et sexuel, à qui sa femme fait souvent le « coup de l’oignon », tactique « potagère » claire, de nature à signifier qu’elle se refuse à lui ! C’est la société égyptienne toute entière qui est alors en cause : les hommes se marient tard et en attendant de convoler s’offrent des substituts en forme de tripotage dès que la foule permet des « rapprochements » de circonstance avec l’autre sexe (scénario valant aussi pour toute rencontre à l’abri des regards, dans une rue déserte par exemple). Et la misère sexuelle s’étend aux hommes mariés (comme Adel), contrariés dans leurs appétits par des épouses s’en tenant au « minimum conjugal », nettement ralenti quand les enfants sont nés. Incompréhension et silence mutuels : le lot quotidien des femmes agressées et des agresseurs frustrés, sur fond culturel de suprématie masculine… Trois portraits emblématiques : toutes les couches de la société sont touchées, les nanties comme les autres peuvent être un jour concernées (mais le calvaire de la femme des classes populaires est quotidien, alors qu’il faut des circonstances exceptionnelles pour la grande bourgeoise, ou la jeune « rebelle » – une foule incontrôlée à l’occasion d’une victoire égyptienne lors d’un match de la CAN auquel la première a accompagné un mari passionné de football, et la tentation d’un chauffeur-livreur roulant à sa hauteur pour la deuxième, coincé dans les embarras de circulation de la mégalopole – Le Caire, plus grande ville d’Afrique, avoisine les 16 millions d’habitants). On comprend dès lors que la plus exposée, pourtant par principe la plus soumise aux diktats masculins, trouve la force de se révolter (elle protestera aussi contre les brimades infligées à ses enfants, dont elle n’a pu payer l’école, avec force et détermination - belle scène de « piquet » volontaire). Elle devient ainsi un « leader d’opinion » inattendu, rejointe dans la riposte musclée par Seba, et confortant Nelly dans son obstination à ne pas renoncer à porter ses malheurs sur la place publique (alors que tout le monde l’en dissuade, à commencer par le policier « de base » qui refuse de recueillir sa plainte pour agression sexuelle, lui conseillant de la requalifier « correctement » en simples « coups et blessures », sans oublier ses parents, et futurs beaux-parents, tous attachés au qu’en-dira-t-on, et refusant le scandale et l’humiliation consécutifs à une action en justice, déjà largement médiatisée). L’analyse sociologique est d’autant plus pertinente que la fiction est largement inspirée par la réalité. Le procès Noha Rushdi de 2008 pour harcèlement sexuel a eu pour résultat de faire entrer l’incrimination correspondante dans le droit positif égyptien, mais quid d’un réel changement des mentalités ? La même année, plus de 90 % des femmes en âge de procréer étaient encore excisées en Egypte, et là encore toutes étaient concernées par cette horrible pratique immémoriale (dont le but avoué est d’éviter le vagabondage sexuel féminin avant le mariage, puis d’assurer la fidélité des épouses, simples objets du seul plaisir masculin et génitrices), car les mutilations sexuelles des Egyptiennes frappent aussi bien les musulmanes que la minorité copte, et n’ont donc rien de « religieux ». En 2007 (après le décès d’une fillette de 12 ans causé par une excision) la loi égyptienne était déjà intervenue pour interdire ces pratiques de MGF (Mutilations Génitales Féminines), avec un succès mitigé quand on sait que même de nombreux médecins avaient continué d’en faire clandestinement. La « révolution » actuelle fait quant à elle planer de sérieuses menaces sur la permanence de la pénalisation, d’autant que c’était Suzanne Moubarak, l’épouse du dictateur déchu, qui avait été à l’origine de l’interdiction de ces pratiques ignobles…. Le « pelotage » banalisé n’est donc qu’un fléau parmi d’autres en Egypte frappant les femmes. Un espoir solide réside cependant dans des écrits ou des films comme « Les Femmes du Bus 678 » quand ils émanent non pas seulement d’intellectuelles, mais aussi d’intellectuels comme Mohamed Diab. Ce dernier, il faut le souligner, a su écrire et mettre en scène un film choral au féminin, traitant avec conviction d’un sujet grave, d’un problème majeur pour la société et l’avenir de son pays, bien loin d’une simple polissonnerie inévitable à considérer avec indulgence, mais il l’a fait aussi avec finesse : ces beaux caractères féminins sont d’autant plus saisissants que leur histoire exemplaire est relatée de manière nuancée, en particulier sans manichéisme - loin de la foule des « peloteurs » modèle standard, il distingue certains hommes « de bonne volonté » (l’inspecteur Essam ou Omar, le fiancé de Nelly qui sait secouer les pesanteurs familiales pour soutenir la juste cause de celle-ci) dont l’écoute, voire l’humanisme purement et simplement, font échapper le propos aux généralisations réductrices. Ni dogmatisme, ni moralisation : juste l’espoir de se comprendre pour avancer ensemble dans la bonne direction (même si la route est longue et semée d’embûches !). Primé au Festival 2011 du cinéma méditerranéen de Montpellier (« Cinémed », « Prix du Public »), un film à découvrir, documentaire et romanesque tout à la fois, porté par trois superbes actrices (et quelques hommes, « pionniers » du dialogue et de l’estime entre les sexes). Mohamed Diab, « l’homme du bus 678 », est de bonne compagnie.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 31 mai 2012
    Un très belle découverte pour ce jeune cinéaste égyptien. Un film qui a une énergie incroyable avec ces 3 femmes qui se battent et se révoltent. Film très rythmé et touchant...un vrai bon film
    Enrico M
    Enrico M

    56 abonnés 24 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 mai 2012
    Un film formidable dont on ressort révolté et galvanisé. Parce que ces 3 femmes victimes de harcèlement sexuel (ce qui ne veut pas nécessairement dire "viol") comme la plupart des Egyptiennes, décident de se rebeller. Elles ne veulent plus être victimes et vont rendre coup pour coup. Ca fait du bien !!!! C'est ce qui fait de ce film intelligent et militant pour la cause des femmes, un film aussi de divertissement où on ne s'ennuie jamais. Franchement un super moment de cinéma.
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