Trois femmes égyptiennes de différents milieux, voilées ou non, cultivées ou non, plus ou moins jeunes subissent le harcèlement sexuel sous différentes formes : mains baladeuses, attouchements, violences, humiliations. Au Caire, c’est le sport national masculin. Difficile pour ces femmes de se rebeller ; la parole féminine est étouffée par les interdits religieux et les tabous moraux. Chacune mène le combat à sa manière : soit par la voie judiciaire, soit par la violence quasi terroriste, soit par les médias et l’opinion publique. Mais toutes 3 sont poussées à cesser le combat : la gêne de la famille qui parle de déshonneur, les autorités corrompus,… La vie de chacune est détruite par les actes subis au quotidien mais aussi par le prix à payer pour continuer la révolte. Mais l’union fait la force. Inspirée de faits réels, les autorités égyptiennes vont devoir ouvrir les yeux sur le statut de la femme. Dans ces pays où la morale prend le dessus sur l’individu, les femmes culpabilisent d’attirer le regard, peuvent se le reprocher entre elles, peuvent justifier une agression par le non port du voile,… Les hommes, intouchables, prennent des libertés avec elles et devant ce lot de femme asexuée ont tout de même les mêmes désirs. Le port du voile ne résout rien, on le savait.
Ce film est passionnant, utile et surtout militant. Mohammed Diab, grand fan d’Alejandro Inarritu, réalise un vrai film de cinéma inspiré de son maître. On retrouve les récits parallèles, les histoires qui se croisent, une unité de lieu où les destins s’entrelacent. Malgré l’aspect très documenté, on ne tombe pas dans le travers du documentaire, des clichés ou du pathos. Juste un peu trop pédagogique par moment, mais le récit est tellement fort et lucide que c’est à peine perceptible.
Un film indispensable pour la lutte sur l’amélioration de la condition des femmes dans les pays arabes. Pas étonnant qu’il est fait polémique en Egypte à sa sortie.