"Inspiré de faits réels". Ce message en tout début du film nous met tout de suite dans l'ambiance. Dans ce film, tourné juste avant le Printemps arabe, il est question de harcèlement sexuel, un fléau très présent en Egypte. Lorsqu'on met en cause l'Islam, le réalisateur réplique que l'Inde et le Mexique sont les 2 pays dans lesquels il est le plus présent, ce qui, pour lui, prouverait que le problème est plus économique que religieux. Oserons nous lui faire remarquer que, si le Mexique n'est pas musulman et si l'Inde ne l'est que partiellement, ces 3 pays ont pour point commun, outre la pauvreté, le fait d'être très religieux, avec toutes les frustrations sexuelles que cela peut engendrer ! Cela étant, le fait qu'un homme ait le courage de montrer et donc de dénoncer un tel phénomène mérite bien des louanges. Cet homme, Mohamed Diab, a d'abord travaillé dans une banque avant de devenir scénariste, avec 4 films à son actif. "les femmes du bus 678" est son premier film en tant que réalisateur. Il en a eu l'idée lorsqu'eut lieu le procès de Noha Rushdi, la première femme ayant porté plainte pour harcèlement sexuel, en 2008. Pour trouver la matière pour son film, la tâche a été difficile, la plupart des femmes n'osant pas avouer qu'elles ont été victimes de harcèlement sexuel. Une chanteuse célèbre en Egypte, Bushra, l'a beaucoup aidé pour passer de ce qui devait être un court métrage focalisé sur une seule femme à un long métrage consacré à 3 femmes de milieux différents. Bushra joue le rôle de Fayza, la femme du peuple, voilée, qui va répondre à la violence physique par la violence physique. Autre femme, autre défense : Nelly, la plus jeune, la plus audacieuse, qui porte plainte. Quant à Seba, elle appartient à la bourgeoise, elle fait des émissions à la télévision et elle hésite entre ces deux réponses. Concernant le fond, le film, qui deviendra très probablement le film de chevet d'Eric Zemmour, est très réussi. Concernant la forme, Mohamed Diab, qui cite Iñarritu parmi ses modèles, principalement en ce qui concerne l'entrelacs des parcours et des temporalités, n'a pas encore la virtuosité de son maître en la matière et le film est parfois un peu confus. On notera enfin que deux jours avant la Révolution, une loi est passée officialisant le délit de harcèlement sexuel. Toutefois, beaucoup de femmes continuent à avoir honte d'avoir été agressées et ne portent pas plainte. Bien souvent, elles ne disent même rien à leur entourage !