Avec Trance, Danny Boyle opère un retour aux sources de son œuvre, le thriller, genre qui l’a propulsé sur la scène internationale. Mais un thriller vraiment différent de ceux qu'on peut voir d'habitude, mental et sexy et qui, à trop vouloir tenter le coté psychique, tombe un peu dans le grotesque. Trance ne manque pas d’idées mais son maniérisme gratuit finit par fatiguer. Avec ce film, Danny Boyle nous prouve son talent pour manipuler le spectateur en lui donnant l’illusion de films extrêmement denses, quand sa mise en scène maniérée au possible n’est souvent qu’un cache-misère. Il livre donc un petit film dans la veine de ses deux premiers long-métrages, à savoir un thriller hautement manipulateur qui déploie un arsenal conséquent pour en mettre plein la vue, pour mieux cacher la vacuité de son scénario et ressembler à un grand film noir postmoderne aux yeux de quiconque se laisserait berner. Trance est pourtant loin d'être désagréable, notamment grâce à sa durée ramassée qui ne laisse pas vraiment le temps de s’ennuyer, mais il n’est que poudre aux yeux et hystérie pour pas grand chose. Il en faudra plus pour réinventer le film noir. Le problème est que Danny Boyle semble incapable de poser sa narration. La raison est simple : il n’a pas cette capacité qu’ont certains cinéastes à perdre le spectateur naturellement, il a donc besoin de le brusquer, de le violenter même, ou de l’épuiser. Ça peut parfois marcher et permettre à un film comme Slumdog Millionaire de lui faire gagner des oscars. Avec Trance, Boyle nous sort la panoplie du réalisateur qui a confondu film et clip musical : créer une confusion entre réel et imaginaire, le film jouant énormément avec la notion d’hypnose. Le scénario repose sur une succession de twists pour donner au spectateur l'illusion d'un récit bien mené et habilement manipulateur. Mais en réalité, il n'en est rien. Tous les jeux sur les objectifs, tous les filtres ou angles de caméras étranges ne changeront et ne cacheront jamais une narration défaillante. De plus, le film se veut développer un propos sexiste des plus douteux. Qu’il s’agisse de la scène avec Rosario Dawson qui émoustille tous les mâles en chaleur, d’une bêtise crasse, ou bien encore d'autres plans surréalistes, Trance se montre totalement idiot quand il s'agit de traiter son personnages féminin. Un choix d’autant plus paradoxal que le personnage est un pivot du récit, comme dans tout bon film noir qui se respecte. Mais Boyle parvient à néanmoins à faire un film qui a de la gueule niveau visuel. Au niveau du casting, James McAvoy y est fidèle à lui-même, c’est à dire très bon et impliqué, et les relations qui nouent le trio principal s’avèrent assez solides, à défaut de développer une quelconque émotion. Mais l’ensemble a beau être ludique, on ne peut cacher une cruelle absence de narration et de scénario. Trance est donc un film vraiment très moyen, qui a bien des difficultés à faire illusion.