Il n’est plus nécessaire de présenter Danny Boyle, un des réalisateurs les plus doués de sa génération. Après Sunshine, Slumdog millionnaire et 127 heures, le réalisateur britannique s’attaque ici à l’hypnose avec Trance. Ce film est-il à la hauteur des attentes ? La réponse dans quelques lignes.
Le film retrace l’histoire de Simon, qui fait partie d’un groupe de criminels qui vole des tableaux. L’ennui c’est que lors d’un vol, Simon a caché le tableau et il ne souvient plus où il l’a mis. Et c’est l’hypnose qui permettra de le retrouver. Une intro des plus efficaces laisse présager avec enthousiasme le bon traitement que le réalisateur aura apporté à son film. Il dévoile alors un scénario fort bien cousu et qui grâce à la beauté de son montage captive le spectateur dans son histoire. En prenant son temps pour poser chaque scène, il égaille notre curiosité, notre envie de réponse. Le film déroule alors parfaitement les scènes nécessaires à la compréhension des personnages et à l’investissement du spectateur dans le récit, jusqu’à arriver à un moment frappant par sa beauté narrative. Et c’est bien ce moment, le réel problème du film. En effet il montre d’une part tout le talent de Danny Boyle, mais annonce aussi la fin de la partie haletante du récit. Dès lors le film devient trop alambiqué, alors qu’il avait parfaitement jonglé entre les différents aspects narratifs auparavant. Le scénario s’éparpille et veut faire trop de choses à la fois, handicapé par une mauvaise gestion du dosage. Il accorde trop de temps à des scènes qui ne servent uniquement qu’aux personnages et ne font pas avancer l’histoire.
D’ailleurs ces mêmes personnages font montre d’un traitement inégal. Tout d’abord le personnage de Simon. S’il est très bien interprété par James McAvoy, il devient peu à peu relégué au rang de personnage secondaire et le film ne fait plus le lien entre lui et l’histoire, e qui était pourtant primordial dans l’attachement au personnage et à l’histoire durant la première heure. Le personnage (bien) joué par Vincent Cassel est finalement plus équitablement développé, même s’il est le moins attachant. Vient alors Rosario Dawson et son personnage d’hypnothérapeute…et les défauts du film. On ne sait pas si on doit l’aimer, la détester, si elle manipule ou si elle est manipulée, si elle est gentille ou si elle est méchante. Elle sème le trouble dans notre esprit et cela nous torture, tout cela pour arriver à une fin un peu tirée par les cheveux.
Toutefois, tout n’est pas à jeter dans ce film, et c’est là qu’on reconnaît que c’est un film de Danny Boyle. Il y a certains moments très bien mis en scène qui subjuguent par leur beauté et l’ambiance que le réalisateur parvient à installer. Certains moments apparaissent alors forts, et c’est bien dommage qu’ils ne soient pas mieux préparés antérieurement, ce qui aurait pu décupler leur puissance, existante en partie grâce aux musiques de Rick Smith. Ce qui est aussi fort dommage, c’est la perte de souffle lors de la deuxième heure. Le scénario farfelu torture le spectateur en affichant plusieurs scènes qui apparaissent vraies mais qui sont des rêves. On en vient alors à se demander à chaque moment si la scène est réelle ou irréelle et cela nous sort un peu du film.
De plus, on constate une absence totale de ressenti des enjeux des personnages à travers les différents passages qui leurs sont consacrés. Il y a donc un gros problème avec la deuxième moitié du film qui perd la construction intelligente et haletante instaurée avant.
On le pensait parti pour être un nouveau grand film de Boyle, mais entre illusion et torture d’esprit, il n’apparaît jamais de ligne conductrice du film. Avec de beaux moments trop rares et un récit qui ne favorise pas l’adhésion du spectateur, le film se perd, détruit par la manière trop ambitieuse de vouloir traiter l’hypnose.