Danny Boyle, au sortir de la cérémonie d’ouverture des JO de 2012, consacre toute son énergie à la mise en scène d’un polar psychologique qui divise. Résolument tourné vers l’avenir, Trance ne convainc pas les foules, un public ayant encore en tête 127 heures, Trainspotting. Ici, Danny Boyle s’offre le luxe de tourner un film destiné à un public exclusivement adulte, cela induisant violence et nudité, sans parler d’un récit passablement torturé. Sur fond de vol d’œuvre d’art, Boyle s’amuse à démontrer, non sans mal, la complexité de l’esprit humain, des souvenirs pouvant être manipulés, induits ou volontairement effacés. L’esprit du film n’est dans ce sens qu’une vision très fictionnelle des possibilités psychiques qui s’offrent à ceux sachant s’en servir.
La construction du film est à ce point aléatoire qu’il est difficile de ne pas y trouver une certaine originalité. Personnages torturés, mauvais ou simplement opportunistes, courent par appât du gain sur les traces d’un tableau malencontreusement perdu. Mais est-il perdu? James McAvoy, toujours meilleur acteur, prête ses yeux bleus au personnage principal, travailleur ayant basculé du coté obscur du business. L’on pourra également se réjouir de retrouver Vincent Cassel, en forme, mais aussi Rosario Dawson, actrice rare mais sans limites qui s’affiche une fois de plus comme une femme indéfinie dans un monde sale et sans pitié. Le twist final offre qui plus est à Boyle la possibilité de travailler, une fois n’est pas coutume, là ou l’on ne l’attendait pas.
Violent, psychédélique, Trance se caractérise surtout de part une approche visuelle toute singulière. Sur fond de musique électronique, le cinéaste ne s’offre jamais le luxe de la facilité, préférant montrer des images prise au travers de surfaces transparentes ou de miroirs, excluant les gros plans fixes pour préférer la diagonale, les zooms sur les éléments colorés de l’image pour en extraire les parties sombres. Difficile alors de ne pas accorder à Danny Boyle une réelle velléité de se tourner vers un cinéma moderne, le cinéma de demain, dans une forme toute particulière.
S’il ne sait pas mieux raconter une histoire que n’importe lequel de ses confrère, le réalisateur britannique sait pourtant, mieux que quiconque, créer une atmosphère particulière pouvant faire oublier les quelques lacunes scénaristique qui entachent parfois ses œuvres. C’est le cas ici, alors que l’on s’interroge parfois sur la légitimité des sentiers choisis pour en arriver à la conclusion. Vivifiant, d’une beauté visuelle très moderniste, Trance n’est dès lors pas un thriller anodin mais plutôt un film lyrique inattendu mais incompris. L’accord de l’image à la musique est également l’une des force de la mise en scène de Boyle, qui ici, n’en n’est pas à combler le temps, 127 heures, mais à devoir trouver le temps de raconter toute les subtilités du scénario. Excellent mais trop peu substantiel pour vraiment convaincre. 14/20