Jusqu’ici, Danny Boyle réalisait presque le sans faute, et ce malgré la grande diversité de sa filmographie. Que sa production soit orientée horreur (28 Jours plus tard), science-fiction (Sunshine), ou dramatique (Slumdog Millionaire, La Plage), le réalisateur britannique a toujours su imposer son style et faire de sa production un must see. Cette année, c’est au jeune James McAvoy qu’il confie le poids de la réussite, avec qui il fera cohabiter notre Vincent Cassel national et la belle Rosario Dawson, dans un thriller psychologique qui possède, sans se cacher, autant de bons points que de mauvais.
C’est sans préambule que débute le métrage, à cent à l’heure, dans ce qui ressemble davantage à une production d’action contemporaine qu’à un thriller boylien. Un contexte de vol à main armé lors des enchères dans lequel James McAvoy prend place, dans le rôle d’un agent double aux motivations floues, qui joue également le rôle de narrateur, pour faire entrer le spectateur dans un labyrinthe scénaristique sans fin.
Dans la forme, Trance est un excellent métrage : sa mise en scène rime avec travail acharné, qu’il faut reprocher au perfectionniste derrière la caméra, pendant que musicalité, bien que présente en abondance, cadencera un récit de ses notes brillantes et entraînantes. Une complémentarité exemplaire que l’on vérifiera entre autre en pleine campagne française, sur un air classique « démodé », où les couleurs sombres du métrage s’abandonnent aux couleurs gaies et rassurantes, donnant ainsi l’illusion à Simon qu’il est en totale maîtrise de sa conscience, puisqu’il matérialise les choses à sa façon. Mais c’est à travers les plans de caméra que Danny Boyle trahi sa présence et montre patte blanche. Quelques plans très beaux, ponctués d’effets artistiques admirables, où un casting en forme pourra jouer de sa réputation sans aucune censure, tant au niveau de la violence que de la nudité, ce qui s’avère, ô combien, libérateur de nos jours.
Dans le fond, par contre, le tableau est plus contrasté. Et l’unique reproche ne tient qu’en une seule ligne : l’élaboration d’un scénario casse gueule, qui mène le spectateur en bateau tant il se veut compliqué pour au final être si simple. Désabusé, voire aigri, font partis de la palette de sentiments que l’on peut ressentir à la sortie du film, tant on a l’impression d’avoir voyagé en terre inconnue et de s’être fait pigeonner sur la seconde moitié du film. Entre un scénariste maniaque qui s’improvise magicien en multipliant impasses et retournements de situation et un réalisateur qui va dans son sens en rajoutant une dose de brouillard dans son traitement conflictuel, le mal est fait. Dès lors, le film se complexifie massivement, perd son intérêt premier d’expliquer l’hypnose et sombre peu à peu dans le grand chantier de l’inabouti. Une mascarade qui s’étale sur une demi-heure pour finalement conclure avec une pseudo-explication sur la fin, qui aurait pu donner lieu à un métrage nettement moins élaboré. Bref, le scénario ne tient pas la route et incite à l’accident.
Ainsi, en dépit des qualités premières du métrage, c’est une véritable désillusion qui nous est transmise, en raison d’un scénario trop poussé mais mal calibré. Peut-être le scénariste a-t-il été en transe lors de l’écriture, mais nous ne l’avons été lors du visionnage. Toutefois, point de panique, vu sa réputation, Mister Boyle se rattrapera…