Xavier Palud qui a traversé l’océan pour réaliser le pathétique et inutile remake de The Eye et qui avait pourtant emboité le pas avec l’intéressant Ils, revient ici seul pour un thriller. A l’aveugle est une production tout droit sorti de l’écurie EuropaCorp mais est également le premier film à sortir sous le giron de de Weareproducteurs.com. La campagne d’affichage avait l’air pourtant très alléchante avec un face à face entre Gamblin et Wilson, de la même manière que celle de Heat. De plus, la bande annonce laissait présager un thriller noir et assez musclé. Sauf qu’au final, on est bien déçu du résultat, la campagne promotionnelle a donc été bien faite que bons nombres de spectateur sont tombés dans le panneau. On est bien déçus car les sérieux atouts de départ ne sont ici que pour vous attirer vers les salles mais ne sont pas visibles durant le film. A l’aveugle est donc très loin d’un film comme Heat ne serait-ce que dans la réalisation mais aussi dans le scénario assez navrant. Xavier Palud nous fait même douter de ces talents lui qui nous avait bien surpris par sa première réalisation signe ici un film se second zone sans intérêt et qui souffre douloureusement d’enjeux dramatiques inexistants. Par moment, on a l’impression de retrouver de façon négative l’ambiance d’un film d’Olivier Marchal qui semble ici être une tentative de copie de la part du réalisateur, notamment dans le personnage de Gamblin, vieux flic assez névrosé. Il est clair qu’on est très loin de retrouver une ambiance à la Olivier Marchal, on se rapprocherait plus d’un épisode à la Julie Lescaut, réalisation aussi peu travailler, direction d’acteur assez bas et inexistant, intrigue plus que téléphoné qui n’aurait peut-être pas mérité d’être montré au cinéma, les situations sont assez navrantes et surréalistes. Pourtant le film commençait bien, avec un crime au graphisme impeccable et assez cru, le tout aidé par un film au comportement suicidaire dont on ne comprendra pas tout, mais très vite le film tombe dans le niveau du scénario, n’arrive pas à maintenir un cap intéressant. Le film continue sans le moindre intérêt, le moindre rebondissement dramatique et sans la moindre tension. Le personnage de Jacques Gamblin est ici mis en avant pour essayer d’y dégager une émotion mais à sa décharge, les seconds-rôles sont justes grotesques et ne font que tapisserie. Le problème est donc de même pour Lambert Wilson qui est très vite annoncé comme le tueur, aucun suspens n’est ménagé. Le tueur est très vite désigné dès qu’il entre dans le bureau du flic pour donner sa déposition, le tout aidé par une musique au cas-où le spectateur n’aurait pas compris. Ainsi le duel entre le méchant et le flic ne donne pas lieu comme on n’a pu le voir dans d’autres films un thriller palpitant, bien que la figure reste classique et devient encore plus mauvais quand de bons acteurs comme Wilson se retrouve durant tout le film en roue libre, qui pour le coup en fait des tonnes, il ne manque que le rire méchant et on se croirait dans un film Disney. A l’aveugle n’a donc au final rien de bon, dommage car quand on sait que au scénario on retrouve Eric Besnard qui était pourtant à l’origine du scénario du Convoyeur, on s’attendait à mieux. Peut-être s’est-il dit qu’il pouvait tout tenter. On reconnait volontiers une tentative de la part des auteurs de remplacer les nazis par les talibans pour essayer de relancer une intrigue, dommage qu’on parte très vite dans le hors sujet. A l’aveugle est donc un film très parfaitement exécuté sur le plan professionnel sans toutefois révolutionner quoique ce soit mais ayant un lourd handicap : le scénario, nourri de dialogue imbécile, de clichés, caricatures : le fils homo dont son copain est journaliste. On atteint même le ridicule à la fin avec un affrontement en mode western avec une morale engagée : vendre des armes aux ennemis n’est pas bien. Au final ce film est à oublier et préféré le court-métrage L’accordeur dont A l’aveugle reprend quelques éléments.