Sur le papier, ce thriller français avait tout pour faire envie, deux grands acteurs et un pitch intéressant. Le polar français étant en plein renouveau grâce à des réalisateurs audacieux biberonnés aux polars américains comme Fred Cavayé ou Eric Valette, il y avait tout lieu de se dire qu’on passerait un bon moment devant un film de qualité… Et bien… non !
La commandant Lassalle, bourru et dépressif (tiens, j’ai déjà vu ça au cinéma disons… cent fois pour être gentille !) est chargé d’une enquête sur un meurtre particulièrement atroce, puis sur un second tout aussi spectaculaire mais très différent. Contre toute logique, il voit en ces deux affaires très différentes des points communs et ses soupçons s’orientent vers un accordeur de piano aveugle. Mais comment un aveugle pourrait réussir ces crimes particulièrement spectaculaires ? Et surtout, quel serait son mobile ?
Le problème de ce film ne réside pas dans la qualité de l’interprétation. Les acteurs font de leur mieux, et particulièrement Jacques Gamblin et donnent le maximum de ce qu’ils peuvent donner dans des rôles si peu écrits. J’ajoute une petite mention spéciale pour la très charmante Raphaëlle Agogué qui apporte une touche de charme et de fraicheur particulièrement bien venue dans un polar à l’atmosphère particulièrement glauque. Le problème ne vient pas de la réalisation, propre à défaut particulièrement brillante, assez scolaire pour tout dire. Non, le problème vient indéniablement du scénario. Comme me la faisait remarquer la personne avec qui j’ai vu ce film, tout est prometteur jusqu’à la fin de la première demi-heure. On se dit qu’on est devant un polar intéressant, qu’on va assister à un face à face en forme de partie d’échec entre deux fortes personnalités : un flic intelligent et un tueur machiavélique aux motivations insondables… Sauf qu’au bout de cette première demi-heure, le film tombe dans la facilité et plus les minutes passent, moins on est emballé par cette enquête et son dénouement qu’on voit arriver gros comme une maison tellement il est sans surprise ! Le problème de ce film, c’est que tout est survolé, rien n’est véritablement et intelligemment creusé : la relation père-fils entre le commandant et son fils gay, la relation de tendresse platonique entre Jacques Gamblin et son charmant lieutenant, et je ne parle pas des motivations profondes du tueur… Si
on veut véritablement aborder le problème (où il y aurait surement beaucoup à dire !) du trafic d’arme et des relations de l’armée française avec les pays en guerre, on ne le fait pas comme çà, de façon caricaturale et simpliste ! L
’enquête du commandant Lassalle va trop vite, il devine tout tout de suite, comprends tout trop vite, ce n’est pas franchement crédible. Les personnages secondaires sont des vrais stéréotypes (le méchant général ambitieux et manipulateur, le flic de l’IGS à la fois bête et méchant, etc…) et on finit par se demander si ce scénario n’a pas été écrit en deux heure sur un coin de table… Baclé ! C’est mot qui convient je crois à ce polar sans imagination et sans génie, pour tout dire sans grand intérêt !
Un truc quand même m’avait fait tiquer pendant le générique de début… « Produit par Luc Besson et Europa corp »… Autant je n’ai jamais renié le talent et le flair de Luc Besson sur ses propres films (dont certains sont dans ma DVDthèque), autant en tant que producteur, il m’a déçu quasiment 9 fois sur 10. Cette fois c’est sûr, on ne m’y reprendra plus !