On peut avoir tendance à croire qu’Enzo G. Castellari s’est beaucoup inspiré de « Death Wish » avec Charles Bronson. En effet, dans « Il cittadino si ribella », on retrouve le concept du citoyen propet et bourgeois qui subit de pleine face la criminalité sordide, et qui décide de se faire justice soi-même devant l’inefficacité de la police.
Sauf qu’en réalité, les deux films sont sortis en 1974 ! D’ailleurs, « Death Wish » est sorti en Italie après celui de Castellari. Il faut croire que l’auto-justice était une thématique universelle à l’époque… Pourtant, le film de Castellari est plus intéressant et plus profond que celui de Michael Winner.
Déjà, parce que l’on sent que le film est fortement influencé par les années de plomb, cette période de grand violence urbaine en Italie. Avec cette ambiance pesante à l’écran, où ce monde criminel grouille et s’excite alors que les forces de l’ordre sont impuissantes. Ce qui lui donne aujourd’hui un aspect presque historique.
Ensuite, parce qu’il s’agit d’un brûlot politique. Dénonçant la criminalité rampante, l’inefficacité de la police, le racolage de la presse, et surtout un sentiment croissant d’injustice chez les citoyens, qui sont davantage des vaches à lait que le moteur économique du pays.
Enfin, parce que le scénario est assez fin. Loin de présenter un homme qui s’arme et chasse les voyous sans trop sourciller, ici notre protagoniste va souffrir en permanence, et sa mission sera remise en cause régulièrement. Il sera d’abord humilié par des braqueurs. Quand il tentera de les traquer, il comprendra douloureusement que son statut de bourgeois propret n’a rien à faire dans cette mélasse criminelle qui le repère à 20 bornes. Et il s’entêtera alors que tout le monde lui dit d’arrêter, récoltant plus de baffes que de satisfaction.
En prime, c’est plutôt bien mené. Une jolie BO des frères Angelis. Franco Nero charismatique et touchant en ingénieur rousté et dépassé. Quelques bonnes têtes du cinéma italien (dont Giancarlo Prete, qui sera un habitué de Castellari). Et une mise en scène qui offre quelques fulgurances, avec de bons ralentis (ce dont Castellari abusera dans les années 80). Dont notamment un braquage introductif nerveux, et un règlement ce compte final assez sombre.
Du bon poliziottesco, tendance vigilante !