J’attendais peu de ce film qui fleurait bon la grosse comédie US avec ses grosses vannes habituelles et sa subtilité toute relative. Mais, au final, et malgré un pitch prometteur de nanar, "Les Miller : une famille en herbe" (je passerai respectueusement sous silence ce que m’inspire ce titre français) s’avère être une bonne surprise qui, sans aller jusqu’à égaler les récentes réussites de "Very Bad Trip" et autre "Comment tuer son boss ? ", fait mieux que remplir son contrat. Premier point positif : les dialogues, très drôles et gentiment irrévérencieux qui refusent le ton policé des comédies US lambda où tout gros mots est proscrit. Les gags (forcément décalés) sont, également, une vraie source de satisfaction puisque le film réserve quelques grands moments (le couple de campeurs avides de nouvelles expériences sexuelles, les discussions avec le méchant commanditaire…) et le rythme comique est plutôt soigné, malgré quelques baisse de régime par moments. Ces "trous d’air" narratifs sont, souvent dues aux séquences dites "d’émotion" avec ses inévitables passages obligés dont le public américain raffole tant (on n’échappe pas à la leçon de morale US "la famille, c’est important ! ") mais, également, à certaines vannes lourdaudes ou téléphonées (voir la scène de l’apprentissage du baiser ou le passage de la douane). Car, et c’est peut-être le principal défaut du film, l’intrigue n’est pas un modèle d’originalité, de sorte que, lorsque les gags sont aussi attendus que l’évolution de l’histoire, ils tombent à plat. C’est, paradoxalement, ce qui fait, également, la force du film puisque, lorsque les gags prennent le spectateurs à rebrousse-poil (et c’est la cas de bon nombres d’entre eux), ils sont très drôles. "Les Miller" sort, ainsi, son épingle du jeu grâce à ce ton gentiment atypique qui vient transcender une histoire somme toute bateau. Il peut, également, compter sur un casting d’habitués du genre, tels que Jason Sudeikis (qui confirme son statut de grand acteur comique), Jennifer Aniston (même si sa plastique est trop mise en avant), Ed Helms (excellent en méchant mégalo) ou encore le couple formé par les hilarants Nick Offerman et Kathryn Hahn. On retrouve, à leur côté des découvertes telles que Emma Roberts (qui, enfin, réussi à faire passer une émotion sur grand écran) et l’invraisemblable Will Poulter dont on devrait entendre à nouveau parler, rien que piour sa gueule incroyable. Seule fausse note, Tomer Sisley qui camp un trafiquant censé être terrifiant et qui s’avère assez ridicule. "Les Miller" a donc réussit son pari, qui n’était pourtant pas gagné d’avance, en comptant sur un casting solide et des vannes surprenantes. Espérons, néanmoins, que les producteurs ne nous pondent pas une suite, du fait du succès du film… le filon étant loin d’être inépuisable !