Après un excellent premier film, American History X, qu’il a renié avant sa sortie et un deuxième film Black Water Transit juste passé à Cannes, l’excellent Tony Kaye réalisait Detachment, traitant du système scolaire américain.
Comme pour son premier long, le film de Tony Kaye possède un sujet très lourd, qu’il traite de manière assez subversive (on voyait la vie côté néo-nazi dans American History X, on passait de la couleur au noir et blanc dans une séquence d’illumination emprisonnée…), ici en traitant du système scolaire américain du côté des professeurs, à bout, laissés pour compte, pris pour des abrutis (la séquence de la présentation d’Isaiah Whitlock Jr., où il n’y a malheureusement pas sa marque de fabrique) avec des élèves absolument pas concernés car oubliés dès leurs premiers échecs. Pour se faire, on s’appuie sur une mise en scène divine, faite de plans granuleux, de gros plans vraiment marquants et surtout d’un narrateur qui apparait, gros plan à l’écran aux moments clés du film. Le tout agrémenté de petites animations qui montrent des dessins correspondants aux scènes se faire.
Hormis cette mise en scène parfaite, il y a l’excellence du jeu d’acteurs qui rend ce film passionnant : Adrien Brody est génial, mais Marcia Gay Harden, James Caan et surtout la très émouvante Lucy Liu sont absolument fantastiques. Les jeunes sont très bons aussi, dans la retenue, pour ne pas tomber dans le cliché des films estudiantins des USA. Le prof ne réussit pas forcément sa mission, il part sans se retourner, mais un message d’espoir (comme dans American History X) est distillé insidieusement.
Detachment est un film magnifique, une réussite incommensurable et le premier chef d’œuvre d’une année 2012 qui commence bien. Et puis, voir William Petersen devenir gros comme une loutre, ça ne se manque pas.