Hier je suis allé voir Detachment. C’est l’histoire d’un prof de remplacement qui s’appelle Mr Barthes, ce qui sonne souvent comme Mr Barf, ce qui tombe bien pour un film qui m’a donné envie de vomir. Ce film n’est as juste un mauvais film, c’est un film haïssable.
On comprend assez vite, dès les premières images, que l’on va passer un sale quart d’heure. Le film s’ouvre sur des images en noir et blanc de fausses interview de profs qui racontent leur arrivée dans l’éducation nationale. Ça ressemble à une pub pour une assurance ou une campagne de prévention contre l’hépatite. Cela sonne faux, et surtout chaque personne raconte grosso modo la même chose (donc à quoi bon avoir pris plusieurs témoignages) : « je suis arrivé dans l’éducation sans vraiment le vouloir, je suis coincé le dedans, et ça me fait que moyennement plaisir ».
Après cette introduction et une citation de Camus pour faire bien (et expliquer ce que le film nous redit sans cesse : Adrien Brody/Mr Barthes est comme l’Etranger, il est comme vide et détaché). Et ça ne s’arrange pas. L’histoire n’est qu’une succession de vignettes glauques, une addition sans réelle progression. Dès le début ça ne va pas et ça continue à aller mal, il n’y pas vraiment d’évolution, juste de la surenchère qui crée à peine un arc narratif : (attention spoiler)
non seulement Barthes est remplaçant dans une sorte de ZEP où tous les élèves sont des ignares plus ou moins agressifs, mais en plus son grand père incestueux est entrain de mourir à l’hôpital en se faisant dessus, mais en plus un prostituée mineure qui s’est faite violé tombe amoureuse de lui, mais en plus sa mère s’est suicidé, etc…
Ce systématisme finit par jouer contre le film lui-même si bien qu’on finit par rire, là où on devrait être ému, tellement le film est peu finaud dans ce qu’il déblatère. Et je n’ai même pas encore parlé des élèves : le film ressemble pour ce qui les concerne à un trop long vidéo clip sur le mal-être adolescent, genre Beautiful de Lady Gaga, avec prix spécial du personnage cliché-on-sait-toujours-ce-qu’il-va lui-arriver-avec-5-min-d’avance pour la grosse-fille-artiste-mal-dans-sa-peau-incompris-de-son-papa-et-amoureuse-du-prof-qui-l’a-écoutée. Autour de totu ça gravite des personnages secondaires (voire tertiaire) qui ont tous droit à leur scène je pète les plombs et je donne tout et je pleure pendant 2 min, avec prix spécial pour Lucy Liu, ou
la scène de torture du petit chat (scène gratuite et assez inutile qui ne sera par la suite jamais exploitée)
Donc scénaristiquement on est dans un film qui ne fait pas dans la nuance, qui se répète beaucoup… Ça pourrait encore passé, après tout la plupart des films de Lars von Trier ont souvent aussi ce défaut de la surenchère et du systématisme. Mais eux sont sauvés par une mise en scène intelligente.
LE PLUS IMPORTANT :
Ce n’est pas le cas ici, et c’est le point me touche le plus et qui fait que j’ai haï le film (ce qui est une chose assez rare). La mise en scène fait comme la scénario, il est dans l’accumulation, l’addition : Outre les images du film en tant que tel (qui copie la mode du faux doc, avec caméra maladroite et flou, qui ne sont que des tics inauthentiques, un truc à la mode), il y a donc cette ouverture au noir et blanc, mais aussi une interview face caméra du personnage de Brody (interview faite par qui ? pour quoi ? on ne le saura as et on s’en fout, car on sait que ce n’est qu’un autre truc, et jamais on ne crois à ce « témoignage » larmoyant qui interrompt le récit pour nous dire de vive voix ce que l’on voit déjà), mais aussi des flash back en super 16, mais aussi un voix off (au cas où on n’aurait toujours pas compris), mais aussi des flash en animation. C’est un peu une american pie fourrée au donut fourré au cheesecake fourré au brownie, etc…. ça mange à tout les râteliers, ça ne semble jamais sincère dans les intentions, le thème de l’histoire (les problèmes dans l’éducation nationale américaine) semble un prétexte pour faire dans le sensationnel.
Adrien Brody s’en donne à cœur joie pour nous faire son numéro : vas y que je prends ma petite voix éraillé, que je te fais mes yeux de chien battu… ça cabotine.
Il y a un moment où je me suis dit « ouf », c’est quand dans la bo on entend la chanson « Empty » de Ray Lamontagne qui est l’un de mes chanteurs préférés, mais ce ne fut un répit que de courte durée tant il révélait bien la bêtise du film : choisir un chanson avec texte qui redit ENCORE ce qu’on nous a bassiné pendant déjà une heure : « Will it always feel this way/ SO empty, so estranged ? » C’est vraiment prendre de manière insultante le spectateur pour un idiot, ou ne vraiment pas avoir confiance en son film que d’utiliser la bo pour nous redire que M Barthes est « vide » et « comme étranger »… Enfin on a déjà cité Camus avant le générique quoi !