Vu le profil physique d’Adrien Brody, on pouvait se rassurer sur un point. Detachment n’allait pas nous entraîner avec un prof bodybuildé qui allait mettre une correction à la fois physique puis psychologique à des caricatures d’élèves en rupture de ban, de préférence amateurs de rap black US violent.
Une bonne sauce américaine, bourrée de clichés comme nous pouvons en avoir aussi en France, où l’on stigmatise des minorités faire valoir et en même temps, où certains bien pensants les dédouanent de toutes responsabilités en rejetant sur la société tous les maux. En un mot comme en cent, ce type de sujet sociétal est un terrain glissant qui peut vite tomber dans la facilité, le pathos, l’excuse. Point de cela dans le nouvel opus de Tony Kaye, réalisateur de l’excellent American history X, film dérangeant traitant du racisme. Dans Detachment, il n’y a pas qu’un film, qu’un sujet mais plusieurs et chacun aura loisir de se laisser entraîner vers son penchant naturel et être bousculé dans ses certitudes, sa vision partielle et souvent partiale, ce qui n’est que naturel. Trop de sujets dans ce film ?
Peut-être car il semblerait que Tony Kaye pousse à l’envie la tentation de traiter beaucoup de traumatismes culturels et de s’attaquer à l’un d’entre eux, éminamment sensible, l’éducation et le devenir de notre avenir, nos enfants. Dans le même temps, c’est une dénonciation facile, mais tellement vraie de l’échec des politiques successives concernant l’éducation, comme une malaise universel, mondial. Tant que les politiques, les institutions, les profs, même, ne comprendront pas qu’il faut interdire la politique à l’école, dans l’école, concernant l’école, nous n’en sortiront pas.
Pour autant, Detachment n’est pas un plaidoyer unique, mais traite de la solitude, des peurs, de l’incompréhension, de la voie sans issue. Certains reprocheraient à ce film de tomber dans le pathos ou d’utiliser des clichés, parfois. Et alors dirais-je ? Cette analyse n’est pas complètement objective par ailleurs, car dans cette optique le ‘’happy end’’ est obligatoire et ce n’est pas le style favori de Tony Kaye. Adrien Brody est très bon en professeur névrotique de sa propre vie, confronté aux échos ravageurs des détresses senblables.
Betty Kaye, fille du réalisateur campe le personnage de Meredith avec facilité et il convient enfin de citer Sami Gayle, dans le rôle d’Erica, adolescente abandonnée à la rue et sa pire version. Sami Gayle y joue magnifiquement bien et est encore plus déchirante une fois en instance de ‘’normalisation’’ – Cette petite de 16 ans, (22/01/1996) joue aussi dans la série actuellement sur petit écran en France, Blue Bloods aux côtés d’un certain Tom Selleck. Entre Meredith et Erica, on retrouvera une certaine opposition de traitement comme dans Black swann avec la délicieuse Natalie Portman. Ce parralèle n’est pas innocent tant on a le sentiment que cette jeune actrice est en devenir et rappelle furieusement une autre sublisime actrice, une certaine Jodie Foster, inoubliable dans son rôle d’Iris dans Taxi Driver.
Tony Kaye n’oublie de nous mettre la pression à l’extérieur de ce microcosme et par le biais du grand père de Bartes, nous livre une vision un peu noir tout de même des environnements et des différentes phases de notre vies. Detachment est un film noir, noir foncé, mais il reste finalement une petite pépite birllante, cette légère petite flamme qui peut laisser à penser que rien n’est tout à fait vain. Une histoire, un film à cela de compliqué qu’il se doit en peu de temps d’expliquer, de présenter.
Alors, on concentre malgré soi. De là à dire que le salut n’existe pas, la tentation est grande, à moins que le message principal ne tienne en une seule phrase, ‘’de grâce, pensez à parler, car cela est vital, de grâce, pensez à écouter, car cela sera vital, pour vous aussi’’
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