Detachment peut se targuer de plans magnifiques, avec une photographie maîtrisée, et d’un casting impeccable : Adrian Broody, Marcia Gay Harden (Damages), Christina Hendricks (Mad Men, Drive), Lucy Liu et même un chouilla de Bryan Cranston (héros de Breaking Bad qui décidément apparaît sur tous les écrans en ce moment). Alors pourquoi le public, dont je fais partie, tend-il à le noter avec sévérité ?
SYNOPSIS
Henry Barthes est un professeur remplaçant qui réussit, malgré des conditions de travail souvent difficiles, à garder une certaine distance émotionnelle par rapport à ses élèves. Son passage dans un lycée particulièrement difficile de la banlieue New-Yorkaise va remettre en question sa ténacité et bouleverser son existence.
Je suis bien trop dure avec ce film qui m’a pourtant beaucoup touchée. Trop, même. En fait, en sortant, j’avais envie d’ouvrir une fenêtre tout en haut de la Tour Montparnasse et de m’en jeter après avoir demandé pardon à la société et aux générations futures. Pardon pour quoi ? Je ne sais pas, mais si tu as tendance à culpabiliser, tu vas en prendre pour ton grade avec Detachment.
D’une part donc, nous avons un aspect dramatique extrêmement efficace visant à nous faire réaliser les défauts d’un système éducatif inadapté, et le quotidien difficile des professeurs confrontés à une réalité épuisante. Par système éducatif, le film ne s’arrête pas aux écoles mais s’attarde également à l’indifférence de parents qui laissent leur enfants partir à la dérive. Detachment, c’est donc celui qu’Henry tente à grand’peine de garder pour se protéger, mais également le détachement dont font preuve ces parents, responsables d’une génération en détresse.
Avec une mise en scène impressionnante, Tony Kaye nous livre, encore plus qu’un drame, un véritable compte-rendu. Pas de clichés, et pas question non plus d’épargner les sentiments du spectateur. Vraiment intéressant. D’ailleurs, il remporte le Prix de la Critique Internationale au Festival de Deauville en septembre dernier. Entre autres.
…intéressant, et déprimant. Malheureusement, le scénario verse bien souvent dans le pathos, accompagné de la voix off moralisatrice d’Adrian broody Brody qui rendra la dernière demi-heure de film à peine supportable. A voir, pour l’émotion et la beauté, mais préparer en conséquence Kleenex et Kinder à la sortie.