L’Histoire, Paul W.S. Anderson n’en a pas grand-chose à faire. Ce qui l’intéresse, c’est son potentiel mythique, son réservoir inépuisable de fiction. Nous suivons donc les amourettes chaudes comme la braise (sic) d’une aristocrate et d’un esclave (sic) qui, seul rescapé du massacre de son peuple alors qu’il n’était qu’un jeune enfant (sic), entend bien venger ce forfait et profite du séjour du responsable et futur époux de sa bien-aimée (sic), le grand méchant Corvus, pour l’affronter (sic). Tout cela n’a, d’un point de vue historique, aucun sens. Pourtant, Anderson fonce tête baissée et plonge son petit monde dans un déluge d’effets visuels, assez réussis au demeurant. Là se tient, peut-être, l’intérêt de Pompéi : pousser le grandiose si loin que le geste du réalisateur en devient radical. Se croisent sous nos yeux ébahis – et pour un temps lassés par ce Gladiator de pacotille – un récit d’affrontement et une tragédie tant naturelle que culturelle (quel manuel d’Histoire ou de Latin ne traite pas de cet évènement ?), dans cette même conviction que le potentiel extraordinaire de l’un pourra accroître le potentiel extraordinaire de l’autre, et vice-versa. Dans l’interdépendance de l’intime et du grand-spectacle, du fait historique et de l’universel, Anderson transforme la colère du volcan en menace sourde posée en toile de fond. Ce rejet du sujet (le titre et l’affiche laissent attendre une irruption qui ne vient que tardivement), ce souci de faire vivre ses protagonistes et leur cause certes anachronique, mas adaptée à notre société contemporaine, confèrent à Pompéi une identité qui, loin d’en faire un bon film, le changent en objet de curiosité gonflé aux amphétamines, d’où l’ennui est aux abonnés absents. Très balourd, mais très efficace.