Les clichés ne sont ni plus ni moins que des situations, des personnages, des événements stéréotypés à l'extrême dont les artistes peuvent s'inspirer librement. On a trop souvent tendance à cracher sur ces clichés et à oublier que, finalement, ils sont à la base de toutes nos fictions, qu'elles soient géniales ou médiocres. Ce qui vraiment est dérangeant avec ces " clichés de genre ", c'est qu'ils sont trop souvent pris tels quels, sans aucun apport original, sans aucun traitement particulier, sans talent: trop de réalisateurs se contentent à mon sens d'intrigues prédigérées, prémâchées, comme si le cinéma s'enlisait dans une perpétuelle révolution. Pompéi en est le paradigme. Dans ce film se mêlent idées préconçues et images réchauffées au micro-onde, de telle sorte que pendant deux heures, le spectateur est écrasé par un sentiment de déjà vu qui gâte douloureusement ce qui aurait pu être un bon divertissement.
Une vengeance, une rébellion, un amour impossible, un élément impondérable qui conduit les personnages à une mort inexorable...
Tout porte à croire que monsieur Anderson, dans une tentative maladroite de rendre hommage aux titans du cinéma, a cru bon d'emprunter divers topos, divers mécanismes au brillant Gladiator de Ridley Scott, à la série péplum édulcorée de DeKnight Spartacus, voire même au cinéma catastrophe de Roland Emmerich pour ce qui est de l'éruption du Vésuve.
Peut-être même pourrions nous aller jusqu'à dire que le réalisateur de Pompéi s'inspire du Titanic de James Cameron dans le traitement ô combien usité du thème de l'amour impossible et de la puissance du sentiment amoureux, même dans la mort
. Mais l'ensemble peine à convaincre: les acteurs, loin d'être mauvais, ne parviennent pas à nous convaincre. Kit Harrington, qui pour la première fois obtient la tête d'affiche, semble particulièrement limité dans le transfert d'émotions, et son physique masculinisé à l'extrême le transforme en une créature de cire et de plastique. Il est alors impossible de s'éprendre de ces personnages tant ils sont impersonnels et creux. Visuellement, le film est très correct, et je regrette de n'avoir pas pu le visionner au cinéma. Les décors sont beaux, recherchés, les effets spéciaux réussis, même si il aurait été appréciable d'atténuer l'effet grandiloquent de l'ensemble. Il faut tout de même féliciter le gros travail fourni par l'équipe du film pour assurer une véritable cohésion esthétique au film, et pour son choix louable de s'approcher aussi près que possible de la véracité historique des événements dépeints ( le tremblement de terre annonciateur de la catastrophe pyroclastique, le tsunami... ). C'est une chose qui doit être porté au crédit de ce film. Est-ce néanmoins suffisant pour faire oublier les nombreuses incohérences scénaristiques qu'il comporte ? Selon moi, non. Comment le mur d'enceinte de la ville peut-il contenir la fureur des eaux qui vient tout juste de ravager la moitié du quartier résidentiel de Pompéi ? Comment Atticus, aussi solide soit-il, peut il briser le glaive romain planté dans son flanc à mains nues ? Ce sont là autant d'éléments qui gâchent le plaisir du divertissement qu'aurait pu offrir ce film, ce qui est d'autant plus frustrant que l'idée générale était alléchante et que les différentes bandes-annonces et affiches publicitaires du film vendaient bien un produit beaucoup trop ampoulé... Plus de simplicité ( et de modestie ? ) aurait probablement profité à un film qui par conséquent n'est pas bon du tout. On reste de marbre devant un spectacle de cendres stériles.