La filmographie de Paul W.S. Anderson étant relativement terne, pour ne pas dire dénuée de talent, le dernier long-métrage du réalisateur britannique fit l'objet de critiques virulentes à son égard lors de sa sortie dans les salles obscures. Pompéi s'inscrit-il dans la continuité des œuvres abrutissantes du cinéaste et mérite-t-il ce lynchage de la part de la sphère de la critique ? Même s'il pâtit de défauts récurrents chez Paul W.S. Anderson, le film se révèle plus agréable et raffiné que prévu.
Commençons avec les points faibles, tant ils sont nombreux (comme souvent chez le réalisateur), histoire de conclure sur une note enjouée. Vous l'aurez bien compris à la vue du casting, Kit Harington ne laissait pas présager une interprétation transcendante. Fort de son charisme habituel frôlant le zéro absolu lui permettant d'afficher deux expression tout au plus, l'acteur phare et ô combien surestimé de Game of Thrones ne déroge pas à sa règle d'or : "faire le minimum syndical". Quant à Emily Browning, qui avait été étonnamment savoureuse dans Sucker Punch, tourner avec Paul W.S. Anderson ne devait visiblement pas l'enchanter tant son jeu d'acteur transpire la platitude. Bref, pas besoin de vous faire un dessin pour comprendre que le budget colossal de Pompéi n'a pas été consacré aux acteurs, malgré la présence, ou plutôt l'absence mais c'est un autre débat, de Kiefer Sutherland au casting.
Le véritable point noir réside dans le manque d’originalité du film. Afin d'amplifier la tension de l'attente de la fameuse éruption volcanique, le cinéaste a choisi d'offrir aux spectateurs une première heure exhibant les combats de gladiateurs de l'époque. Réussir à s'émanciper tout en égalant le Gladiator de Ridley Scott (le dépasser relèverait simplement de l'utopie) était un pari très risqué voire suicidaire, aussi le réalisateur a préféré plagier (aucune prise de risque de cette manière) le monument des péplums. Il en ressort une première moitié de film que l'on pourrait qualifier de vulgaire ersatz tant les similitudes sont criantes. On retiendra tout particulièrement la scène de la représentation d'une bataille opposant les soldats de Rome aux barbares incarnés par les gladiateurs qui n'est pas sans rappeler celle de Gladiator.
Bien évidemment, Pompéi n'évite pas les clichés Hollywoodiens habituels dégoulinant de romantisme ou d'héroïsme (tolérables toutefois) et souffre également d'un manque de crédibilité effarant par moments (beaucoup moins tolérable). Nous retiendrons, entre autres, la scène où Atticus, qui était encore quelques jours plus tôt un adversaire de Milo, décide de se sacrifier pour son "nouvel ami tout frais de moins de 48h", mais également celle où Atticus toujours (décidément), au lieu d'utiliser son autre bras libre pour se défendre, préfère se "laisser" simplement (ou stupidement tout dépend du point de vue) empaler par l'homme de main de Corvus, ou encore la séquence hilarante où Cassia rivalise avec les braqueurs les plus émérites en parvenant à ouvrir ses chaînes avec un morceau de bois (non vous ne rêvez pas).
Malgré tant de défauts, le film parvient à nous séduire, surtout dans la deuxième moitié, grâce à de sublimes décors et d’époustouflants effets spéciaux, rendant l'immersion incroyablement réaliste au sein d'une des plus grandes catastrophes naturelles de tous les temps, une mise en scène sobre mais efficace, et une photographie à la fois raffinée et séduisante. Au final, Pompéi est un blockbuster aux allures de péplum sans âme, toutefois moins laborieux que prévu, où les efforts menés sur le visuel et la photographie se voient déparés par un manque cruel d'audace et d'originalité de la part du réalisateur. Au lieu de jouer les Ridley Scott en herbe, le cinéaste aurait dû songer à imposer sa patte. Le chef-d’œuvre signé W.S. Anderson n'est par encore à l'ordre du jour.