« Tout le monde paiera pour voir un film qui s’appelle Pompei. » C’est ce qu’a dû se dire Paul Anderson au moment de mettre en film l’une des plus célèbres catastrophes de l’Histoire. Mais tenir un bon sujet ne suffit pas pour réaliser un bon film.
Anderson a tenté de mettre tous les atouts de son côté en préférant les décors naturels à l’écran vert, en élaborant des costumes par centaines, en utilisant les effets spéciaux numériques et les ressources encore assez nouvelles de la 3D… Son sujet le place à la croisée de deux genres qui ont repris vitalité ces quinze dernières années, celui du péplum (véritablement ressuscité par le 'Gladiator' de Ridley Scott (2000), et porté encore par des œuvres comme 'Agora' d’Alejandro Amenabár (2010), de plus faible renommée quoique de belle facture), et le film-catastrophe, dont deux des meilleurs exemples récents sont 'Le Jour d’après' (R. Emmerich, 2004) et 'The Impossible' (J. A. Bayona, 2012).Pensant tirer tout le parti de leur sujet, Anderson a souhaité le traiter avec un relatif sérieux, ou en donner toutes les apparences : il cite ainsi en ouverture Pline le Jeune comme une sorte de gage historique, mais s’empresse ensuite d’en trahir le récit…
Le cinéaste, également co-scénariste, s’inspire du film de Scott pour mettre au point ses scènes d’arène et de combats de gladiateurs. Il lorgne également du côté de Stanley Kubrick, tant certaines séquences sentent la resucée de 'Spartacus'. Le couple de gladiateurs rivaux puis amis Milo-Atticus, c’est Spartacus et Draba. Les esclaves choisis par les riches Romains, c’est encore Kubrick, tout comme le gladiateur qui ne rêve que de mourir en homme libre. La trame scénaristique, elle, regarde constamment du côté du 'Titanic' de James Cameron, dont Anderson reprend quasiment tous les éléments, en plagie le mélodrame et le plaque sur une nouvelle catastrophe. Cela fait déjà beaucoup de choses mêlées pour un seul film, et celui-ci s’enlise vite dans le mélange des genres. Des spécialistes du cinéma, à l’exemple de Vincent Pinel, avaient déjà reproché à 'Titanic' la faiblesse d’hésiter entre plusieurs genres (film d’époque, film-catastrophe, mélodrame…). On pourrait faire le même reproche à 'Pompéi' ; sauf que 'Titanic', par sa gravité et son pessimisme, répond à un sujet typiquement cameronien, illustrant une philosophie déjà présente dans 'Terminator' comme dans 'Aliens'. C’est Anderson, eu contraire, le récit ne répond à rien d’autre qu’à lui-même. Même les idées prises chez Ridley Scott tombent à plat, parce qu’elles se retrouvent dépouillées de leur force dramatique.
Pour résumer et pour faire simple, Kubrick, Scott et Cameron sont des génies du cinéma. Anderson qui les copie, lui, est un tâcheron.
Le jeu des acteurs est extraordinairement plat. La distribution donne le rôle principal à un Kit Harington musclé mais inexpressif, et Jessica Lucas, dans un rôle secondaire, paraît s’ennuyer, elle qu’on avait vue si convaincante dans 'Evil Dead' (Fede Alvarez, 2012).
Restent les effets spéciaux. Dans l’histoire du cinéma, le nom de Paul Anderson reste surtout attaché à la longue série des 'Resident Evil' : on le qualifie souvent de « bourrin », et ce n’est pas 'Pompéi' qui changera cette réputation. Sauf à avoir bien peu d’exigences en matière de cinéma-spectacle, on trouvera les effets spéciaux surfaits et peu crédibles.
En fin de compte, 'Pompéi', en dépit de ses bonnes intentions de départ, n’a vraiment rien de renversant. Le volcan accouche d’une souris…