Contrairement à ce que je peux lire ici ou là, c'est un excellent Ken Loach! C'est un film âpre sur la crise et la situation dramatique de millions de jeunes européens vivant dans la précarité.
Le but n'est pas de faire rire, juste de raconter une réalité, mais sans exclure ses moments d'humour.
J'ai beaucoup aimé le film, et je ne le vois pas comme "mineur", au contraire.Il a toute la puissance des films de Loach, en est comme la somme.
De la détresse de Robbie,craignant que la malédiction de son histoire ne le prive de son fils, tel une autre Lady Bird (la scène où il parle au bébé est extraordinaire) à cet éducateur solitaire mais solidaire de ces jeunes éclopés, proche de l'entraîneur de foot de My name is Joe, tout renvoie aux films de Loach, à l'ado de Sweet sixteen,au questionnement sur la survie quotidienne de Raining stones...
On a là un film sur le partage des richesses et les rapports entre la Loi et le droit, au sens où Hugo établit la différence.Sur l'immoralité d'une société où quelqu'un peut mettre dans une bouteille d'un whisky rare une somme capable de tirer d'affaire plusieurs gamins. C'est un film qui parle- très bien- de seconde chance et d'humanisme.
J'ai lu dans des critiques paresseuses comme souvent, que Loach avait "renoncé à défendre ses idées", et qu'il n'y avait pas dans le film de quoi "effrayer le bourgeois" .. C'est ne pas avoir compris la métaphore :crazy:
Pire , j'ai lu que Harry était " un personnage d'éducateur trop gentillet pour être vraisemblable". ça, ça m'a achevée!..le genre de remarque qui me déprime.Heureusement qu'il existe des gens porteurs de ces valeurs et d'une humanité de cette sorte! J'en connais, mais apparemment,Matthieu Bareyre, qui écrit sur Critikat, n'a jamais rencontré ce genre de"leaders naturels" comme les appelle Loach, que l'on croise dans les clubs sportifs, dans les métiers sociaux,dans les associations et qui se réalisent dans leur travail.
Paul Brannigan, le rôle principal du film , est un comédien non professionnel, comme d'autres dans un film qui mélange débutants et acteurs expérimentés: comme d'habitude chez Loach, le résultat est prodigieux :jap: :love2:
La part des anges est donc "une comédie qui est un film sérieux", ainsi que le souligne Loach( ITW Allociné), sur la mise à mal de la jeunesse sans travail, en galère, mais capable de résilience.Sur également la nécessité de renouer avec des savoir-faire et une économie locale oubliée - un "produisons écossais" en quelque sorte-
Et dans son titre, qui est polysémique, qui évoque au sens premier du terme la part d'alcool perdue dans tout fût du fait de l'évaporation,j'y ai entendu l'écho du beau film "La vie rêvée des anges"..
La part que la société réserve à ses enfants, c'est ainsi que je comprends ce titre.Ainsi que la part qui devrait leur être dûe.Beau film ! :love2: