Steven Soderbergh fait partie de ces réalisateurs, cinéphiles, éclectiques et passionnés du Cinéma. Il fait également partie de ces cinéastes, controversés, dont le talent, jugé parfois surestimé, ne fait pas toujours l’unanimité. Désireux de surprendre par envie ou provocation, on penchera pour la première solution. Touche à tout, Steven Soderbergh comme souvent prend un plaisir malin (coupable pour certains) a tordre le cou des clichés des genres dans lesquels il s’aventure, particulièrement présent dans ces derniers métrages (Piégée/Haywire, Contagion).
Magik Mike fruit même d’une lecture d’un monde à la limite du pastiche se devait d’être réalisé par un tel metteur en scène, afin de ne pas tomber dans la surenchère de clichés hollywoodiens que le thème impose. Défi relevé haut la main par un réalisateur qui en imposant sa patte et l’intelligence de son savoir faire, donne à Magik Mike une saveur entre deux tons, ni trop sérieux ni trop glamour. En s’appuyant avant tout sur la composition de son casting et de sa direction d’acteurs (quasi irréprochable sur l’ensemble de sa filmographie) Soderbergh apporte cette touche réaliste essentielle au film. Les clichés qui pouvaient prendre forme dans l’élaboration de chacun des personnages laissent place à un regard humain.
Cette précision du regard est aussi celle du réalisateur sur la critique qu’il tente de porter sur une société américaine, reine dans le royaume de l’apparence où le culte du corps se veut vecteur social, où la réussite personnelle est autant monétaire que superficielle. Là où un quelconque metteur en scène de studio aurait laissé la dynamique de son récit apathique et sans surprise, Steven Soderbergh réussit à nous surprendre à chaque rebondissement, lors d’un récit pourtant cousu de fil blanc. Il permet de créer le doute lors de certaines transitions narratives.
Dans son époque, Soderbergh s’adapte à chaque fois sans jamais se perdre et en laissant une marque parfaite, décelable dès lors, comme une empreinte d’un réalisateur joueur mais non faiseur, chose devenu rare.
Si sa mise en scène est le point culminant du film, la cadence désirée et le montage adroit de l’ensemble finisse de parachever les presque 2 heures que Magik Mike tente d’imposer. A ce titre les chorégraphies, à quelques rares exceptions, sont d’une durée parfaites, bordées comme le récit d’un humour et d’une ironie toujours présentes. Channing Tatum confirme sans effort son passé de strip-teaser et affirme son talent de comédien, nonchalant et imposant dans un juste équilibre. Matthew McConaughey lui, donne le change et démontre (avec Killer Joe, sortie dans quelques semaines) la force de son interprétation quand ce dernier est dans la composition de personnages forts et extrêmes.
Magik Mike est donc ce parfait mélange de paillettes visuelles, de rythme de mise en scène cadencée, filmé par un réalisateur à la patte « indé » au regard affuté et humain.
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