Steven Soderbergh, plus prolifique que jamais, annonçant pourtant une retraite définitive, met en scène l’univers du Striptease masculin, aidé de l’expérience de son acteur principal, Channing Tatum. Magic Mike, donc, fiction documentarisée, qui n’aurait à vue de nez que la vision des beaux mecs se trémoussant sur leurs podiums comme centre d’intérêt pour le gente féminine, se révèle finalement être une œuvre subtile sur un univers particulier. Bon, passer sur le show sexy constituant le centre majeur du film, reste simplement une sorte de témoignage d’un professionnel de la Lap Dance masculine et de son univers. L’amitié est elle aussi une notion qu’a su mettre en lumière Soderbergh, et ce même si l’on se demande concrètement pour quel motif, si ce n’est une sœur incarnée par le belle mais inconnue Cody Horn.
Le cinéaste, la définition même de l’artiste inégal, replonge d’une certaine manière dans la description un poil égoïste d’un univers professionnel estampillé tabou. D’entente avec son acteur, auquel le film se rattache sans cesse et sans le cacher, le réalisateur s’oriente une nouvelle fois vers la fiction osée, un rapprochement donc avec son décrié, à raison, et mal fichu The Girlfriend Experience. Oui, alors qu’il mettait en scène Sasha Grey en Call-Girl de luxe, il replonge ici Channing Tatum dans le contexte que ce dernier a vécu jadis. Soderbergh devient donc une éponge à suggestion, travaillant sur Haywire avec Tatum lui-même, lui en insufflant l’idée.
Le film est cependant, contrairement à celui cité plus haut, nettement plus réussi. Non pas que Magic Mike soit un film majeur et inoubliable, il est simplement réalisé avec soin, avec originalité et application en ce qui consistera à nous ancrer aussi profondément que possible dans le club ou ces mecs de trémoussent. Sous le commandement d’un certain Dallas, incarné par un Matthew McConaughey en pleine forme, l’on suit donc l’ascension d’un jeune homme paumé au sein de l’entreprise, entraîné là par une amitié soudaine avec l’une des stars du show quotidien. Alex Pettyfer, incarnant le jeune homme paumé, est lui aussi convainquant, cela aboutissant au fait que Steven Soderbergh a su ici diriger ses acteurs.
Audacieux dans sa forme, dans sa mise en image, certaines plans sont remarquables, Magic Mike n’est cependant qu’une sorte de témoignage, réaliste, Sorderbergh ayant même été jusqu’à ne pas enregistrer de bande sonore hormis celle sortant des enceintes du club. Le film est cru, beau à voir, on s’entend, surtout pour vous mesdames, et les acteurs excellents, n’ayant été bien entendu pas sélectionnés pour leur beauté intérieure. Amusant donc de découvrir ce Magic Mike, même si au fond, il n’apporte, cinématographiquement parlant, pas grand-chose. Un rôle majeur pour Channing Tatum, un film mineur pour Soderbergh, quoiqu’il soit loin d’être à son plus mauvais. 12/20