Chris Pine dans le rôle de Jack Ryan… Jack Ryan… Jack Ryan… ce nom ne vous dit pas quelque chose ? Ah mais bien sûr que si ! Déjà interprété par Alec Baldwin dans le mémorable "A la poursuite d’Octobre Rouge", c’est un personnage créé par l’écrivain Tom Clancy. Mais alors, "The Ryan initiative" serait une adaptation d’un roman ? Pas exactement. Si le personnage existe bien dans les écrits de l’auteur, l’histoire a été quant à elle créée de toute pièce. Cela aurait-il été un tour de passe-passe pour attirer du monde en salles ? Si c’est le cas, ça a marché… la première semaine seulement, avant que la fréquentation ne s’effondre. Et pour cause ! On a connu Kenneth Branagh bien plus inspiré. Tellement que la tentation de noter sévèrement ce film est grande. Mais ce serait malhonnête, car d’une part Branagh rend une assez bonne copie dans la peau du russe Cherevin, d’autre part parce qu’il n’a pas écrit le scénario. Certes il ne se distingue pas par sa réalisation, somme toute correcte par son dynamisme, mais on l’a vu mettre en scène des scénarios bien plus précis, comme par exemple le méconnu "Dead again". Eh oui, le problème vient surtout de l’écriture, laquelle manque cruellement de précisions. La conséquence de ceci est que le spectateur ne rentre pas totalement dans le film, tout simplement parce qu’il y a des choses qui interpellent. En effet, le spectateur relèvera un certain nombre d’incohérences qui n’en sont pas vraiment, exceptées quelques-unes comme le fait qu’on ne comprend pas pourquoi l’imposant contact attend d’être à l’hôtel pour passer à l’action
si ce n'est le fait d'interloquer le spectateur de voir comment une superbe suite peut être ruinée en moins de deux
. Tout comme on ne comprend pas avec précision les desseins du bad guy de service : une action patriotique ? Une façon de relancer la guerre froide ? Un vulgaire casse ? Ou était-ce plus personnel ? Pour ma part, cela ne m’a pas paru très clair. Ce qui me fait dire que j’ai plus l’impression que, à l’instar de l’histoire en elle-même, la rédaction du scénario s’est faite dans l’urgence, et qu’il était tout aussi urgent de le porter à l’écran. Je veux bien que parfois il est de bon ton de battre le fer tant qu’il est chaud, mais il est parfois utile aussi de donner du temps à la relecture. Malgré tout, et c’est assez curieux, le spectateur est suffisamment pris pour aller jusqu’au bout du film sans trop de mal. D’une part parce qu’on a envie de savoir non pas comment tout cela va se terminer (de ce point de vue-là, c’est assez prévisible dans les grandes lignes), mais plutôt quelle ampleur cette histoire va prendre. D’abord Chris Pine a son côté charmant, ensuite la construction de son personnage n’en fait pas un surhomme. D’autre part parce que la réalisation, bien que classique, est suffisamment rythmée pour ne pas laisser le spectateur trop en proie aux questions. Mais arrivé à la fin, le spectateur se souviendra surtout de trois personnages : Jack Ryan bien sûr (qui ici n’a pas vieilli d’un pouce alors que dix ans se sont écoulés au cours d’une ellipse), son recruteur (Kevin Costner, superbe dans la sobriété de son jeu et dans la manipulation spécifique à l’organisation à laquelle son personnage appartient), et le russe (Kenneth Branagh). Quant à la fiancée de l’analyste, on ne peut pas dire que Keira Knightley laisse un grand souvenir. Non franchement, "The Ryan initiative" s’oubliera presque aussi vite qu’il a été vu.