Avec le premier film « The Machinist », l'américain Brad Anderson marquait largement les esprits et livrait un authentique OVNI – devenu culte auprès de grand nombre – mettant en scène un Christian Bale plus décharné que jamais. Condamné ensuite injustement à la réalisation d'épisodes TV Shows Us (et pas que les meilleurs) durant plus d'une décennie, voilà que le bonhomme refait parler de lui aujourd'hui avec le thriller « The Call ».
Synopsis Allociné : Une adolescente est kidnappée par un tueur en série. Pour la sauver, une opératrice d'un centre d'appel d'urgences va affronter ses propres peurs liées à une tragédie de son passé. Leur seul lien : un téléphone portable. Une course contre la montre commence … Chaque appel pourrait bien être le dernier.
Dans la lignée de thrillers téléphoniques crétins mais diablement efficaces « Cellular » / « Buried » / « Taken » / « One Missed Call », voire phénoménaux grâce au génie d'un réalisateur inspiré derrière la caméra : « Phone Game » / « Panic Room », « The Call » s'inscrirait plutôt dans le bas du tableau.
Aussi inconsistant que le pire des épisodes des « Experts », « The Call » démarrait pourtant plutôt convenablement avec une voix-off lugubre et un plan zénithal bien foutu, artifices certes peu originaux, mais tout même efficients.
La suite n'est hélas qu'un consternant enchaînement de gimmicks malvenues et incessantes : personnalité vulnérable de l'héroïne, culpabilisée par une expérience traumatisante antérieure (à la manière de Bruce Willis dans le film « Otage » de Florent Emilio Siri), 911 à la poursuite d'un dangereux psychopathe (façon Vincent D'Onofrio dans « The Cell », Ted Levine en Buffalo Bill dans « Le Silence des agneaux », ou encore Leland Orser dans « Bone Collector »), cadavres dans la coffre comme dans « Haute Tension », la police qui rembobine la bande audio de l'appel pour ne pas écarter d'éventuels indices sur la localisation de la jeune kidnappée, le fétichisme du fou furieux à l'égard des phanères et des mannequins (rappelant étrangement un certain Norman Bates de « Psychose » ou le Franck de « Maniac »), le dégénéré qui sniff les fringues et les perruques, l'opératrice du centre qui part directement à la rescousse de la victime (forcément!), la batterie qui s'éteint progressivement … etc etc.
À peine haletant, « The Call » déçoit également dans sa dernière demi heure, tombant dans la banalité la plus affligeante et des rebondissements archi prévisibles. Seule la toute fin, assez surprenante par son revirement de situation en mode « La Dernière maison sur la gauche », s'avère un tant soi peu intéressante.
La mise en scène d'Anderson se trouve, quant à elle, faisander autour de gros plans, de saccades franchement pas très folichonnes, d'ellipses incohérentes, de cadrages maladroits dans les espaces confinés et d'une mauvaise exploitation des réseaux de télécommunication actuels. Mais tout n'est pas déplorable : on pourra féliciter par exemple Anderson pour son tempo agréable et son sens du rythme, cohérent à l'ambiance.
Côté interprétations, Halle Berry a un chou fleur sur la tête (fou rire devant sa coupe de cheveux, probablement la plus improbable de ces dernières années), mais se montre relativement convaincante en réceptionniste secouée par la situation. Abigail Breslin joue la victime apeurée sans étincelle, mais n'est pas épouvantable pour autant.
Bilan : Thriller téléphonique de piètre facture pour Brad Anderson, qui épuise les rouages d'une machinerie déjà bien huilée. Il est loin le temps de « The Machinist » Mr Anderson.