Le premier épisode des aventures de Captain America avait, sans doute, été l’opus le moins réussi de la Phase 1 de Marvel, ce brave Cap ayant été clairement éclipsé par le charisme d’Iron Man et la réussite inattendue de Thor… mais également par des choix artistiques discutables, le film cumulant les armes futuristes alors qu’il se déroulait en pleine Seconde Guerre Mondiale. Les scénaristes ont visiblement tenu compte des défauts de cette première apparition et ont clairement redressé la barre en conférant à cette suite une dimension beaucoup plus politique. Et c’est peu dire que le film va très loin dans la destruction des bases posées par les précédents films de l’écurie Marvel. Ainsi, le SHIELD s’avère être noyautée par l’organisation Hydra depuis des décennies, Nick Fury tombe de son piédestal et devient un fugitif… et, surtout, Captain America, qui était la parfaite représentation de l’hégémonie US sur le monde, se retourne contre les représentants de son propre pays, qu’il entend protéger de lui-même ! Ce scénario, qui joue à fond la carte conspirationniste, nous renvoie clairement aux brûlots politiques des 70’s avec Robert Redford. On ne s’étonnera, donc, pas que l’acteur ait été embauché dans le rôle éminemment ambigu du chef du SHIELD. L’acteur, tout en retenue, se taille, d’ailleurs, la part du lion dans un casting, sans fausse note mais sans prestation mémorable. Ainsi, Chris Evans creuse un peu plus la personnalité de Captain America mais ne joue pas assez avec le décalage de son personnage avec son époque, Scarlett Johansson est beaucoup trop surexploitée (icône glamour oblige), Samuel L. Jackson assure toujours en Nick Fury mais ne renouvelle pas, pour autant, le personnage, Anthony MacKie n’a pas grand-chose à se mettre sous l’aile avec son Faucon assez peu original… Quant au méchant du titre, la fameux Soldatde l’Hiver, il est campé par un Sebastian Stan moins apathique que dans le premier opus mais qui s’avère peu effrayant et, surtout, qui nourrira forcément quelques frustrations puisque, d’une part, les fans savent parfaitement qu’il s’agit de Bucky (ce qui flingue tout semblant de suspens sur ce point) et les profanes se poseront immanquablement la question de l’intérêt de faire un mystère autour de son identité (qu’il devrait trouver asse facilement). Ce personnage aurait, donc, peut-être mérité un traitement plus travaillé. Pour autant, cette suite reste plus réussie que son prédécesseur, ne serait-ce qu’en raison de ses séquences d’action spectaculaires, de la BO très réussie d’Henry Jackman (une des meilleures de la saga) et des notes d’humour qui viennent parsemer l’intrigue. On pourra toujours reprocher quelques baisses de rythme par ci, par là mais le principal problème du film et, plus généralement, de la saga "Captain America" est simple : avec sa droiture et son refus de toute concession à son idéal, Steeve Rogers est bien moins enthousiasmant qu’un Tony Stark. C’est pourquoi, sauf surprise, les "Iron Man" seront toujours plus intéressants que les Captain America. Attendons, néanmoins, de voir ce que nous réserve sa prochaine apparition dans "Avengers 2" dont l’une des séquences du générique de fin nous laisse entrevoir de nouveaux personnages enthousiasmants.