Ce dernier film de Martin Provost, offre un magnifique, et incroyable face à face, entre deux femmes d'exception. Si le film, diminué de quelques minutes aurait gagné en intérêt, la mise en scène, toute en retenue, reste toutefois une belle réussite, et parfaitement nuancée face au sujet traité.
On peut regretter que le scénario relate la seule période, couvrant vingt deux années de la vie de l'auteure, soit entre 1942 et 1964. Il aurait été intéressant d'en découvrir davantage, de cette enfance que l'on sait meurtrie, bien entendu, mais aussi ses ressentis au travers des découvertes faites dans sa jeunesse avec les écrits de Rimbaud, Gide et Proust, entre autres. Martin Provost définit son travail comme "une analyse profonde d'une artiste hors du commun." C'est très bien ainsi.
L'époque d'après-guerre, est particulièrement bien reconstituée, le travail de Thierry François est tout à fait remarquable, et ce, dans les moindres détails sans qu'ils en soient pesants pour autant. Des cendriers "Byrrh", à une affiche de théâtre "La cuisine aux anges" avec Jean Paredes. Qui s'en souvient aujourd'hui ? Les costumes de Madeleine Fontaine sont à l'unisson. Les coiffures d'Aude Fidon particulièrement recherchées et appropriées. La photographie d'Yves Cape participe grandement à cette belle réussite. Tout en étant discrète, la musique d'Arvo Pärt m'a totalement envoûté.
J'aime m'arrêter sur tous ces noms "de l'ombre" qui défilent trop vite au générique de fin quand ils, participent à la réussite du film.
Trois femmes. Catherine Hiegel, tout à fait convaincante est excellente, une fois encore. Emmanuelle Devos, est, peut-être trop belle, pour interpréter Violette Leduc. Mais quel talent ! On le savait déjà, certes. Et enfin, Sandrine Kiberlain dans le rôle de Simone de Beauvoir. Elle est exactement "la Simone", ou en tout cas l'image que j'ai d'elle au travers de ce que j'ai pu lire. Au-delà de la troublante ressemblance physique il y a cette aura toute particulière des grandes comédiennes qui savent s'approprier un rôle, pour mieux l'habiter. Absolument magistrale.
La recherche, ou simplement le manque du père. La non reconnaissance. L'extrême solitude. De l'aisance à la pauvreté. La perpétuelle quête d'amour. Violette Leduc, une femme hors du commun qui ne s'est pas cachée de ce qu'elle était. Avec ce magnifique appui de Simone de Beauvoir, la reconnaissance viendra très tard. Mais quel destin ! Quel courage aussi ! Un magnifique portrait de femme(s) sur nos écrans grâce à Martin Provost. Merci pour ce très beau moment de cinéma.