La première chose que l’on se dira en découvrant Thor: Le Monde des Ténèbres, six mois après Iron Man 3 qui débutait avec brio la phase 2 du Marvel Cinematic Universe, c’est que le célèbre studio vendeur de rêves a enfin décidé de sortir son carnet de chèques, et surtout de ne pas confier ses projets à n’importe qui, pour offrir des films dignes de ce nom. Car après un premier volet tout juste sympa, plus proche de la catastrophe que du moyennement acceptable, il était difficile d’imaginer un bel avenir au cinéma pour Thor. Mais voilà, notre ami Alan Taylor, à qui l’on doit bon nombres d’épisodes de la meilleure série, en tout point, actuellement en production (Game of Thrones, pour ceux qui n’auraient pas encore deviné), en a décidé autrement, et à tout simplement offert au Dieu du tonnerre le film qu’il méritait depuis le début. Mais plus encore, je laisserai mon enthousiasme sans limites dire que l’on a bel et bien affaire au meilleur film Marvel à ce jour. Alors non, Thor: Le Monde des Ténèbres est loin d’être une révolution pour le genre super-héroïque (car oui, j’aime beaucoup dire et défendre le fait que c’est un nouveau genre cinématographique, au même niveau que le drame, la SF, etc.), néanmoins, il présente des qualités techniques et visuelles que l’on avait pas vu dans un film Marvel depuis le X-Men 2 de Bryan Singer. Par qualités techniques, j’entends par là qu’on assiste à des batailles épiques dignes du Seigneur des Anneaux (oui, j’ai osé la comparaison), qui donnent des scènes d’action très plaisantes car bien foutues, mais si on va chercher la petite bête, on pourra quand même dire qu’elles ratent légèrement le coche pour ce qui est de représenter, ou de mettre en avant, la force divine de Thor et de ses coups de marteau, à l’exception du combat final qui est d’une ambition folle, et dont la mise en scène frôle le génie (je ne veux pas trop en dire, mais pour réussir à rendre le combat cohérent, et surtout regardable, il semble évident que Mr Taylor a du bien se casser la tête). Seul bémol, mais là il semble évident que la faute est à mettre sur le dos des Studios, c’est le montage un peu haché. On sent clairement les coupes qui ont été faites, le meilleur exemple étant une des scènes de batailles où l’on voit Thor s’envoler, mais pas se battre, alors qu’il réapparaît à la fin de la séquence. Alors peut-être est-ce un choix volontaire de ne pas montrer son combat, puisqu’il se passe quand même des choses assez importantes durant cette séquence, mais cela reste frustrant de ne pas en avoir un aperçu, ne serait-ce que par deux ou trois plans qui nous auraient indiqué où il se trouve, plutôt que de le faire réapparaître, l’air de rien, au besoin. Pour ce qui est des qualités visuelles, là encore je ferai pas dans la demi-mesure: c’est le plus beau film Marvel. Esthétiquement, il n’y a vraiment rien à redire, ce film rattrapant même l’horreur visuelle dégueulante que Branagh avait fait d’Asgard, et offrant des effets spéciaux hallucinants, spectaculaires, bref vous voyez ce que je veux dire. Thor ça se découvre au cinéma, et même en 3D c’est pas trop mal. Mais trêve de dithyrambes, passons aux réserves que j’éprouve par rapport au film. La première concerne le scénario. Bon ok on va pas voir du Marvel pour voir des scénarios de fous, il n’empêche que ça reste un peu dommage que le film se contente de telles facilités, qui, au final, jouent en la défaveur des plus gros enjeux dramatiques du film, même si là encore on trouvera deux exceptions, au travers d’une scène chargée en émotions et dans la révélation finale, complètement inattendues. Néanmoins, on lui accordera un bon point quant au traitement accordé au méchant. Jamais il n’est montré comme invincible, intouchable ou imbattable, et cela sert étonnamment bien la menace qu’il est censé représenter, le film nous poussant presque à le sous-estimer jusqu’au combat final, où bien évidemment, il apparaît comme surpuissant. Mais le plus gros de mes coups de gueules visera directement l’humour du film. Ultra lourdingue, jamais utilisé quand il faut, décrédibilisant pas mal de scènes qu’on aurait préféré voir plus dramatiques, et surtout, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop présent! Sans se mentir, oui c’est drôle, mais c’est drôle parce que quand on balance quinze blagues à la minute forcément y’en a bien une ou deux qui vont fonctionner (bon ok j’avoue qu’il y en a deux qui m’ont quand même déclenché un sacré fou rire). Mais le pire, c’est d’avoir fait de Loki le personnage comique du film (presque plus que celui de Darcy, c’est pour dire) alors qu’il était une immense menace dans Avengers. Néanmoins la prestation de Tom Hiddleston reste tout à fait remarquable, et ne reprochera que très peu de choses, voir rien du tout, au reste du casting, bien encré dans leurs rôles respectifs. J’espère quand même avoir réussi à montrer que je ressors ultra enthousiaste de ce second volet de Thor, qui, au passage, fait parti de mes super-héros préférés avec Captain America, donc j’avais toutes les raisons d’y porter de grandes attentes, qui ont été comblées, surtout après un premier volet aussi peu glorieux. Si l’humour omniprésent, mal dosé et mal utilisé, n’aide pas trop un scénario qui repose sur bon nombres de facilités, techniquement et visuellement Thor: Le Monde des Ténèbres s’élève au rang des meilleurs films produits par Marvel, pour un spectacle jouissif, épique, et mis en scène avec brio. Alan Taylor était LA personne qu’il fallait pour mettre Thor en scène, et désormais tout mes espoirs reposent vers, je l’espère, son retour derrière la caméra pour le troisième coup de marteau du Dieu du tonnerre.