Déçu, car il y avait bien mieux à faire. Robert Zemeckis remet les mains dans le cambouis en sortant de ces petits films animés gentillets pour resurgir après douze ans d'absence de films, douze ans après sa merveille "Seul au monde", et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il peine pour ma part à être au rendez-vous. Vulgaire, poussif, terriblement explicite, souvent inutile et mièvrement moralisateur, "Flight" jouissait pourtant de belles perspectives, mais dès la première scène, on sait que Zemeckis semble vouloir s'enfoncer dans un modernisme éculé, sans fond, provocateur et c'est tout à fait dommage. Je n'ai rien contre développer un propos sur la dépendance de l'alcoolisme et les tréfonds d'une Amérique un peu perdue et pommée, sans ressources et abandonnée - représentée par le personnage de Nicole, droguée et seule - mais il me semble que les moyens sont innombrables et certains plus intéressants que d'autres. Rien que le montage aurait gagné à ne pas être chronologique. Découvrir au cours du film sa dépendance pour l'alcoolisme aurait été surprenant ! De plus, la présentation parallèle des deux personnages principaux m'a paru brouillonne en plus d'être très poussive... sans parler de l'histoire entre ces deux personnages qui n'amène à rien ce qui est probablement le but, mais on se demande, vu la manière avec laquelle c'est présenté, pourquoi tout ça. Aucun mot sur la dernière scène, à vomir. Les deux points positifs sont quand-même majeurs et relèvent le niveau : la scène du crash, magnifiquement mise en scène et troublante de suspense, ainsi que la performance de Denzel Washington qui n'arrête pas d'être excellent dans chacun de ses rôles, même à contre-emploi comme c'est le cas ici. On peut le dire sans trembler des genoux, c'est un grand acteur. Notons aussi les belles propositions de Don Cheadle et John Goodman. Quand-à Zemeckis, ce film décevant n'enlève en rien son talent de réalisation et de mise en scène, mais la beauté simple de ses histoires aux côtés naïfs et prenants, tendres et attachants, ont disparus. Peut-être Robert Zemeckis a-t-il voulu changer de style, se confronter à une nouvelle façon de présenter ses histoires, sortir de son confort et c'est tout à son honneur, mais à mon avis, cela ne lui a pas réussi. Le postulat de départ promettait de grandes choses qui plus est, il aurait sûrement fallu quelqu'un d'autre aux manettes.