Je soutiens que ce film est un très bon film. D'aucuns prétendent qu'il est gâché par une fin moralisatrice, j'affirme que cette fin était absolument nécessaire, inévitable, et ne fait que renforcer la beauté et la force de ce film.
Flight aurait pu s'appeler "Flights". En regardant ce film, je n'ai pas vu un, mais bien deux vols, tout comme je n'ai pas vu un, mais bien deux crashs. Si le premier vol est explicit (celui du vol 227), le deuxième est davantage métaphorique, mais se superpose au premier. Ce deuxième vol commence là où le premier s'achève, c'est à dire au crash du vol 227 dont les conséquences sont, certes, graves, mais dont la gravité est limitée par la prouesse du pilote.
Il y a bel et bien deux vols, similaires dans leur construction. Les conséquences du crash du premier vol constituent le départ du deuxième et peuvent être assimilées aux perturbations dont est victime l'avion à son départ. Cependant, Whip semble s'en tirer et passer presque sans diffiuclté à travers ces conséquences: il est presque indemne, le nombre de victimes est faible, etc... Mieux encore, on le sent remonter la pente, à l'image de l'ascension de l'avion. On peut, de même, faire correspondre l'abstinence à l'alcool du pilote suite au crash au moment de calme que connaît l'avion après être passé à travers l'orage. Puis le retour à la dépendance et la longue déchéance du pilote à la chute vertigineuse de l'avion. Chacune des étapes précédant le crash de l'avion peut correspondre à un des moments de la décadence de Whip (chacune de ses cuites à une déficience matérielle de l'avion).
Ainsi, compte tenu du parallèle à respecter et dans un soucis de réalisme, la fin était inévitable et nécessaire. La dépendance à l'alcool de Whip était telle qu'il ne pouvait arrêter et la surmonter par sa simple volonté ou parce qu'il l'aurait décider. Ainsi, tout comme le crash de l'avion apparaissait de plus en plus inévitable, la révélation de l'alcoolisme de Whip au grand jour l'était également. De plus, le vol, s'il se termine bien, se conclut tout de même par un crash, il fallait donc qu'il y ait crash dans le second vol: sa dernière cuite, et non des moindres, précédent l'audience. Cependant, tout comme le crash est sauvé par les talents de Whip, ce dernier sauve son crash personnel par l'aveu de son alcoolisme. En effet, sans cet aveu, on peut supposer que son alcoolisme l'aurait conduit à sa perte: à sa mort. Ainsi, son discours, en prison est d'autant plus fort qu'il a réussi à remonter la pente, il a redécollé. S'il ne vole plus, au sens premier du terme, il vole à nouveau intérieurement et il fait partager son expérience aux autres détenus, tout ce qu'il y a de plus réaliste et normal.
Ceci est, bien entendu, une vision personnelle du film, vision sans doute contestable, mais qui pourrait répondre à de nombreuses critiques négatives, autant du public que de la presse et qui souligne toute la force et la complexité de Flight.